À court terme, les nouvelles ne vont pas soudainement devenir très positives, c’est pourquoi nous sommes prudents en termes d’allocation. Nous optons pour des secteurs plus défensifs tels que les produits pharmaceutiques et l’énergie. Ainsi que le secteur financier, en raison de la hausse des taux d’intérêt», déclare Peter Vanden Houte (photo), économiste en chef chez ING Belgique.
La guerre en Ukraine a été l’un des facteurs déterminants en 2022. D’autant plus qu’elle a ajouté une dimension supplémentaire à la hausse de l’inflation, un problème qui existait déjà», déclare M. Vanden Houte.
‹En décembre 2021, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, affirmait encore qu’il n’y aurait pas de hausse des taux d’intérêt en 2022.› L’inflation était déjà en hausse, mais à l’époque, elle était considérée comme un phénomène temporaire et passager. On a supposé que cela provenait principalement de l’effet corona perturbant les chaînes d’approvisionnement mondiales. On s’attendait à ce que la pandémie s’atténue, ce qui entraînerait une reprise générale. Nous sommes entrés en 2022 avec cette attitude. La guerre a donné une impulsion supplémentaire à l’inflation. En conséquence, les banques centrales ne pouvaient plus rester à l’écart et ont commencé à relever agressivement les taux d’intérêt».
Ainsi, l’année 2022 est devenue une année boursière exceptionnelle. Nous avons eu une confluence que l’on ne voit pas souvent : la combinaison d’un double bain de sang sur les marchés obligataires et boursiers. Il est très exceptionnel que les deux perdent plus de 10 % en même temps», observe M. Vanden Houte.
Quo vadis, l’inflation ?
L’inflation a déjà quelque peu diminué. Mais la question demeure : jusqu’où va-t-il continuer à chuter ? Un certain nombre de facteurs sont difficiles à estimer. Le temps exceptionnellement chaud a entraîné une baisse des prix de l’énergie. Celles-ci seront largement déterminées par l’intensité de l’hiver. Bien sûr, la météo est une variable difficile à prévoir».
‹Mais les prix de l’énergie pèseront moins sur l’inflation qu’en 2022, car on compare avec un niveau qui était élevé auparavant.› Par ailleurs, il y a encore des points positifs. Les prix des conteneurs et des produits de base sont également de nouveau beaucoup plus bas. En Europe et aux États-Unis, nous constatons que les détaillants et l’industrie manufacturière ont des stocks importants. Cela peut conduire à des réductions de prix et constituer un élément déflationniste».
Sur le front monétaire, les banques centrales ne semblent pas encore tout à fait satisfaites. Je n’exclus pas une baisse des taux d’intérêt avant la fin de l’année. Mais à court terme, de nouvelles hausses sont plus probables à l’horizon. La Fed semble indiquer que les taux directeurs vont d’abord augmenter davantage, puis rester à ce niveau pendant un certain temps. Une nouvelle hausse à 5 ou 5,25 pour cent est certainement encore dans les cartons».
En Europe, 100 à 150 points de base supplémentaires pourraient être ajoutés. Le taux directeur peut donc encore augmenter considérablement et rester à ce niveau». La politique monétaire a constitué un vent contraire inattendu en 2022. Elle n’a pas disparu et va s’aggraver dans un premier temps, selon M. Vanden Houte.
Au point mort pendant un moment avant de commuter
En décembre, nous avons supposé que le premier semestre de l’année 2023 serait difficile. Nous avons vu beaucoup de vents contraires à court terme. Dans cet esprit, nous avons opté pour une allocation d’actifs neutre», explique Vanden Houte. Il s’attend néanmoins à ce que les nombreux points négatifs cessent. Il se peut qu’il y ait encore des hausses de taux d’intérêt au premier trimestre ou en avril, mais après cela, ce sera terminé. Par conséquent, en termes d’obligations, il faudra peut-être être prêt à augmenter un peu les durées».
Pour les actions, les investisseurs doivent essayer de voir au-delà de la récession. Historiquement, les actions se portent particulièrement mal à l’approche d’une récession. Une fois qu’on s’y est mis, les investisseurs commencent à regarder un peu au-delà de cette vallée de toute façon. C’est pourquoi nous sommes passés à une pondération neutre à la fin de l’année dernière. Regarder un peu plus loin, au-delà de ces premiers mois difficiles. Il était alors, à notre avis, tout simplement trop tôt pour commencer déjà à surpondérer».
En termes d’allocation sectorielle, l’accent est encore plus mis sur les secteurs défensifs. Il suffit de penser aux produits pharmaceutiques et à l’énergie, même si nous ramenons progressivement ce dernier secteur à une pondération neutre. Donc des secteurs plutôt de courte durée. En raison de la hausse des taux d’intérêt, nous sommes également positifs sur le secteur financier. Une fois que nous aurons atteint le pic des taux d’intérêt, nous pourrons réintégrer des valeurs de croissance dans le portefeuille».