La Chine est le plus grand émetteur mondial de CO2. Sous l’impulsion, notamment, du gouvernement chinois, le pays est devenu un incubateur d’entreprises proposant des solutions pour les problèmes liés au climat. Les investisseurs en quête de placements durables doivent toutefois redoubler de vigilance lorsqu’ils s’exposent au marché chinois.
Dans la quête d’investissements durables, la Chine n’est probablement pas le premier pays auquel l’on pense. En 2021, le pays a rejeté près de 11 milliards de tonnes de CO2, soit environ 30 % des émissions mondiales, et largement plus du double du deuxième pollueur, les États-Unis (5 milliards de tonnes). L’empire du Milieu est certes un grand pays, mais le rythme de progression des émissions de CO2 est quasiment inégalé : depuis l’an 2000, elles ont en effet progressé de quelque 150 %.
Cette évolution est intimement liée à l’énorme croissance de l’économie chinoise sur la période : le produit intérieur brut a bondi de 1200 à 18 100 milliards de dollars en 2022. Or, l’industrialisation de l’économie et la forte urbanisation du pays ont des conséquences désastreuses pour le climat. Dans de nombreuses métropoles comptant plusieurs millions d’habitants, la qualité de l’air s’est nettement dégradée, comme en témoignent les images frappantes, et pour le moins inquiétantes, de gratte-ciel entourés d’un épais smog. En outre, les sols et les cours d’eau sont de plus en plus pollués.
L’économie chinoise fonctionne en premier lieu grâce à une énergie générée par des carburants fossiles ; les centrales électriques utilisent principalement du charbon, très polluant. Il est dès lors logique que la réduction de la consommation de charbon, et son remplacement par des énergies renouvelables, soient des mesures prioritaires pour le gouvernement chinois, contraint d’agir après que la pollution de l’air eut atteint des records en 2012 et 2013.
Véhicules électriques
La politique du gouvernement a mené ses fruits, même si la Chine a encore un long chemin à parcourir pour pouvoir être qualifiée d’économie « propre ». Elle a en tout cas permis à l’empire du Milieu de devenir un incubateur d’entreprises proposant des solutions pour les problèmes liés au climat. Dans le secteur des véhicules électriques, par exemple, Tesla est probablement le constructeur le plus connu, mais le chinois BYD donne bien du fil à retordre à Elon Musk. L’entreprise a ainsi vendu 1,2 million de véhicules au premier semestre de 2023, alors que Tesla n’en commercialisait qu’un peu moins de 900 000. Et BYD est certes le plus grand fabricant, mais il est loin d’être le seul : Neta, Li, Nio et Xpeng sont quelques exemples d’acteurs d’un secteur qui prend de plus en plus d’importance dans le pays.
Pour autant, les investisseurs en quête de durabilité ne peuvent s’exposer aux actions chinoises sans avoir bien étudié le marché, car les entreprises du pays sont souvent peu regardantes sur les aspects sociaux et de gouvernance d’entreprise. C’est pourquoi elles affichent encore souvent des notes inférieures à leurs homologues occidentales sur les critères ESG, comme le reflète le Morningstar Corporate Sustainability Score, une note moyenne pondérée en fonction des actifs qui se base sur les notes de risque ESG attribuées aux entreprises par Sustainalytics. La note de risque ESG mesure à quel point la valeur économique d’une entreprise peut être menacée par des facteurs ESG. Elle est exprimée sur une échelle de 0 à 100 ; plus la note est basse, plus l’entreprise adopte une démarche durable. Les entreprises reprises dans le MSCI China obtiennent une note globale de 26,77, contre 21,31 pour le MSCI World. Les entreprises chinoises restent également dans l’ombre des autres marchés émergents, puisque la note du MSCI Emerging Markets est de 24,89.
L’indice MSCI China compte 789 entreprises, dont 139 affichent une note de risque ESG égale ou supérieure à 40. C’est notamment le cas de PetroChina et de China Petroleum & Chemical Corp. Parmi les dix plus grandes positions de l’indice, les plus mauvaises notes reviennent à China Construction Bank Corp (29,11) et PDD Holdings (29,23).
La Chine compte donc de nombreux acteurs qui s’emploient activement à proposer des solutions contre le réchauffement climatique, mais pour autant, le marché n’est pas forcément recommandé aux investisseurs durables. Ces derniers doivent soigneusement étudier les entreprises dans lesquelles ils souhaitent investir avant de s’exposer.
Le top 5
Le top 5 de cette semaine reprend les cinq fonds de la catégorie Morningstar des actions chinoises qui affichent le Morningstar Corporate Sustainability Score le plus bas – et donc, le meilleur. Seuls ont été sélectionnés les fonds dont les données de portefeuille disponibles chez Morningstar ne sont pas antérieures à trois mois.
La première place revient au fonds Janus Henderson Horizon China Opportunities, dont la note de durabilité est meilleure que celle du marché des actions chinoises dans son ensemble. Le fonds est géré par May Ling Wee depuis octobre 2015. Aucun objectif de durabilité officiel n’a été fixé, mais l’approche adoptée par le fonds, qui recherche la croissance à un prix raisonnable (GARP),implique la sélection d’entreprises qui affichent une note de risque ESG relativement basse ; citons par exemple AIA Group (12,98), NetEase (17,74) et Ping An Insurance (17,80).
Fonds d’investissement |
Morningstar Analyst Rating |
Morningstar Rating Overall |
Corporate Sustainability Score du portefeuille |
Rendement total annualisé sur 3 ans (fin de mois) EUR |
Écart-type sur 3 ans (fin de mois) EUR |
Devise de base |
Frais courants KIID |
Code ISIN |
Janus Henderson Hrzn CHN Opps A2 EUR |
Negative |
ÙÙ |
23,33 |
-13,53 |
25,10 |
Euro |
1,88 |
LU0572944774 |
Amundi Fds China Equity A EUR C |
Neutral |
ÙÙÙ |
24,06 |
-12,23 |
27,31 |
Euro |
2,15 |
LU1882445569 |
Robeco Chinese Equities D € |
Neutral |
ÙÙÙ |
24,22 |
-13,24 |
23,47 |
Euro |
1,85 |
LU0187077309 |
Templeton China A(Ydis)EUR |
Negative |
Ù |
24,30 |
-15,81 |
30,94 |
Euro |
2,46 |
LU0260864003 |
BNP Paribas China Eq Cl C |
Neutral |
ÙÙÙ |
24,32 |
-13,04 |
25,37 |
Dollar américain |
2,23 |
LU0823426308 |
Ronald van Genderen est Senior Manager Research Analyst chez Morningstar Morningstar. Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives. Partenaire d’Investment Officer, Morningstar propose chaque semaine un classement des cinq meilleurs fonds ou prestataires d’un secteur ou thème donné.