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Alors qu’en début de mois, les opérateurs s’inquiétaient de la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt ainsi que du détricotage rapide des programmes de relance monétaire des banques centrales, ils ont été frappés de stupeur à la concrétisation du scénario le plus pessimiste, le 24 février, lorsque Vladimir Poutine a donné l’ordre à l’armée russe d’envahir l’Ukraine.

L’invasion brutale, la tragédie humanitaire qui s’en est ensuivie et la menace de nouvelle escalade du conflit dans des pays membres de l’OTAN ont entraîné des sanctions lourdes à l’encontre de la Russie et d’influents citoyens russes, des livraisons d’armes de pays occidentaux à l’armée ukrainienne, afin d’organiser sa défense, mais aussi une hypersensibilité des marchés financiers. Et pourtant, l’espoir d’une amélioration pointait à la fin du premier trimestre, avec l’ouverture de pourparlers pour un accord de paix.

La guerre a transformé la Russie en paria sur les marchés financiers. En soi, l’économie russe ne pèse pas très lourd à l’échelle planétaire, mais l’isolement du pays et la mise à l’arrêt de l’économie ukrainienne ont un impact profond sur l’économie mondiale. Les prix des matières premières (le gaz naturel et le pétrole, mais aussi, par exemple, le blé et le nickel) s’est envolé, entamant encore davantage le pouvoir d’achat des ménages, confrontés notamment à une hausse de leurs factures énergétiques, un prix à la pompe plus élevé et un caddie plus onéreux au supermarché. L’inflation, déjà importante, s’est encore envolée, atteignant son plus haut niveau depuis plusieurs décennies. Les perturbations des chaînes de production, qui bridaient la production industrielle depuis quelque temps déjà, se sont intensifiées et le bond des prix du fret a encore aggravé le problème. 

En outre, le Covid-19, malgré tous les assouplissements entrés en vigueur, pèse toujours sur la productivité mondiale, alors que la Chine a réinstauré un confinement strict, notamment à Shanghai et Shenzhen, deux centres économiques majeurs. Les marchés réalisent qu’une récession pourrait bien être imminente.

Pour les entreprises aussi, le premier trimestre de 2022 a été tumultueux. Meta, la maison mère de Facebook, a perdu plus de 200 milliards de dollars de capitalisation boursière après la publication de trimestriels décevants et l’annonce d’une intensification de la concurrence d’autres réseaux sociaux, qui met sous pression les revenus publicitaires. Netflix a aussi été fortement pénalisé après avoir indiqué que le nombre d’abonnés serait amené à diminuer. Spotify et PayPal ont aussi payé leurs prévisions décevantes. Pour les valeurs de croissance, plus spéculatives, en plein essor, mais toujours déficitaires, le premier trimestre a aussi été difficile, alors que les investisseurs se montrent plus pointilleux sur la valorisation de ces actions, notamment du fait de la hausse des taux. Mais tout n’a pas été noir pour ces sociétés : les plus robustes d’entre elles ont affiché des résultats très corrects. C’est notamment le cas d’Amazon et d’Apple, première entreprise à dépasser les 3000 milliards de dollars de capitalisation boursière, cette année.

Et malgré les mauvaises nouvelles qui ont déferlé en ce début d’année, les marchés ont globalement récupéré de la correction (de l’ordre de 10 à 20 %) sur le trimestre. Le S&P 500 a su limiter ses pertes à 2,6 % en euros, tandis que le MSCI World abandonnait un peu plus de 3 %. La série de sept trimestres consécutifs de performance positive a toutefois pris fin pour l’indice phare des actions mondiales. Les titres britanniques ont brillé, notamment grâce aux performances de grandes sociétés pétrolières et minières, qui représentent ensemble près du quart de l’indice phare outre-Manche. Les marchés émergents ont fermé la marche. La Russie, exclue des grands indices à la suite de l’invasion de l’Ukraine, mais aussi la Chine, ont accusé des pertes supérieures à la moyenne.

Le secteur énergétique a été, de loin, le fleuron du premier trimestre, avec une progression de plus de 33 % qui lui a permis de devancer largement ses concurrents. Cette envolée fait suite à une excellente année 2021, où le MSCI World Energy avait déjà gagné plus de 50 %. Depuis janvier 2021, le rendement total de l’indice s’établit à 101 %. Les matières premières ont terminé le premier trimestre dans le vert, tout comme les services aux collectivités. La rotation sectorielle, et la rotation de styles qui l’accompagne, de la croissance à la valeur, expliquent la piètre performance de la consommation cyclique, des services de communication et des technologies de l’information, qui ont perdu au moins 8 % au premier trimestre de 2022. Le MSCI World Value a généré un rendement positif de 1,5 %, battant le MSCI World Growth de plus de 9 points de pourcentage.

Le classement des cinq premiers fonds de placement de la catégorie Morningstar Actions Internationales Gdes Cap. Mixtes sur la base du rendement au premier trimestre 2022 est dominé par JOHCM Invest Global Opportunities. Les gérants Ben Leyland et Robert Lancastle identifient des tendances à long terme, puis sélectionnent des entreprises de qualité sous-valorisées qui peuvent en tirer profit. Les valorisations absolues jouent un rôle central à cet égard. Le fonds concentré, qui compte 39 positions, a bénéficié à la fois de l’allocation sectorielle et de la sélection des titres au premier trimestre. La surexposition aux services aux collectivités (16 % du portefeuille) et aux soins de santé (plus de 15 %) a assuré un biais défensif qui a permis de limiter les pertes. La sous-représentation (13 points de pourcentage) des actions technologiques a aussi été porteuse. La société minière Rio Tinto et la compagnie pétrolière Galp Energia figurent parmi les stars du portefeuille, tout comme Thales et L3Harris Technologies, deux sociétés actives dans le secteur de la défense. Pour les gérants, la revalorisation du secteur de la défense par le marché, qui s’appuie à la fois sur la croissance attendue et sur le caractère investissable du secteur, est intéressante.



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