Pour Rothschild & Co, le moment a rarement été aussi opportun pour s’exposer sur la value, avec un écart de valorisation qui atteint désormais des sommets historiques par rapport aux valeurs de croissance. Le gestionnaire français également annoncé le lancement prochain d’une gamme de fonds durables.
Pour l’année 2020, Ludivine de Quincerot (Membre du comité d’investissement chez Rothschild & Co) s’attend à un rebond léger de la croissance dans un contexte d’inefficacité croissante des politiques monétaires menées par les banques centrales, plus particulièrement au niveau européen. « L’ensemble des pays de l’UE sont aujourd’hui beaucoup plus ouverts quant à l’opportunité d’avoir une politique budgétaire plus ambitieuse, même au niveau allemand ». Avec une croissance globale qui devrait tourner entre 2,5 et 3%, elle considère que le scénario reste relativement favorable aux marchés boursiers.
Accent value
« Nous pensons toutefois qu’il est aujourd’hui opportun de s’intéresser aux secteurs value comme les financières ou les valeurs pétrolières, qui se comportent généralement mieux dans un contexte où les taux obligataires se redressent et où les pressions inflationnistes se renforcent ». L’écart de valorisation entre les actions value et les actions de croissance a rarement été aussi élevé. « C’est particulièrement vrai au niveau européen, où les primes de risques sont très élevées pour ce segment. La baisse des craintes au niveau géopolitique entraînera un ajustement rapide de cet écart, et avoir une diversification sur la value permettra une meilleure diversification des risques sur un compartiment qui se comportera différemment du reste du marché ».
Ludivine de Quincerot souligne qu’il faut viser dans ce contexte les sociétés qui sont en mesure de maintenir leur dividende, notamment au travers d’un fonds comme R-co Conviction Euro, qui va activement sous-pondérer les valeurs défensives et surpondérer des segments value comme les bancaires, la construction ou les médias. « Ce produit est bien positionné pour profiter d’un retournement de tendance, avec un rapport cours/bénéfice significativement inférieur au marché avec un rendement attendu supérieur. Lors des différentes phases de rally de ces dernières années, le fonds a toujours bien performé par rapport au reste du marché »
Politique durable
De son côté, Géraldine Gouges (Responsable ISR chez Rothschild & Co) souligne que le contexte règlementaire pousse actuellement vers une montée en puissance des investissements socialement responsables. « Il existe aujourd’hui neuf labels durables au niveau européen, qui représentent 900 fonds et 1% des actifs sous gestion. Le label mis en place par Febelfin représente toutefois un point de départ qui va probablement servir de base pour le futur label de durabilité au niveau européen ».
Cette poussée durable va se traduire dans trois directions pour un gestionnaire comme Rothschild & Co. Tout d’abord, le groupe a rejoint l’initiative Climate Action 100+, qui rassemble 360 sociétés de gestion (34.000 milliards de dollars en actifs sous gestion) en pousser les plus grands émetteurs de carbone au niveau mondial à faire plus d’efforts pour réduire leurs émissions. « Nous avons également mis en place l’initiative Up2Green en vue de devenir une société neutre au niveau des émissions en carbone, notamment en rénovant nos bâtiments, en limitant nos déplacements et en mettant en place une politique de reforestation ».
Quatre fonds
Enfin, le groupe va également lancer une gamme de quatre fonds durables durant les prochains mois, qui viseront plus spécifiquement le changement climatique (sur les actions et obligations vertes), les valeurs humaines et la micro-finance. « Chacun de ces produits va viser directement certains objectifs au niveau des objectifs de développement durable tels que définis au niveau des nations unies », indique encore Géraldine Gouges.