Vincent Juvyns, JP Morgan
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Vincent Juvyns (JP Morgan Asset Management) table sur une atténuation des pressions inflationnistes, qui devrait profiter aux classes d’actifs susceptibles de délivrer un rendement attractif pour les investisseurs. 

« De nombreux observateurs tablent aujourd’hui sur un impact important de la hausse des prix sur le pouvoir d’achat, ce qui semble confirmé par le niveau de la confiance des ménages qui est sur des niveaux historiquement faibles », constate Vincent Juvyns (Global Market Strategist chez JP Morgan Asset Management). Dans le même temps, la banque centrale américaine est en train de procéder au resserrement monétaire le plus rapide de son histoire (avec un taux directeur qui a grimpé de 0 à 4,5% en un an) tandis que le déficit budgétaire s’est fortement contracté (d’un déficit de -13% du PIB en 2021 à -4% attendu pour 2022). « Et la Chine connaît également de nombreux problèmes qui font pression sur sa croissance ».

Partitions différentes

« Cela étant, il est aujourd’hui très difficile de voir les signes d’une récession profonde lorsqu’on considère les données publiées au niveau de la consommation et de la croissance, qui restent assez résilientes tant en Europe qu’aux Etats-Unis. De même, l’indice PMI européen publié ces derniers jours a également montré une bonne résistance », indique Vincent Juvyns. « Pour l’année prochaine, même si un ralentissement économique est inévitable, nous ne sommes clairement pas sur un scénario catastrophe ». 

Au niveau géographique, les Etats-Unis et l’Europe vont toutefois jouer des partitions différentes, avec une inflation américaine qui devrait rapidement refluer sous les 3% dans le courant de l’année prochaine. Il pointe divers arguments comme le ralentissement conjoncturel, les perturbations sur les chaines d’approvisionnement qui sont en train de disparaître (attestée par la normalisation des prix pour les containers) et l’autosuffisance énergétique. 

« En Europe, la baisse de l’inflation sous les 3% pour la fin 2023 reste possible, mais est toutefois soumise à davantage d’incertitudes, notamment géopolitiques. Nous ne voyons actuellement que peu de potentiel de surprise positive par rapport à notre scénario ». A l’inverse, il souligne qu’une extension du conflit en Ukraine pourrait entraîner une révision négative des attentes. « Nous tablons sur un scénario de guerre froide qui va encore perdurer pendant plusieurs mois ». 

Chers dividendes

Au niveau de la stratégie d’investissement, Vincent Juvyns souligne que les dividendes vont rester la principale source de performance pour les investisseurs durant les prochains mois. « Comme je l’indiquais déjà en juin dernier, cette thématique reste valide car elle a le mérite d’être défensive tout en étant diversifiée », avec des groupes actifs dans des secteurs comme la consommation, les soins de santé, la banque ainsi que l’informatique. « Investir sur les actions à dividende permet également de revenir sur les marchés boursiers sans prendre trop de risques ». 
Une autre thématique défendue est celle des investissements exposés aux solutions permettant d’accélérer la transition climatique, ou d’en atténuer ses impacts négatifs. « Dans ce contexte, la Chine reste un acteur aujourd’hui incontournable, avec une position de leader mondial dans la quasi-totalité des technologies liées au changement climatique (terres rares, panneaux solaires, éoliennes, batteries électriques, etc) ».

Patience sur les émergents

Dans le même ordre d’idée, il pointe également la transition en cours au niveau du secteur agricole, qui doit chercher à réduire le volume de ses émissions de CO2. « Nous avons aujourd’hui clairement un problème dans l’utilisation des ressources agricoles au niveau mondial, avec 2/3 des terres cultivables aujourd’hui consacrées à la production de protéines animales. Ce n’est pas une situation tenable sur le long terme ». 
« Nous restons sous-pondérés sur les actions émergentes et chinoises, en raison des résultats qui risquent d’être mis sous pression dans un contexte récessif qui va faire pression sur les bénéfices durant les prochains mois ». A moyen terme, il indique toutefois que  la fin du cycle de hausse des taux au niveau américain pourrait présenter un contexte plus favorable pour investir sur cette classe d’actifs.

Opportunités obligataires

Au niveau obligataire, il apprécie les obligations vertes, qui  devraient enregistrer une année record en 2023. « Les investisseurs préfèrent aujourd’hui clairement investir sur les obligations vertes plutôt que sur des obligations souveraines traditionnelles ».  Vincent Juvyns souligne également que la normalisation des taux constitue aujourd’hui une opportunité d’investissement. 

« Nous restons prudent sur la dette souveraine européenne en raison du retard pris par la BCE dans sont cycle de resserrement. Nous sommes toutefois plus optimistes sur la dette souveraine américaine et chinoise, ainsi que sur la dette d’entreprise de bonne qualité (en Europe et aux Etats-Unis). Le grand retour des fonds obligataires à maturité est l’exemple le plus évident que cette classe d’actifs constitue aujourd’hui une opportunité à ne pas manquer ». 

 

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