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Investir dans les armes et l’industrie militaire est controversé pour de nombreux investisseurs. La loi Mahoux de 2007 interdit le financement d’armes controversées en Belgique.

Les investissements dans l’armement ou l’industrie militaire sont souvent controversés. Depuis 2013, la loi néerlandaise interdit d’investir dans les entreprises produisant, vendant ou distribuant des bombes à sous-munitions ou des pièces essentielles à la fabrication de ces dernières. Il convient toutefois de noter que cette interdiction légale ne s’applique pas aux participations dans des entreprises de placement ou des indices qui investissent dans l’armement, si les fabricants de bombes à sous-munitions ou les entreprises participant à cette production représentent moins de 5 % de la valeur de l’actif de l’établissement de placement ou de l’indice.

Lors du passage de cette loi, il y a une dizaine d’années, tous les gestionnaires d’actifs n’étaient pas prêts. Ainsi, ABN AMRO a dû sortir de sa gamme les fonds de Franklin Templeton. Avec l’avènement de l’investissement responsable, l’interdiction relative aux bombes à sous-munitions s’est transformée en exclusion plus générale de l’industrie de l’armement par les investisseurs institutionnels.

Les armes qui causent un préjudice démesuré, ne permettent pas de déterminer leur cible avec précision et fiabilité ou ne font aucune différence entre les cibles civiles ou militaires, sont exclues par un nombre croissant d’investisseurs, qui les caractérisent d’« armes controversées ». Cela signifie par exemple qu’en plus des fabricants de bombes à sous-munitions, les entreprises actives dans la production d’armes nucléaires, biologiques, chimiques, de mines anti-personnel, de phosphore blanc et d’uranium appauvri sont souvent exclues de l’univers de placement.

Pour donner un exemple concret, le sud-coréen LIG Nex1 Co Ltd, qui contribue à la production de bombes à sous-munitions, a été placé sur la liste noire de l’AFM et ne peut donc pas faire l’objet d’une prise de participation. Selon les critères durables appliqués par les différentes maisons de fonds, d’autres sociétés telles que Lockheed Martin, le plus grand acteur mondial de la défense, qui fournit à l’armée américaine des aéronefs, des navires, des véhicules et des fusées, mais aussi son homologue britannique, BAE Systems, ne peuvent appartenir à l’univers d’investissement.

Une politique plus stricte en matière de durabilité peut aussi exclure des producteurs d’armes tels que Smith & Wesson ou des entreprises pour lesquelles les commandes militaires forment une grande partie du chiffre d’affaires (c’est notamment le cas de General Electric ou de Rheinmetall). Si la défense n’a pas totalement disparu du paysage, pour les investisseurs, la nature du secteur a évolué au fil du temps. Avec l’avènement de l’Internet et la numérisation croissante, la cybersécurité joue un rôle de plus en plus important. La défense numérique a ainsi gagné en importance et semble constituer le dernier bastion d’investissement légitime.

Si l’exclusion de diverses industries liées à la défense s’est généralisée, le débat sur le caractère acceptable d’un investissement dans les acteurs de la défense s’est récemment ranimé avec l’invasion russe en Ukraine. Alors que les gouvernements européens renforcent nettement leurs investissements dans leurs capacités de défense nationales et internationales, les associations de défense des intérêts militent pour supprimer l’image négative qui colle à l’industrie. SEB Investment Management, la branche de gestion d’actifs de la banque suédoise SEB, a revu sa politique d’exclusion stricte pour le secteur de la défense, et décidé, en raison des tensions géopolitiques croissantes, d’offrir à quelques fonds la possibilité d’investir de manière plus large dans le secteur.

Le gestionnaire affirme que les investissements dans la défense sont essentiels pour maintenant et protéger la démocratie, la liberté, la stabilité et les droits de l’Homme. Il rejoint en cela les efforts du BDSV, le lobby allemand de l’industrie de la défense et de la sécurité, qui souhaite que l’UE reconnaisse que le secteur de la défense apporte une contribution positive à la durabilité sociale, dans le cadre de la taxonomie ESG. Après la classification temporaire du gaz et du nucléaire dans les énergies durables, ce serait une nouvelle controverse.

Nous avons établi un classement des fonds d’investissement et des ETF de la catégorie Morningstar des actions internationales de grande capitalisation mixtes en fonction de leur exposition à des entreprises directement ou indirectement impliquées dans des contrats relatifs aux armes militaires, aux systèmes balistiques, aux pièces nécessaires à la fabrication d’armes ou aux services liés à l’armement. La première place revient au fonds JO Hambro Capital Management Global Opportunities Offshore. L’actif du fonds est composé à près de 7 % de titres axés sur la défense, avec notamment des positions dans L3Harris Technologies Inc et Thales. Il y a un an, le fonds investissait aussi dans Northrop Grumman, l’un des plus grands acteurs mondiaux de la défense, et dans Raytheon Technologies et Safran ; la part de la défense dépassait alors les 10 %.

Belgique

Name

Product Involvement  procent - Military Contracting

Product Involvement # of Holdings - Military Contracting

ISIN

JOHCM Global Opportunities Offshore

6,96

2

IE00B80FZF09

JPM Global Focus Fund

5,30

3

LU0168342896

JPM Global Select Equity Fund

5,22

4

LU0157178582

Capital Group World G&I (LUX)

4,25

8

LU1991128999

T. Rowe Price Global Select Equity Fund

3,96

1

LU2243340283

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