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Si les actions d’Asie du Sud-Est ont tiré leur épingle du jeu en 2022, c’est surtout grâce aux belles performances des titres thaï et indonésiens. La place boursière vietnamienne a en revanche connu un krach majeur.

L’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ANASE, ou ASEAN en anglais), désigne une coopération principalement économique conclue entre dix pays d’Asie du Sud-Est : l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines, Singapour, la Malaisie, le Vietnam, le Myanmar, le Cambodge, le Laos et le petit sultanat de Brunei. Ensemble, ces nations affichent un PIB supérieur à 3300 milliards d’euros, soit plus de six fois celui de la Belgique.

Si nombre de ces pays sont plutôt réputés pour le tourisme, le bloc revêt une importance géographique particulière, puisqu’il est situé entre deux grandes puissances, l’Inde et la Chine. L’empire du Milieu, en particulier, a des intérêts considérables dans la région, qui profite aussi d’investissements importants de la part du Japon et de la Corée du Sud. Les entreprises désireuses de produire à moindre coût et/ou attirées par un marché comptant plus de 650 millions de consommateurs développent leur activité dans la région. 

Si la plupart des économistes sont optimistes vis-à-vis des perspectives à long terme de la zone, beaucoup craignent que Singapour, la Thaïlande, la Malaisie et le Vietnam, des économies très axées sur le commerce, ne soient touchés par le ralentissement éventuel de la conjoncture mondiale et par une demande plus faible de biens en 2023. 

La Bourse, ce n’est pas l’économie

Et en dépit des gros titres optimistes sur les belles performances économiques de la région, l’ANASE reste un marché difficile pour les investisseurs. Au cours de la décennie écoulée, le rendement annuel en euros de l’indice MSCI ASEAN n’atteignait que 1,7 %, alors que le MSCI World progressait de 11,1 % sur la même période. Mais si l’on remonte davantage dans le temps, l’on constate qu’entre 2000 et 2010, le MSCI ASEAN a devancé le MSCI World. 

La zone pourra-t-elle réitérer cette avance entre 2020 et 2030 ? Cela dépendra surtout de l’évolution du dollar, du positionnement des investisseurs internationaux mais aussi des perspectives économiques mondiales. Si le MSCI ASEAN, grâce aux belles performances de l’Indonésie et de la Thaïlande, a affiché un rendement positif de 2 % en 2022, alors que le MSCI World a perdu 12,8 %, sur trois ans, les actions d’Asie du Sud-Est restent dans l’ombre. 

Le cas du Vietnam

Les actions vietnamiennes, qui représentent moins de 3 % de l’indice MSCI ASEAN, ont figuré parmi les lanternes rouges de 2022. Elles illustrent bien les risques auxquels sont confrontés les investisseurs dans les marchés les moins développés. 

Le plongeon du MSCI Vietnam, qui a perdu 40,2 % l’an dernier, résulte dans une faible mesure de facteurs externes, et notamment la hausse du dollar américain (qui a pris 9,3 % face au dong vietnamien entre début janvier et début novembre) ainsi que le recul des Bourses américaines après les tours de vis agressifs menés par la Fed. Mais ce dévissage découle surtout de problèmes intérieurs, et notamment quelques arrestations spectaculaires ainsi que le durcissement de la réglementation sur le marché obligataire, qui a compliqué l’accès au crédit pour de nombreux promoteurs immobiliers. Les experts estiment que leurs problèmes de trésorerie proviennent plutôt de leurs difficultés à refinancer leur dette existante, alors même qu’ils ont besoin de fonds pour terminer les projets en cours et rembourser les emprunts, que d’une absence de demande immobilière. Au mois de février, Novaland, l’un des plus grands promoteurs du pays, a fait défaut sur un remboursement de coupon.

S’il est possible que le gouvernement n’ait pas encore terminé son « grand nettoyage », il n’en reste pas moins qu’après la forte correction et sur la base d’une croissance économique attendue à 5-7 % par an et une croissance des bénéfices supérieure à 10 %, les valorisations des actions paraissent attrayantes.  

Seuls quelques fonds à capital variable ciblant le Vietnam sont disponibles pour les investisseurs particuliers belges ; citons par exemple les fonds TCM Vietnam High Dividend Equity et VinaCapital Vietnam, ou encore Vietnam Enterprise Investments Limited (VEIL) de Dragon Capital et Vietnam Opportunity Fund (VOF) de VinaCapital, deux fonds à capital variable négociés sur la Bourse de Londres.  

Top 5

Le top 5 de cette semaine, qui porte sur la catégorie Morningstar des fonds d’actions de l’Anase (pour lesquels une classe de parts sans frais de distribution est disponible en Belgique), tient compte des performances sur l’année 2022. Seuls trois fonds sont inclus dans la catégorie, si bien que le top 5 devient en réalité un top 3.

Invesco ASEAN Equity

La première place revient au fonds ASEAN Equity d’Invesco, géré depuis septembre 2018 par Wei Liang, entré dans la société en 2013 et qui a joué un rôle important dans l’établissement de cette stratégie axée sur les pays de l’ANASE. Après avoir travaillé en étroite collaboration avec Jalil Rasheed, l’ancien gérant, Wei Liang a définitivement repris le flambeau en septembre 2019. Le fonds est fortement surexposé au secteur financier (Bangkok Bank, Bank Rakyat Indonesia et Bank of the Philippine Islands), qui pèse près de 70 % du portefeuille. Fin janvier, il n’était quasiment pas exposé à l’énergie, à la technologie, à la santé ni aux services aux collectivités. Notons également la sous-représentation des géants des télécoms Singapore Telecommunications et Tekom Indonesia Persero. Le fonds n’a aucune position dans des entreprises vietnamiennes et a profité de la sous-représentation des valeurs technologiques l’an dernier, tout comme de la nette surpondération du secteur bancaire. En 2022, il a devancé 98 % des fonds de la catégorie. 

JPM ASEAN Equity

Ce classement réduit inclut aussi le fonds JPM ASEAN Equity de JP Morgan, noté Gold par les analystes de Morningstar. Ce dernier est géré par l’expérimentée Pauline Ng, qui peut compter sur les cinq membres de l’équipe ANASE, forts en moyenne de 17 années d’expérience dans l’investissement et qui inclut notamment Desmond Loh, Stacey Neo et Chang Qi Ong. Le fonds se concentre sur les entreprises de qualité, mais le gérant a les moyens et la flexibilité d’investir aussi dans des actions de sociétés plus petites.

Le portefeuille est concentré et les cinq principales positions sont des grandes banques asiatiques : DBS, UOB et OCBC à Singapour et Bank Central Asia ainsi que Bank Rakyat en Indonésie. Sur la décennie écoulée, le fonds a devancé la concurrence et son indice de référence. En 2022, la stratégie a terminé dans le vert et s’est classée dans le 38e percentile de sa catégorie. 

 

GRaf

 

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