Guy Wagner conserve des liquidités importantes, afin de profiter de la forte volatilité pour augmenter ses positions ou acheter des titres tombés vers des niveaux de valorisation attractifs. En l’absence d’une visibilité sur les résultats ou sur la sortie de crise, les bourses devraient rester orientées à la baisse.
Guy Wagner gère BL-Global Flexible (ISIN : LU0211340665), un des fonds flexibles les plus populaires commercialisé sur le marché belge par Banque de Luxembourg Investments. Le fonds a subi de plein fouet la crise du coronavirus, avec un recul de 14% durant le dernier mois. « Nous allons avoir une récession d’une ampleur jamais vue durant les semaines et les mois à venir, avec de nombreuses entreprises qui vont faire face à une baisse de leurs flux de trésorerie. La question est aujourd’hui de savoir combien de temps durera cette crise, et quelle sera la rapidité de la reprise économique ».
Intervention
A la première question, il estime que la mise à l’arrêt de l’ensemble de l’économie sera difficile à justifier lorsque le pire de la crise sanitaire sera terminé. « Il faudra apprendre à vivre avec, car il faut éviter que les effets secondaires du remède soient pire que ceux de la crise. Après le choc initial, les dégâts pourraient être relativement limités ».
Quant à la question de la forme de la reprise qui suivra la crise, Guy Wagner estime que les mesures de soutien (budgétaires et monétaires) seront cruciales pour s’assurer que la structure de l’économie sera maintenue intacte et qu’elles ne vont pas s’enfoncer dans un cycle malicieux de hausse du chômage, de faillites et de crise financière.
« Ceci devrait permettre un rebond rapide de l’activité. Le point positif est que la réaction des autorités européennes (et mondiales) a été beaucoup plus rapide qu’à l’issue de la crise de 2008, même si la conséquence sera une hausse historique des déficits fiscaux vers un niveau jamais vu en temps de paix ».
Visibilité
Sur les marchés financiers, Guy Wagner souligne que la correction des marchés n’est probablement pas encore terminée et a déjà permis de corriger certains excès accumulés durant les 10 dernières années. « Les résultats attendus ne signifient plus grand-chose, car les ajustements baissiers vont être importants. La première phase de la correction est probablement derrière nous, de sorte qu’il est aujourd’hui trop tard pour vendre de manière agressive ».
Il estime que les marchés vont rester volatils durant les prochaines semaines, avec des mouvements de hausse et de baisse qui resteront marqués par une forte amplitude dans un climat où la visibilité sur les résultats futurs restera faible. « Dans ce contexte, le marché baissier n’est vraisemblablement pas encore terminé, d’autant que certains grands groupes cotent encore avec une plus-value appréciable par rapport à leurs sommets de 2019 ».
Solidité financière
Au niveau de la stratégie d’investissement de BL-Global Flexible, Guy Wagner souligne que le besoin d’être discipliné n’a jamais été aussi important, mais que la stratégie de viser des sociétés financièrement saines devrait s’avérer payante. « Elles devraient traverser la crise sans trop de problème, et auront même l’occasion de se renforcer en rachetant les joueurs plus faibles lorsque la crise se terminera ».
Le fonds a traditionnellement des biais sectoriels vers la santé, la technologie ou les biens de consommation. « La valeur intrinsèque de ces sociétés ne changera pas vraiment même si les résultats 2020 sont très mauvais ». Il a profité de ces dernières semaines pour faire plusieurs mouvements dans le portefeuille. « Au niveau obligataire, nous avons vendu notre position sur les obligations à long terme de l’état américain, de sorte que notre exposition sur cette classe d’actif est aujourd’hui nulle ».
Mouvements
Au niveau boursier, il a profité de la baisse des cours pour se renforcer sur certaines positions, ou pour rentrer sur des sociétés qui étaient trop chères avant le déclenchement de la crise, comme Johnson & Johnson, Straumann ou Christian Hansen. « Comme nous n’avons pas spécialement de vue sur le moment de sortie de crise, nous avons parallèlement vendu des futures (17%) pour maintenir notre allocation nette sur les marchés boursiers sous les 50% des actifs sous gestion et nous offrir une protection si la baisse devait se poursuivre ».
Le portefeuille maintient une position sur les mines d’or (13%) en dépit du fait que cette position n’a pas constitué une bonne protection durant les dernières semaines. « A long terme, notre thèse favorable sur ce secteur n’a fait que se renforcer ». Enfin, les liquidités restent importantes dans le portefeuille (22% des actifs sous gestion), afin de pouvoir profiter des moments de faiblesse pour revenir dans le marché.