Ilse De Witte Spiegel
Ilse De Witte Spiegel

Ilse De Witte est journaliste chez Trends et commentatrice boursière à Kanaal Z. Pourquoi les femmes veulent-elles plus qu’une carte de crédit rose ? Quelles actions a-t-elle sélectionnées avec ses fils adolescents ? Et qu’y a-t-il de mal à ce que les hommes politiques parlent de la Bourse ?
 

 

Dans son livre Vrouwen willen meer dan een roze creditcard (littéralement, « les femmes veulent plus qu’une carte de crédit rose »), Ilse De Witte démontre sans relâche que les femmes gagnent systématiquement moins, paient plus et sont plus vulnérables financièrement lorsqu’elles sont divorcées ou à l’âge de la retraite. Il est intéressant de noter que c’était un sujet pour lequel elle avait jusque-là montré peu d’intérêt.

« Le journal De Tijd m’avait chargée de compter le nombre de femmes dans les comités exécutifs et de le comparer au pourcentage de femmes sur le lieu de travail. Ils voulaient ainsi découvrir le chemin le plus court vers le sommet. Je n’avais pas apprécié qu’ils se tournent vers moi pour cette mission. C’est vrai que je suis une femme, mais ce n’est que le hasard. Ce n’était pas mon domaine, pas mon sujet. Je m’occupais des actions. Je me suis sentie un peu visée, comme si j’avais automatiquement quelque chose à dire à ce sujet. Cette mission ne me convenait donc pas du tout. Mais l’écriture de ce livre m’a radicalement fait changer d’avis. Aujourd’hui, je ne veux plus du tout être « un gars parmi d’autres ». J’ai justement un point de vue unique dans un monde essentiellement masculin. Et je dois le faire entendre. »

Femmes gestionnaires de fonds

Le secteur financier ne manque pas de femmes. Mais parviennent-elles au sommet ? C’est une autre histoire. Ces dernières années, Ilse De Witte a également vu le journalisme financier évoluer de manière significative. « Aujourd’hui, vous devez faire de plus en plus de choses avec moins de personnes et moins de ressources. C’est une réalité pour tous les acteurs du secteur. Dans le même temps, l’investissement suscite moins d’intérêt. Autrefois, les cours du Dow Jones étaient lus dans le journal de la VRT. Aujourd’hui, les médias populaires couvrent beaucoup moins la Bourse et les sujets financiers. Je pense que c’est dommage. »

Ce changement est également perceptible dans le discours politique. « Depuis des décennies, les investisseurs sont assimilés à des spéculateurs. Je pense que c’est vraiment dommage. Parce que je crois vraiment qu’un tissu économique sain a besoin non seulement d’entrepreneurs, mais aussi d’investisseurs, privés et publics. Sans eux, il n’y a pas de sortie possible pour les entreprises en croissance. Les politiciens jouent un rôle important à cet égard. Je pense qu’il existe deux types de dirigeants politiques. D’un côté, il y a des politiciens qui connaissent bien les enjeux, mais qui savent que ça ne leur fera pas gagner des élections. Ils pensent que les investisseurs sont peu nombreux et qu’ils ne représentent qu’un faible électorat. C’est pour cela qu’ils ne disent rien. D’un autre côté, il y a des politiciens qui n’y comprennent vraiment rien. Ils n’ont aucune idée de la manière dont fonctionne l’investissement ou du rôle qu’il joue dans notre économie. »

Éducation financière

Mme De Witte est déjà très attentive à l’éducation financière de ses fils adolescents. « Mon mari Christophe est très enthousiaste à l’égard de la Bourse et des actions, et c’est contagieux. En fait, nous achetons des actions pour nos enfants. Depuis deux ans, ils peuvent faire un pitch à l’occasion de la semaine de vacances du Nouvel An. Christophe fait une proposition, moi aussi, et les enfants font un pitch. Au final, nous choisissons ensemble l’action à acheter. Cette fois-ci, notre plus jeune avait suggéré Tencent. Avec le recul, nous aurions peut-être dû l’écouter. Finalement, nous avons opté pour Nvidia et Microsoft. »

« Nous parlons très ouvertement d’argent et d’investissement à la maison. Mais en même temps, nous avons sauté quelques étapes. Quand j’avais leur âge, on me donnait de l’argent de poche. C’est avec cet argent que j’ai acheté une Gameboy. Mes parents pensaient que c’était idiot et ne voulaient pas me l’acheter. J’ai donc économisé pour l’acheter. C’était tout un exploit : j’ai tout économisé moi-même et je l’ai achetée. Nous devons nous efforcer de transmettre encore mieux la satisfaction que procure l’effort d’épargne pour acheter quelque chose avec son propre argent. »

Écoutez l’intégralité du podcast Le Miroir (en néerlandais) avec Ilse De Witte et découvrez notamment :

  • Pourquoi elle a longtemps résisté à l’étiquette de « femme journaliste »
  • Comment la mort de sa cousine a conduit à une révélation personnelle
  • Sa réponse à la question : êtes-vous féministe ?
  • Pourquoi elle veut continuer à défendre sa croyance en la nuance, même dans un monde médiatique dominé par les clics
  • Quelle question on lui a souvent posé lorsqu’elle est devenue mère de famille (alors qu’on n’a jamais posé cette question à son mari)

Lisez aussi l’interview d’Ilse De Witte réalisée par Investment Officer.

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