Owens Thomsen
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Dr Marie Owens Thomsen souligne que l’endettement public reste un problème majeur pour les économies développées, et empêchera des politiques monétaires trop agressives. Ce qui devrait en définitive soutenir les valorisations des classes d’actifs plus risquées. 

« La globalisation a permis de faire sortir de la pauvreté deux milliards de personnes, avec une classe moyenne qui constitue aujourd’hui la plus grande partie de la population mondiale », souligne le Marie Global Head of Investment Intelligence chez Indosuez Wealth Management, dans un entretien avec Investment Officer.

« La frustration actuelle vient surtout que les tranches les plus riches de la population ont beaucoup gagné et que les inégalités se sont creusées. Mais dans l’ensemble, la situation dans les pays développés reste encore largement préférable à celle de nombreux pays en voie de développement ». 

Domination américaine

Dans ce contexte, Marie Owens Thomsen souligne qu’elle reste largement dans le groupe d’économistes qui pensent que le commerce international est important pour le maintien de notre santé économique. « Les quatre économistes qui n’y croient pas travaillent tous pour l’administration Trump ». Et de souligner que si deux millions d’emplois manufacturiers américains  ont été perdus en faveur de la Chine, le développement du commerce international a permis de créer six millions de nouveaux emplois. « Cette forme de relativité a aujourd’hui beaucoup de mal à percer dans le débat ». 

Cette forme d’inégalité sociale a toutefois eu des conséquences dramatiques durant le XXème siècle, avec la Grande Dépression des années 30 qui avait débouché sur une hausse du protectionnisme et une guerre mondiale.

« L’enjeu est aujourd’hui de ne pas répéter les erreurs du passé, même si la situation est aujourd’hui nettement moins dramatique avec une imposition sur les importations qui est une fraction de ce qu’elle pouvait être à l’époque. Tant que la croissance du commerce international restera positive, nous devrions être en mesure d’éviter une dépression économique ». Dans ce contexte, l’Europe s’inscrit encore largement dans un contexte d’ouverture aux échanges internationaux, « une situation dont le continent pourrait bénéficier si les autres grands blocs se positionnent dans un contexte de conflit ». 

Endettement

Enfin, Marie Owens Thomsen souligne que nous sommes aujourd’hui à un moment où tout pourrait basculer si les grandes économies mondiales tournent le dos à la globalisation. « Les Etats-Unis sont les premiers coupables, et ils utilisent le dollar comme une arme extérieure. Avec le temps, les autres régions vont essayer d’en sortir en achetant moins de dette américaine, mais il est peu probable qu’ils se mettent à vendre leurs obligations américaines du jour au lendemain, au risque de perdre beaucoup ». 

L’endettement est aujourd’hui un phénomène global, que ce soit dans les pays développés, les pays émergents ou les entreprises. « Les pays avec une dette extérieure importante sont les plus à risque, ce qui n’est toutefois pas le cas de la Chine dont la plus grande partie de la dette reste interne. Au niveau mondial, les Etats-Unis représentent près d’un tiers de la dette globale (20.000 milliards de dollars sur un total de 64.000 milliards de dollars), le Japon et les grands pays européens (Allemagne, Italie, France, Royaume-Uni) représentant respectivement 20% et 16% ». 

Marchés financiers

Pour 2019, Marie Owens Thomsen s’attend à une poursuite du ralentissement de la croissance globale vers 3,2% en 2019 et 3% en 2020. « La croissance des bénéfices reste positive, mais la tendance est ici aussi au ralentissement. Ceci ne justifie toutefois pas la baisse des cours que nous avons observée à la fin de l’année dernière ». Elle constate toutefois que les causes d’incertitudes (commerce international, Brexit, Italie) vont continuer à dominer les débats. 

« La politique monétaire ne peut aujourd’hui plus librement poursuivre son objectif dans un contexte de dette structurelle très élevée. Ceci constitue une bonne nouvelle pour les marchés financiers car il n’y aura pas beaucoup de hausse de taux à attendre durant les prochains mois », souligne Marie Owens Thomsen. Elle s’attend à deux nouvelles hausses de taux aux Etats-Unis pour 2019, et une en Europe, « avec toutefois une faible conviction, et je ne serais pas étonnée qu’elle soit reportée en 2020 ». 
 

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