Les problèmes économiques et sociaux actuels, tels que la croissance explosive des coûts des soins de santé, le changement climatique et la congestion du trafic, seront résolus dans une large mesure par l’utilisation de l’intelligence numérique, également connue sous le nom de deuxième révolution des machines.
Lors d’un entretien avec Investment Officer, Alex Mouthon, gestionnaire de portefeuille chez Pictet Asset Management, explique pourquoi investir dans des technologies disruptives est un bon choix.
« Nous pouvons difficilement imaginer l’impact qu’aura le ‘smart world’ sur notre vie personnelle, mais il est impossible d’arrêter les développements avec lesquels la combinaison de matériel et de logiciels pénètre dans nos vies via les appareils intelligents. » De plus, les entreprises qui s’engagent dans la sécurisation de ces nouvelles technologies ont selon Mouthon un rôle important à jouer.
“Internet of everything”
La société de fonds a donc créé trois fonds thématiques qui, ensemble, couvrent tout le spectre de l’‘internet of everything’, ainsi qu’on appelle également l’extension de l’Internet des Objets. Le fonds ‘Robotics’ investit dans ce qui entraîne l’automatisation, comme les puces d’alimentation pouvant faire fonctionner des applications de l’IA. Le fonds ‘Digital’ s’adresse aux applications Web et aux logiciels qui contiennent des fonctionnalités avancées d’intelligence artificielle, telles que la reconnaissance vocale et d’images, les chatbots et l’analyse de données. Et le fonds ‘Security’ se focalise sur les solutions destinées à protéger les pouvoirs publics, les entreprises et les individus dans ce monde nouveau.
Alors que ces dernières années se caractérisaient principalement par une révolution dans le monde des TIC, les années à venir seront placées sous le signe de la disruption dans les secteurs industriels, estime Mouthon.
« Une étude de Gardner révèle que d’ici 2021, quarante pour cent de toutes les applications et tous les logiciels d’entreprise contiendront déjà une certaine forme d’IA. Ce ne sont donc plus seulement les grandes sociétés Internet qui investissent dans ce domaine, même si elles continuent bien sûr à représenter une part importante de notre exposition à l’IA. »
Allocation tactique
Et bien que le début de l’année 2018 ait montré les premières fissures sur les marchés financiers, Mouthon avait déjà préparé les fonds en 2017 avec quelques changements d’allocation en vue de périodes plus volatiles. « Dans le fonds ‘Security’, nous avons réduit notre allocation aux domaines cycliques, tels que la sécurité des transports, au profit d’entreprises plus défensives, comme celles qui sont actives dans le traitement des paiements. »
Le premier trimestre de cette année a été un plus grand défi encore pour les stratégies liées à la technologie et l’innovation, déclare Mouthon. Et pas seulement à cause de la menace de guerres commerciales ou d’une hausse des taux d’intérêt américains, mais aussi en raison du scandale des données autour de Facebook et Cambridge Analytica. Néanmoins, l’investisseur estime que l’entreprise est suffisamment intelligente pour gérer habilement l’atteinte à sa réputation.
« Une correction de 20 % par rapport au risque réel était vraiment exagérée. Nous avons alors augmenté notre position dans Facebook, ce qui était la bonne décision : l’action a atteint de nouveaux sommets, malgré l’attention médiatique négative dont l’entreprise a fait l’objet. Pour Amazon, la situation s’est d’ailleurs inversée, c’est pourquoi nous avons au contraire réduit notre exposition. »
Pour le fonds ‘Robotics’, Pictet AM se concentrera dans un proche avenir sur les entreprises axées sur l’électronique de haute qualité nécessaire à l’exécution d’applications d’IA. Mouthon : « Nous pensons que ces secteurs sont mieux à même de résister aux avertissements du marché du début de l’année. Nous suivons également de près le développement des centres de données. En outre, nous avons tiré un certain bénéfice de quelques noms très appréciés et avons également pris de nouvelles positions afin de nous diversifier encore davantage. »
Risques
Mouthon ne s’attend pas à des turbulences majeures pour le reste de l’année. Cependant, il n’ose pas regarder beaucoup plus loin dans l’avenir : « On n’est jamais certain de ce que sera la politique de taux d’intérêt aux États-Unis. Nous devrons continuer à surveiller de près tous les risques imminents, en particulier l’élan donné par la technologie dont dépendront fortement les bénéfices d’exploitation. »
Depuis la création des fonds technologiques, le gestionnaire peut en tout cas se targuer de bons résultats. ‘Digital’ a surperformé l’indice MSCI World de 165 % en moyenne depuis 2008, ‘Security’ de 71 % depuis 2006, et ‘Robotics’ de 35 % depuis 2015.
Un an plus tôt, le chiffre était pour ‘Digital’ de 11.79 % contre 4.98 % par rapport à l’indice MSCI World. Il était de 10.19 % contre 4.98 % pour ‘Security’, et de 7.37 % contre 4.98 % pour ‘Robotics’.