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Les spécialistes de Carmignac pointent la nécessité d’adapter le positionnement des portefeuilles à un contexte d’inflation qui va rester structurellement plus élevé durant la prochaine décennie. 

Carmignac a récemment tenu son congrès annuel à Paris, au cours duquel l’ensemble des spécialistes du gestionnaire parisien ont présenté leurs principales convictions sur la situation économique actuelle, et les décisions d’allocation qui en découlent pour les prochains mois. 

Chocs d’offre

« Pour nous, l’exercice 2023 va être marqué par une désynchronisation dans la décélération, avec une croissance globale qui sera davantage tirée par l’Europe et les pays émergents », souligne Raphaël Gallardo (Chief Economist). Il constate également que les dernières données économiques ont plutôt eu tendance à réserver de bonnes surprises, avec un hiver moins rigoureux en Europe et une récession américaine qui devrait plutôt être décalée vers le troisième trimestre 2023.

« En outre, nous attendons une reprise explosive de la croissance chinoise à partir du printemps. Dans ce contexte, les banques centrales vont maintenir la pression sur les taux, ce qui devrait en partie annuler l’impact des bonnes nouvelles économiques ». Il s’attend à une croissance globale qui devrait se fixer autour de 1,8%, avec une inflation typique d’une fin de cycle entre 3,5 et 4%. « Le monde est devenu structurellement plus inflationniste suite à la pandémie et à l’invasion de l’Ukraine, avec des chocs d’offre au niveau de la démographie, du recul de la globalisation ou de la transition climatique ».  

Adopter des biais

Dans ce contexte, Frédéric Leroux (Head of Cross-Asset) estime qu’il faut aujourd’hui adopter des biais dans la gestion des portefeuilles. « Nous tablons sur une inflation qui va rester plus soutenue durant les 10 à 15 prochaines années, avec un retour du cycle comme composante de la stratégie d’investissement ». Il constate que les valeurs de croissance ne vont probablement pas retrouver les valorisations qu’elles avaient atteintes dans un passé récent. « Dans le même temps, le retour des taux réels positifs va favoriser des actifs valorisés de manière attractive dans les pays émergents, au Japon ou en Europe ». 

De même, le portage au niveau obligataire va permettre de compenser l’impact de l’inflation sur les portefeuilles exposés globalement sur les marchés financiers. « Ce n’est pas du tout un cadre anxiogène, mais plutôt un retour à un environnement qui sera favorable à un gestionnaire actif comme nous, avec des stratégies qui vont davantage s’orienter vers des marchés secondaires plutôt que d’aller systématiquement s’exposer sur les actions américaines ». Il pointe également le potentiel d’une matière première comme le cuivre, qui devrait bénéficier d’un déséquilibre croissant entre offre et demande durant les prochaines années. 

Cas chinois

David Older (Head of Equity) souligne que le positionnement de Carmignac Patrimoine sur les actions de croissance a pénalisé la performance au début 2022. « Durant la seconde partie de l’année, nous avons pivoté vers des secteurs plus value, ce qui nous a permis de dégager une meilleure performance ». Pour l’année qui vient de commencer, il souligne que la hausse des valorisations ne sera probablement pas un facteur important pour les performances boursières. 

Dans le même temps, les attentes bénéficiaires (notamment aux Etats-Unis) restent encore trop optimistes alors que nous attendons une pression sur les marges durant les deux prochains trimestres. « Il faudra plutôt détenir des sociétés qui vont savoir se montrer résilientes, sur des secteurs comme la consommation, les soins de santé, les valeurs industrielles ou les producteurs d’énergie (traditionnels et renouvelables) ».
La Chine est actuellement appréciée pour son exposition à la réouverture au bout de trois ans de confinement, ce qui devrait entraîner une accélération de la consommation durant les prochains mois. « La plupart des facteurs qui avaient pesé sur la performance ont aujourd’hui disparu », indique Haiyan Li-Labbé (Fund Manager), « et en dépit du rebond observé ces derniers mois, le marché chinois affiche encore une valorisation très attractive (à dix fois les bénéfices attendus pour 2023) contre quinze fois les bénéficies pour l’indice global ». 

Haut rendement

De côté obligataire, Rose Ouahba (Head of Fixed Income) être devenue moins prudente depuis le mois d’octobre 2022, « ce qui nous a permis de profiter du rally de fin d’année en se positionnant notamment sur la dette souveraine américaine et sur certains pays de la périphérie européenne (Italie, Grèce). Nous avons aujourd’hui retrouvé des rendements qui devraient nous permettre d’avoir des performances favorables pour la prochaine décennie ». Du côté des pays émergents, ce sont plus particulièrement les pays d’Amérique latine (Mexique, Brésil, Chili) et d’Europe de l’Est (Hongrie, Roumanie) qui sont mis en avant. 

Les conditions sont tout aussi favorables sur le crédit. Pierre Verlé (Head of Credit) constate que 2022 a marqué la fin de la gratuité du capital. « Nous apprécions le haut rendement européen, car le marché estime actuellement le risque de défaut sur des niveaux plus élevés que ceux observés durant la grande crise financière de 2008. Il y a beaucoup de valeur actuellement dans le crédit européen avec un portage très nettement supérieur au risque implicite ». D’un point de vue sectoriel, il apprécie plus particulièrement les banques et le secteur de l’énergie. 
 

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