À mesure que les gouvernements et les banques centrales réduisent leurs programmes de soutien, les défaillances et les restructurations d’entreprises vont se multiplier. Pour les investisseurs en distressed debt, un rendement particulièrement attractif de 15 % par an est en vue.
C’est ce que déclare Andrew Amos, directeur des titres à revenu fixe chez M&G Investments et gestionnaire des fonds M&G Debt Opportunities Funds, dans une conversation avec Fondsnieuws. De nombreux investisseurs s’attendaient à ce que la crise corona déclenche une vague de défauts de paiement dans le monde entier. Mais la forte reprise économique et l’abondance des liquidités ont maintenu les entreprises à flot.
Pour certaines entreprises, la qualité du crédit s’améliore chaque semaine. Mais pour les entreprises dont la stratégie, le secteur ou les actifs sont encore affectés par la crise coronaire, l’avenir est beaucoup moins sûr», déclare M. Amos (photo).
Selon lui, les programmes d’aide sans précédent des gouvernements et des banques centrales ont retardé la faillite d’entreprises qui étaient déjà en mauvaise santé financière et commerciale avant le covid-19. Nous voyons maintenant des entreprises obligées de se restructurer malgré le soutien. Lorsque les mesures de relance diminueront, la tendance à l’augmentation des défauts et des restructurations se poursuivra».
Secteurs prometteurs
M. Amos s’attend à ce que des opportunités se présentent dans le domaine des dettes d’entreprises en difficulté et de l’immobilier en difficulté, dans les secteurs de l’éducation, de l’automobile, des transports, de la vente au détail, des loisirs et de l’hôtellerie. Dans ces secteurs, nous nous concentrons sur les investissements dont les principaux risques sont liés à l’exécution de la restructuration et au redressement ultérieur de l’entreprise ou des actifs. Ce sont des risques que nous comprenons et que nous gérons grâce à notre équipe interne de restructuration composée de 20 spécialistes».
Sa préférence va aux entreprises ou aux actifs qui ont une raison d’être claire mais dont la valeur est temporairement affectée par des problèmes majeurs mais solubles. Dans le cas des entreprises, il peut s’agir d’une gestion inefficace, de problèmes opérationnels ou de problèmes de bilan, tels qu’une dette excessive ou un manque de liquidités à court terme. Dans le cas des actifs immobiliers, ces problèmes comprennent des actifs «coincés» dans les bilans bancaires, une mauvaise gestion des actifs, un effet de levier excessif ou l’absence d’échelle ou de plan commercial solide.
Toutefois, selon M. Amos, la restructuration peut parfois prendre plusieurs années, notamment sur les marchés privés et dans le secteur de l’immobilier. Il ne s’attend pas à ce que les défauts de paiement, les restructurations et les insolvabilités atteignent des niveaux identiques ou similaires à ceux enregistrés après la crise financière de 2008. La réaction des gouvernements et des banques centrales à la covidance 19 a été plus rapide que lors de la crise financière mondiale et de la crise de l’euro. Par conséquent, l’impact de la crise corona sur les marchés du crédit et des actions ainsi que sur les restructurations et les faillites est moins prononcé».
M&G étudie également les opportunités de dettes en difficulté sur le marché des obligations d’entreprises à effet de levier et à haut rendement. Cependant, les fonds de créances en difficulté ont levé beaucoup d’argent, ce qui accroît la concurrence sur ces segments et réduit les rendements. Sur ces marchés publics plus liquides, presque toutes les opportunités de dette en difficulté dans lesquelles nous déployons des capitaux importants sont des situations découlant de restructurations dans lesquelles d’autres fonds à revenu fixe de M&G sont déjà investis, et nous fournissons des conseils en matière de restructuration à ces fonds. Étant donné la taille de l’activité de titres à revenu fixe de M&G, nous avons une visibilité sur l’ensemble du marché et possédons souvent une partie des obligations.›
Situations d’investissement particulières
Mais la majorité des investissements en difficulté de M&G se font sur des marchés privés, moins liquides. Nous avons accès à un réseau d’approvisionnement de conseillers en restructuration, de banques et de spécialistes dans toute l’Europe. L’équipe utilise ce réseau pour rechercher des opportunités de déploiement de capitaux dans des situations complexes, à haut rendement et spéciales.›
M&G se concentre également sur les investissements dans des situations spéciales, souvent dans des classes d’actifs traditionnellement difficiles d’accès pour les investisseurs institutionnels, mais qui offrent un potentiel de rendement élevé et non corrélé. Notre plateforme de droits d’auteur sur la musique, Seeker Music Group, en est un exemple. Les droits d’auteur musicaux ont des flux de trésorerie à long terme très stables, mais il est difficile pour les investisseurs institutionnels d’y investir directement. C’est pourquoi nous avons mis en place notre propre plateforme».
Seeker Music Group achète de petits catalogues musicaux à des prix inférieurs à ceux des grands catalogues, puis les intègre dans un portefeuille plus important et diversifié. La stratégie consiste à gérer activement les actifs afin de maximiser les revenus et la valeur, explique Amos. La plateforme a été lancée l’année dernière et fonctionne comme prévu.
L’accent mis sur les opérations moins liquides, les créances complexes en difficulté et les situations spéciales devrait nous permettre d’afficher des rendements de 15 % par an en moyenne tout au long du cycle. Pour les investisseurs en dette en difficulté, de bonnes opportunités sont à venir», déclare Amos.