« Nous vivons une année boursière plutôt positive, mais une négativité latente persiste chez les investisseurs. En surveillant les indicateurs de sentiment, nous essayons de réagir en conséquence », déclare Geert van Herck, stratège chez Keytrade Bank.
À la fin de l’année dernière, les perspectives pour la nouvelle année boursière étaient particulièrement sombres. Les analystes, économistes et autres gourous de l’investissement tablaient sur une récession mondiale imminente. Le consensus était que 2023 serait une année difficile pour les investisseurs en actions. « Cependant, c’est l’inverse qui s’est produit : jusqu’à présent, l’année boursière a été plutôt bonne. Pourtant, un profond pessimisme latent a persisté. »
Geert Van Herck y voit l’effet de deux erreurs de raisonnement bien connues : la négativité et le biais de confirmation. « C’était clairement perceptible dans les indicateurs de sentiment, qui sont soudain devenus très négatifs après l’été. Le marché a connu une légère baisse, mais statistiquement, ce type de correction se produit pratiquement chaque année. Pourtant, on a rapidement observé une crispation, la baisse a été interprétée comme une confirmation de tout le sentiment négatif. Les réseaux sociaux renforcent ce genre de sentiments et créent des chambres d’écho. Même les investisseurs professionnels doivent également être conscients de ce danger.
Optimisme contraire
Sur la base des données historiques, les gestionnaires partaient du principe que les mois d’août et de septembre sont traditionnellement des mois faibles pour les marchés boursiers. « Cette année a été conforme à ce schéma, et nous avons donc accepté cette correction. Plus généralement, nous avons constaté que la négativité des investisseurs ne correspondait pas à la réalité du marché boursier. C’est vrai, l’économie suscite des inquiétudes, mais l’économie n’est pas le marché boursier. Les investisseurs doivent se rappeler que la réalité économique diffère toujours de la réalité financière », ajoute Geert Van Herck.
Quant à ses attentes, le stratège reste positif. « Le quatrième trimestre est la saison des résultats et c’est toujours une assez bonne période, d’où le message que nous avons communiqué à nos clients : nous nous attendons à une bonne période et n’allons donc pas réduire nos positions en actions.
En réalité, le marché boursier est sur une tendance haussière depuis la mi-2009, après la crise financière. Cette tendance n’a été interrompue que sporadiquement, comme lors de la pandémie. Une correction majeure se produira forcément un jour ou l’autre. Néanmoins, je reste optimiste et m’attends à ce que les trois à six prochains mois soient plutôt bons. »
Composition du portefeuille
Cet optimisme s’est manifesté par le fait que les profils sont restés investis en actions à leur maximum cette année. « L’allocation en actions est restée inchangée tout au long de l’année, avec un ETF MSCI World et un ETF MSCI Europe. Et ce, avec une légère surpondération d’environ 5 % en faveur de l’Europe, le raisonnement étant que la faiblesse du dollar serait bénéfique pour les actions européennes. »
Dans le compartiment obligataire, la position en obligations d’État a été légèrement réduite. Les fonds ainsi libérés ont été alloués aux obligations européennes à haut rendement. « Nous prévoyons de renforcer cette position au cours des prochains mois. En effet, ces actifs sont étroitement corrélés aux marchés actions. Cette position devrait donc bien se comporter lorsque le marché boursier commencera à se redresser. »
Manque de dynamisme
En ce qui concerne les marchés émergents et les pays en développement, le stratège se montre plus prudent. « Le discours est qu’ils sont bon marché, surtout par rapport aux pays industrialisés occidentaux. Cependant, c’est le cas depuis plusieurs années et jusqu’à présent, ces marchés boursiers restent décevants. La Chine, malgré des attentes élevées, en a été le principal exemple cette année. Personnellement, nous ne prendrions pas de position avant le retour du momentum. Pour le moment, le sentiment est encore beaucoup trop négatif pour envisager une entrée. »
Cependant , le stratège nous livre une observation importante à ce sujet, soulignant que notre vision des marchés émergents est faussée par le poids considérable de la Chine dans les indices. « L’Inde, par exemple, s’est récemment bien comportée. Il ne faut pas non plus se cramponner aux indices de grandes capitalisations, car les indices des petites capitalisations des marchés émergents ont su afficher une remarquable performance. »
Dans le compartiment matières premières, Keytrade s’est retirée des matières premières industrielles et a pris une position sur l’or. « C’est la seule position défensive de notre portefeuille. L’or a souffert des récentes hausses de taux d’intérêt, mais il pourrait bénéficier dans le futur d’éventuelles baisses de taux d’intérêt. Cependant, le message reste que nous ne sommes pas défensifs, mais au contraire offensifs et optimistes », conclut Geert Van Herck.
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