Les investisseurs ont généralement des sentiments très tranchés à l’égard des actions russes, qui évoluent souvent à contre-courant des tendances du marché. Il convient donc de mener une analyse soigneuse des sociétés avant de se positionner. Les tensions géopolitiques, l’évolution des cours pétroliers et gaziers et les préférences de style des investisseurs sont les principaux facteurs de fluctuations de ces titres.
Pour Ronald van Genderen, les douze mois qui viennent de s’écouler illustrent bien le caractère fébrile des actions russes. « Les investisseurs qui s’aventurent sur ce marché doivent avoir les épaules solides », explique le Senior Analyst de Morningstar. Car les rendements, tant absolus que relatifs, peuvent fortement fluctuer, et les investisseurs doivent souvent se positionner à contre-courant.
Ainsi, 2016 et 2019 ont été d’excellents crus, avec de très belles performances. Le MSCI Russia s’est adjugé plus de 50 %, devançant largement le MSCI World et le MSCI Emerging Markets. Mais l’inverse s’est aussi produit : en 2014 et 2020, notamment, les actions russes ont plongé dans le rouge à hauteur de plusieurs dizaines de points de pourcentage, alors que les indices boursiers mondiaux s’appréciaient largement.
Plusieurs fils rouges se dégagent dans ce contexte turbulent – et en premier lieu, la situation géopolitique. Ainsi, la crise financière qui a affecté la Russie à partir du deuxième semestre 2014 découle en grande partie de l’annexion de la Crimée par la Russie et des sanctions consécutives imposées par le monde occidental.
Pétrole et gaz
L’évolution des cours pétroliers et gaziers est un autre facteur influençant fortement le marché russe des actions. En effet, le secteur énergétique est particulièrement dominant dans l’indice MSCI Russia. Au cours de la décennie écoulée, sa pondération a oscillé entre 40 et 60 %, dont environ la moitié pour les poids lourds Gazprom et Lukoil. Sans surprise, le dévissage de l’or noir, début 2020, à son plus bas niveau en plus de dix ans, a fait plonger les cours des sociétés énergétiques, qui ont affiché sur l’année des performances comprises entre -20 et près de -50 %.
Le troisième élément central est la prédilection des investisseurs pour le style valeur ou, au contraire, croissance. Puisque la moitié de l’indice est composé de valeurs énergétiques et d’autres entreprises surtout actives dans le secteur des matières premières et de la finance, très cycliques, il semble logique de conclure que le marché russe est, de nature, axé sur la valeur. Fin janvier 2022, ce dernier affichait la deuxième plus faible valorisation au monde, avec un ratio cours-bénéfice de 6,22. Seul le Brésil fait pire aujourd’hui. Lorsque les actions axées sur la valeur sont plébiscitées par les investisseurs, les actions russes font aussi belle figure, comme l’a montré l’année 2016, notamment.
Comme dans de nombreux autres marchés émergents, le risque de change joue aussi un rôle. Si l’on excepte la période 2014-2016, marquée par une crise financière en Russie, le rouble russe semble toutefois bien moins volatil que de nombreuses autres monnaies émergentes. La stabilité de la monnaie russe semble notamment dictée par la situation géopolitique, et plus précisément ses conséquences économiques.
Performances 2021
Au cours de l’année qui vient de s’achever, les trois facteurs susmentionnés ont joué. 2021 avait bien commencé, avec une hausse des cours pétroliers et gaziers, surtout dans les marchés émergents, et une surperformance de la valeur par rapport au marché dans son ensemble. Par conséquent, la Russie s’est classée au rang des meilleurs élèves jusqu’en octobre, avec une avancée de plus de 44 %.
Mais sur les trois mois qui ont suivi, un revirement s’est opéré. Les tensions géopolitiques croissantes qui ont suivi la mobilisation de troupes russes près de la frontière ukrainienne ont poussé les investisseurs à liquider leurs positions russes. Le marché a abandonné près de 18 % en trois mois et s’est classé parmi les cancres.
Le top 5 de la semaine reprend les fonds de la catégorie Morningstar des actions russes, sur la base de leurs performances entre début février 2021 et fin janvier 2022.
HSBC en tête
HSBC prend la première place du podium. Le compartiment vise à générer un rendement total sur le long terme et investit pour cela dans un portefeuille concentré d’actions russes. Dans des circonstances de marché normales, il investit au moins 90 % de son actif net dans des actions et autres titres assimilés d’entreprises établies en Russie, qui y ont leur siège social, y exercent la plus grande partie de leurs activités ou y sont cotées sur un marché réglementé. Le compartiment investit normalement dans un large éventail de capitalisations boursières, sans aucune limite en la matière. Ses trois principales positions sont Gazprom, Lukoil et Sberbank.
UBS se classe deuxième avec un fonds d’actions à gestion active dont les trois principales positions sont Rosneft, TCS Group et Yandex. Le portefeuille est réparti sur différents secteurs. Les décisions d’investissement se basent sur une philosophie rigoureuse et une analyse fondamentale.
BE