Le CEO de Degroof Petercam Asset Management (DPAM) revient sur une année mouvementée et fructueuse. «Durabilité et gestion active resteront des mots clés en 2020. »
IO : Quelles ont été pour vous les tendances les plus importantes de 2019 ?
Lasat : « Je distingue quatre grandes tendances.
Tout d’abord, les faibles taux d’intérêt. La baisse des taux d’intérêt d’État s’est accélérée en 2019 et nous avons atteint à un moment donné un plancher de -0,71 % en 2019. Toutefois, si nous regardons les flux de fonds européens, nous constatons que les fonds obligataires ont attiré d’énormes sommes d’argent en 2019, en particulier les obligations d’entreprise Investment Grade et non Investment Grade. Au bout du compte, les fonds d’actions ont perdu de l’argent. Chez DPAM, nous avons cependant assisté au mouvement inverse : nos fonds d’actions ont également attiré de l’argent net.
La deuxième tendance est la poursuite de la diversification. Nous constatons que d’autres catégories d’actions, comme les prêts à effet de levier, le capital-investissement, la dette privée et l’immobilier, commencent également à attirer de plus en plus d’argent. Dans certains segments non cotés, les valorisations sont même plus élevées que pour les actifs cotés, ce qui est préoccupant.
Troisièmement, le débat entre gestion active et gestion passive a également continué de faire rage. Les deux styles se sont développés cette année. La gestion passive appelle de toute façon à la vigilance, car elle recèle un risque systémique potentiel, et les investisseurs qui achètent ces produits ne tiennent bien souvent pas compte des valorisations sous-jacentes.
Et quatrièmement, la durabilité est devenue encore plus importante cette année. L’offre et la demande se sont très fortement développées. Il existe une forte demande de la part des clients pour des investissements socialement pertinents. Du côté de l’offre, de plus en plus de fonds d’investissement durables sont lancés. La condition est cependant qu’ils créent de la valeur ajoutée. Les performances sont généralement bonnes. Des méta-études ont montré qu’il existe une corrélation positive entre l’intégration de facteurs ESG et la performance. DPAM intègre des critères ESG dans tous ses processus d’investissement ; les fonds/actifs 100 % durables représentent maintenant plus de 6 milliards d’euros chez DPAM.
De plus, l’aspect réglementaire nous a également fortement occupés en 2019. Nous constatons que le volume de la réglementation a augmenté, ce qui s’est répercuté sur la proposition de valeur pour le client final.
Enfin, en ce qui concerne DPAM, je constate que nos actifs ont fortement augmenté, en raison des collectes nettes, principalement dues à notre franchise externe, en Belgique mais surtout sur nos autres marchés européens, où notre notoriété ne cesse d’augmenter. L’effet de marché positif a bien entendu également joué un rôle, mais nous devons être attentifs à une certaine inflation des actifs. C’est un point d’attention. »
IO : Comment le modèle de revenus des managers actifs a-t-il évolué ?
Lasat : « Les chiffres de McKinsey montrent que le bénéfice opérationnel de l’industrie est d’environ 13 points de base. Les bénéfices nets sont de 34 points de base, et les coûts de 21 points de base, ce qui nous amène à la ‘bottom line’ susmentionnée.
DPAM se situe légèrement au-dessus et il est frappant de constater qu’il n’y a plus d’érosion des marges cette année. Cela s’explique par un volume d’actifs plus important, une meilleure gamme de produits et une base de coûts stable.
J’ai déjà déclaré à plusieurs reprises que la gestion active a un bel avenir devant elle, et je m’y tiens. Plus la gestion passive a le vent en poupe, plus la gestion active peut briller. Cela peut sembler paradoxal, mais ça ne l’est pas.
Lire aussi : chronique de Hugo Lasat sur la gestion active dans notre magazine.
IO : Pour terminer, quelques nouvelles tendances pour 2020 ?
Lasat : « Les tendances les plus importantes de 2019 vont probablement se poursuivre, avec une tendance supplémentaire : je prévois un bel avenir pour tout ce qui concerne les services d’actifs. Il s’agit d’offrir des services auxiliaires pour la gestion d’actifs à haute valeur ajoutée, tels que l’analyse de données, le reporting EMIR, le reporting PRIIPS, le reporting Solvency ainsi que, surtout, le reporting ESG.
De tels services constituent un bon prolongement de l’industrie de la gestion d’actifs et sont également parfaitement exportables.