La Réserve Fédérale pourrait prendre des mesures pour réfréner le marché boursier américain, sous peine autrement de courir le risque qu’un crash boursier plonge l’économie dans une phase de récession.
C’est ce qu’affirme le cabinet d’analyse économique et groupe de réflexion Oxford Economics dans son étude ‘research briefing’ ci-jointe.
Le cabinet ne traîne toutefois pas à faire observer à cet égard que de manière générale, la Fed n’engage le marché boursier dans sa décision que lorsque la baisse est déjà amorcée.
Si l’on considère le volume du marché boursier américain, l’économie du pays est d’autant plus sensible à une correction. En l’occurrence, il y a de fortes chances que la prochaine correction soit ‘substantielle’.
Donc, plus longtemps les marchés boursiers montent, plus importantes seront les conséquences pour l’économie au bout du compte.
Et le marché américain est bien en train de grimper, depuis le mois d’août même à un rythme accéléré en partant de niveaux de valorisations déjà élevés. C’est ce qui amène Oxford Economics à parler d’un ‘melt up’ (NDT : une accélération spectaculaire à la hausse des marchés dans un contexte où ces mêmes marchés ont déjà fortement progressé), aux antipodes d’un melt down, un terme qui caractérise l’effondrement de la bourse.
Ainsi, à ce jour, cela fait 23 mois que le marché boursier américain a connu une correction de 10 % ou plus. C’est déjà sensiblement plus long que la période moyenne de 18 mois pour une correction de cette ampleur depuis 1946.
En y regardant de plus près, la hausse de l’indicateur Shiller PE (CAPE ou Cyclically adjusted price-to-earnings ratio) de 7 % pendant la période depuis la dernière correction de 10 % ou plus (deux ans), est survenue six fois plus vite. Au final, toutes ces périodes se sont achevées sur de fortes corrections de 25 % en moyenne.
Une nouvelle hausse des cours des actions n’est cependant pas à exclure, certainement pas dans le contexte macro-économique actuel. Mais cela portera les valorisations à des niveaux extrêmes, entraînant dans la foulée le risque ‘d’interventions prématurées’ dans le chef de la Fed.
Car tout changement de 10 % dans les cours des actions a un impact de 0,5 % sur le produit intérieur brut (contre 0,3 % pour les pays du G7) après deux ans.
Autrement dit, une nouvelle hausse de 10 % est susceptible de porter la croissance économique des États-Unis jusqu’à plus de 3 %, et de faire baisser le chômage jusqu’à 3,7 %, soit quasiment le niveau le plus bas depuis cinquante ans.
‘La seule lecture de ces chiffes macro peut inciter la Fed à prendre des mesures anticipées pour réfréner le marché boursier.’
Mais comme l’affirme le cabinet d’analyse, il est plus important encore de considérer les risques pour la macro-économie et la stabilité financière qui sont étroitement liées à l’approbation des valorisations, comme l’indicateur CAPE qui tend vers un record absolu.
Une baisse des cours des actions de 25 % cette année freinerait en effet l’économie américaine jusqu’à 1 % en 2019, avec de sérieuses implications pour les marchés obligataires, sur le nombre de faillites et sur les bilans des banques.