
Comment les jeunes banquiers privés s’épanouissent-ils dans leur carrière ? Quels sont les aspects de leur travail qu’ils préfèrent ou aiment le moins ? Investment Officer a mené l’enquête. Le quatrième volet de la série met à l’honneur Guillaume Bocksruth (30 ans, private banker chez Nagelmackers.
Pourquoi avez-vous choisi le métier de banquier privé ?
Guillaume Bocksruth : « C’est surtout l’aspect investissement qui m’intéressait au départ. J’étais moi-même très impliqué dans l’investissement et c’était fascinant de voir comment cela fonctionne avec des actifs importants. On parle ici d’actifs investissables à partir de 500 000 euros. Et bien sûr, le Private Banking va bien au-delà de l’investissement – vous guidez également les gens en matière de succession, de fiscalité et de planification à long terme. C’est ce qui rend le travail si fascinant. »
Comment êtes-vous formé et encadré en interne ?
« Il y a toute une série de formations internes obligatoires sur la fiscalité, la lutte contre le blanchiment d’argent et la MiFID, mais il y a aussi des formations externes via Febelfin. Par exemple, j’ai récemment suivi une formation de six mois pour devenir Certified Private Banker. Les conférences données récemment par des intervenants tels que Bart De Smet, d’Ageas, m’apportent également des éclairages que je peux partager avec mes clients. »
Comment se compose votre portefeuille de clients ? S’agit-il plutôt de jeunes ou de personnes âgées ?
« La majorité d’entre eux ont entre 60 et 70 ans, ce qui est logique : après tout, on ne constitue un patrimoine plus important que plus tard dans la vie. Mais je travaille aussi avec un certain nombre de jeunes entrepreneurs et d’indépendants. Si j’inclus la nouvelle génération, la moyenne d’âge est un peu plus basse. Cette diversité rend les choses intéressantes. »
Vous arrive-t-il d’être confronté à des préjugés sur votre âge de la part de vos clients ? Comment établissez-vous la confiance avec ces derniers ?
« Cela arrive parfois, oui. Certains clients s’attendent à voir un conseiller plus âgé dans une banque privée. Mais dès que la conversation s’engage et que je peux démontrer ma connaissance de nos solutions et de notre approche en matière de patrimoine, la confiance s’instaure rapidement. Je me rends également souvent en tandem chez des clients fortunés. Lorsqu’il s’agit de structurer le patrimoine, un planificateur successoral intervient. Lorsque je rends visite à un entrepreneur, c’est souvent avec un banquier d’affaires qui propose des solutions ciblées. »
Quels sont les aspects les plus agréables et les moins agréables de votre travail ?
« Le plus intéressant, c’est que je peux aider les gens à gérer leurs actifs de manière stratégique. Souvent, vous avez aussi des clients qui s’y connaissent en matière d’investissement et qui suivent l’actualité. Cela donne lieu à des conversations intéressantes sur la macroéconomie ou la géopolitique qui élargissent ma vision. On apprend donc toujours de nouvelles choses. On apprend également à mieux connaître ses clients au fur et à mesure, ce qui permet de mieux répondre à leurs préférences personnelles et à leur vision à long terme.
Ce que j’aime moins, ce sont les formalités administratives après chaque entretien, mais je suppose que c’est normal lorsqu’on occupe une fonction commerciale. »
Comment la technologie vous aide-t-elle dans votre travail ?
« La technologie est un soutien, mais chez Nagelmackers, nous accordons une grande importance au contact humain. Cependant, les outils numériques tels que l’application bancaire mobile sont importants : les clients peuvent consulter leur portefeuille 24 h sur 24 et 7 jours sur 7. Cela leur permet d’avoir l’esprit tranquille, sans devoir téléphoner pour chaque détail. Mais nous cherchons autant que possible à établir des contacts personnels et en face-à-face au domicile ou au bureau des personnes concernées. Cela implique une grande disponibilité, même en dehors des heures de bureau. »
Quelles sont les principales tendances que vous observez dans le secteur de la banque privée ?
« La tendance à la gestion discrétionnaire est frappante : la plupart des clients veulent surtout qu’on leur facilite le travail en confiant la gestion de leur patrimoine à des experts. Ils veulent être rassurés, surtout s’ils ont peu ou pas de temps ou de connaissances pour s’y impliquer activement eux-mêmes. Une deuxième tendance est la durabilité. De plus en plus de clients posent des questions sur les critères ESG. Les jeunes générations, en particulier, veulent savoir où va leur argent et dans quelle mesure il a été investi de manière durable. Les banques doivent évoluer dans ce sens, même si la réglementation se met encore en place. »
Articles connexes sur Investment Officer :
- Les private bankers ont le vent en poupe
- Jeunes banquiers privés, première partie : Pauline Laevens (Delen)
- Jeunes banquiers privés, deuxième partie : Tuur Vanderschrick (BNP Paribas Fortis)
- Jeunes banquiers privés, troisième partie : Julie Verhaeghe (Mercier Van Lanschot)