L’annonce de l’efficacité de plusieurs vaccins contre le Covid-19 autorise un certain optimisme pour 2021. Cela n’empêche pas de nombreux pays, en ce compris la Belgique, de connaître actuellement une nouvelle récession en raison d’une deuxième vague de la pandémie et du plus grand risque de contamination durant les mois d’hiver. Au cours du premier trimestre de 2021, l’amélioration de la situation économique devrait être limitée. Par contre, avec la diffusion du vaccin, la reprise devrait s’accélérer à partir du deuxième trimestre, malgré la hausse probable du taux de chômage et du nombre de faillites. L’utilisation de la réserve d’épargne constituée par les ménages en 2020 jouera un rôle important dans la reprise économique, de même que les politiques monétaires et fiscales toujours très accommodantes.
2021 sera donc une année de reprise synchronisée dans le monde. Grâce à une meilleure gestion de la pandémie, la Chine, et de manière générale l’Asie, ont pris le leadership de la reprise. Les Etats-Unis vont très certainement déployer un nouveau plan de relance, ce qui devrait leur permettre d’assurer une reprise dynamique. En Europe, le plan de relance devrait également supporter l’économie en 2021. Avec une croissance économique attendue de 7% en Chine, de 3,9% aux Etats-Unis et de 3,5% en zone euro, 2021 devrait être une année solide, même si la perte d’activité de 2020 ne sera, dans la plupart des pays, pas encore entièrement compensée.
“La montagne de dette engendrée par la crise du Covid n’est pour le moment pas un problème,” estime Peter Vanden Houte, Chief Economist d’ING Belgique. Grâce aux taux très bas, la charge d’intérêt sur la dette des Etats est même inférieure aujourd’hui à ce qu’elle était durant la crise financière et cela restera le cas encore quelques années.
A côté de la saga du Brexit, les développements politiques aux Etats-Unis pourraient jouer un rôle important dans les développements économiques et financiers de 2021. Si les Démocrates emportent les deux sièges de l’Etat de Géorgie lors de l’élection locale pour le Sénat du 5 janvier, le Congrès sera entièrement acquis à la cause Démocrate et cela ouvrira la porte à un relèvement de la pression fiscale sur les entreprises et à davantage de régulation. Cela devrait par contre probablement conduire à un plan de relance plus important.
En raison de la reprise synchronisée, les prix de l’énergie devraient être plus élevés qu’en 2020, ce qui devrait se traduire par une inflation légèrement plus élevée en 2021. Toutefois l’inflation sous-jacente risque de rester faible. L’explosion des bilans des banques centrales n’auront, en 2021, probablement qu’un impact limité sur l’évolution des prix à la consommation. La situation du Japon, où le bilan de la banque centrale a été multiplié par sept depuis 2000 sans la moindre augmentation des prix, donne ici matière à réfléchir.
Pour soutenir la reprise, les taux courts resteront probablement encore quelques années à des niveaux très bas. Par contre, les taux longs devraient progresser un peu dans le contexte de reprise mondiale synchronisée. Néanmoins, selon Peter Vanden Houte, ce mouvement devrait être tempéré par les achats continus d’obligations par les banques centrales. Les achats d’actifs par la BCE ont ainsi abaissé les taux longs en zone euro d’un peu plus de 1% .
Après plusieurs années de surévaluation, le dollar a finalement entamé sa correction. En raison de son caractère anticyclique et de son statut de valeur refuge, le dollar devrait voir son attractivité continuer à diminuer en 2021, même si une hausse sporadique de la volatilité dans les marchés financiers pourrait toujours entrainer une appréciation temporaire de la monnaie américaine.
Les actions se sentent pousser des ailes
Il y a quelques mois cela aurait été à peine imaginable et pourtant le constat est là : les actions sont revenues en territoire positif (en devises locales) sur l’ensemble de l’année. L’indice MSCI des principales actions mondiales a bondi de plus de 60 % depuis fin mars et atteint un nouveau sommet historique. Les investisseurs ne semblent nullement intimidés par des valorisations qui n’ont plus été aussi élevées depuis 20 ans. Les actions s’échangent à 30 fois les bénéfices annuels, un niveau qui rappelle celui observé lors de la bulle internet. Ils ont en outre commencé à intégrer dans leurs anticipations les bienfaits économiques des vaccins, qui devraient permettre aux gouvernements de lever progressivement les mesures de confinement, et l’espoir d’une gestion moins cacophonique de l’économie américaine avec l’arrivée au pouvoir de Joe Biden.
Dans le même temps, les banques centrales considèrent comme essentiel pour la relance de maintenir le coût du crédit le plus bas possible. Les investisseurs disposant d’un horizon à long terme ont dès lors intérêt, selon Steven Vandepitte, stratégiste d’ING Belgique, à privilégier les actions et les obligations d’entreprises plutôt que les emprunts souverains les plus sûrs et les liquidités. Le rendement attendu des dividendes des principales actions mondiales de l’indice MSCI reste, en effet, 1 % supérieur au rendement moyen de l’indice Bloomberg Barclays des obligations de bonne qualité crédit.
La perspective de nouvelles dépenses publiques est également de nature à soutenir les actions, et sans doute davantage les petites que les grandes capitalisations boursières, mais il convient d’être conscient que toutes les entreprises ne profiteront pas de manière identique des mesures de relance.
Les secteurs des matériaux de construction et de l’industrie semblent mieux positionnés dans la mesure où ils comptent dans leurs rangs beaucoup de sociétés actives dans les travaux d’infrastructures. Ces sociétés profitent par ailleurs également de la reprise économique en Asie dont les effets se font sentir, notamment, dans le secteur de la construction.
Les énergies alternatives et les technologies propres devraient continuer à séduire les investisseurs, notamment en raison de la politique américaine en faveur du climat qui devrait connaître un coup de fouet grâce à l’élection de Joe Biden. Il souhaite en effet réintégrer au plus vite les Etats-Unis dans l’accord de Paris et faire en sorte que le secteur de l’électricité US soit « décarboné » d’ici 2035.
Le secteur des technologies de l’information devrait rester prisé par les investisseurs car la révolution technologique est loin d’être terminée. Parmi les grands acteurs de cette thématique, les sociétés qui disposent de bilans sains, de solides plateformes de ventes et qui sont capables d’accroître leurs parts de marché semblent bien positionnées. On songe plus particulièrement à celles qui sont actives dans le « cloud », le traitement des données, la robotisation, la cybersécurité et l’intelligence artificielle.
La nécessité pour les Etats de disposer d’un système de santé auto-suffisant et capable d’affronter des crises sanitaires est également de nature à favoriser le secteur pharmaceutique.
Sur le marché des matières premières, les métaux industriels et précieux devraient surperformer par rapport au pétrole.
Les dépenses mondiales en infrastructures « vertes » sont appelées à augmenter aux États-Unis, en Europe et en Chine dans les prochaines années et cet engouement devrait contribuer à soutenir la demande de métaux industriels.
La perspective d’un dollar plus faible et d’une inflation légèrement plus élevée devrait profiter au prix de l’or. D’autant que les deux principaux facteurs qui ont contribué à pousser les cours de l’once d’or à des niveaux historiques - des rendements réels négatifs et l’abondance de liquidités injectées par les banques centrales et les gouvernements – restent d’actualité.
Enfin, on peut aussi s’attendre à une augmentation des flux de capitaux vers les actions et les obligations des marchés émergents et plus particulièrement vers l’Asie du Sud-Est, car on observe que les pays les plus performants sur les marchés boursiers sont aussi ceux qui ont le mieux géré la crise sanitaire et/ou dont