Le 23 juin 2016, les Britanniques ont surpris les marchés financiers avec leur décision de quitter l’Union européenne. Depuis cette date, le pays est en proie à des incertitudes croissantes, avec une avalanche de problèmes et de controverses, tant sur le plan politique qu’économique.
Après des négociations interminables sur les conditions du Brexit, le Royaume-Uni a finalement quitté l’Union européenne le 31 janvier 2020. Et malgré la conclusion d’un accord commercial avec le bloc européen, l’économie britannique subit de plein fouet les répercussions négatives de sa décision. Les places de stationnement créées dans l’urgence pour les files de camions attendant de passer la douane symbolisent les implications pratiques du Brexit : les acteurs du commerce international se plaignent de la bureaucratie écrasante et les industries dépendant des saisonniers étrangers ont de plus en plus de mal à attirer ces derniers.
Et ce n’est là qu’un tout petit échantillon des conséquences du Brexit, qui cause beaucoup de tort à l’économie. Ainsi, de nombreux agriculteurs voient leurs fruits pourrir sur pied par manque de personnel pour les récolter et McDonalds s’est vu contraint, l’an dernier, de supprimer les milk shakes de son menu en raison des pénuries de chauffeurs routiers.
L’Office for Budget Responsibility estime que l’impact du Brexit, qui se fera encore sentir plusieurs années, dépassera les effets négatifs de la pandémie. Selon cet institut, du fait de sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni a manqué une grande partie du redressement du commerce mondial après la pandémie et sa croissance économique est restée dans l’ombre de celle d’autres pays du G7. Ce malaise économique alimente de plus en plus le mécontentement de la population et l’unité du royaume se craquelle petit à petit.
Leadership
Le pays a aussi manqué d’un leadership stable et qualifié pour redresser la barre sur le plan économique. Depuis le départ de David Cameron en 2016, les trois successeurs (Theresa May, Boris Johnson et Liz Truss), pour diverses raisons, n’ont pas su conserver bien longtemps le poste de Premier ministre. Le mandat de la dernière n’a ainsi duré que 44 jours, écourté par le scandale du « mini-budget », la plus importante réduction d’impôts en 50 ans, qui aurait été financée principalement par une hausse de l’endettement.
Cette proposition a littéralement plombé la livre sterling et les emprunts d’État britanniques, causé aux fonds de pension des pertes abyssales et fait s’envoler les remboursements mensuels pour les détenteurs d’hypothèques à taux variable (environ 20 % des hypothèques en cours). Les marchés financiers ont perdu confiance et ont été balayés d’un vent de panique, et le FMI a même critiqué le projet et ses conséquences sur l’inflation, si bien que la Banque d’Angleterre s’est vu contrainte d’intervenir en vendant des obligations.
Le sacrifice du ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, n’a finalement pas suffi pour rétablir l’ordre, si bien que le mandat de Liz Truss a été le plus court, mais aussi le plus controversé de l’histoire britannique. Le successeur de Kwasi Kwarteng, Jeremy Hunt, a annulé quasiment tous les projets de Liz Truss, et Rishi Sunak a été nommé Premier ministre le 25 octobre.
Les difficultés auxquelles est confronté le Royaume-Uni se reflètent aussi dans le rendement inférieur de l’indice MSCI United Kingdom par rapport au MSCI Europe Ex UK. Le baromètre des actions britanniques a généré un rendement total de 29,6 % entre le référendum actant le Brexit et la fin du mois d’octobre 2022, contre 46,8 % pour l’indice européen hors titres britanniques. Il convient toutefois de préciser que ces chiffres ne reflètent pas fidèlement la situation du pays, dans la mesure où l’indice britannique inclut de nombreuses multinationales dont le chiffre d’affaires dépend peu du marché local. Difficile en effet de qualifier Unilever, Shell et Rio Tinto de valeurs britanniques !
Chaos
Mais malgré le chaos politique et la faiblesse de l’économie, l’indice britannique a fait très belle figure en 2022, ce qui s’explique par sa composition, avec un grand nombre de titres liés aux matières premières : Shell, BP, Glencore et Anglo American dominent et profitent des conséquences de la guerre en Ukraine. Il en va de même pour BAE Systems, géant de la défense. Les fabricants de tabac Imperial Brands et British American Tobacco signent eux aussi une bonne année. Par conséquent, le MSCI United Kingdom n’a perdu que 0,76 %, tandis que le recul du MSCI Europe Ex UK dépasse les 15 %.
Les gérants semblent eux aussi se méfier des entreprises britanniques. Les fonds investissant dans les actions britanniques ont connu une décollecte nette sur les trois dernières années. À 21 milliards d’euros, les flux sortants enregistrés sur les trois premiers trimestres de 2022 forment déjà un record. Si les actions à dividende britanniques ont été relativement épargnées par les investisseurs, les petites capitalisations, surtout, qui dépendent souvent davantage de l’économie locale, ont subi des dégagements.
La première place du top 5 de la catégorie Morningstar des actions du Royaume-Uni de grandes capitalisations, sur la base de la performance des fonds entre début janvier et fin octobre, revient au fonds Invesco UK Equity, qui a su limiter ses pertes à 22 points de base. Martin Walker, qui le gère depuis octobre 2018, applique une approche bottom-up axée sur les valorisations.
Le portefeuille compte une quarantaine de positions. Fin septembre, le secteur énergétique représentait 17 % du portefeuille, avec 7,8 % pour BP et pour Shell. La finance constitue un autre pilier du fonds, avec un poids de 16,3 %. Hiscox et Prudential figurent parmi les dix plus importantes positions. Pour des questions de durabilité, le fonds exclut les producteurs de tabac, un positionnement défavorable en 2022.
BE
Name |
Total Ret YTD (Mo-End) EUR |
Total Ret Annlzd 3 Yr (Mo-End) EUR |
Std Dev 3 Yr (Mo-End) EUR |
Morningstar Analyst Rating |
Morningstar Rating Overall |
ISIN |
Invesco UK Equity |
-0,74 |
6,50 |
24,75 |
*** |
LU1775979708 |
|
SSGA State Street UK Index Equity Fd |
-1,92 |
2,45 |
18,03 |
**** |
LU1159238549 |
|
Xtrackers FTSE 100 Income ETF |
-3,05 |
2,79 |
18,20 |
**** |
LU0292097234 |
|
TT UK Equity Fund |
-3,16 |
13,41 |
19,61 |
***** |
IE0034270375 |
|
PrivilEdge Liontrust UK Select Growth |
-8,11 |
LU2250038234 |
Jeffrey Schumacher is director manager research bij Morningstar. Morningstar analyseert en beoordeelt beleggingsfondsen op basis van kwantitatief en kwalitatief onderzoek. Morningstar is één van de kennispartners van Investment Officer en rangschikt wekelijks vijf beleggingsfondsen of aanbieders.