Vincent Juvyns, JP Morgan
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Juvyns (JP Morgan AM) apprécie les thématiques de croissance dans un contexte économique qui s’annonce moins mauvais que prévu grâce aux interventions massives des banques centrales et des gouvernements. La Chine reste également un pari fort dans la stratégie d’allocation.

A l’entame des derniers mois d’une année 2020 qui aura été particulièrement délicate sur les marchés financiers, Vincent Juvyns (stratégiste chez JP Morgan Asset Management) souligne que « la seconde vague est aujourd’hui bien installée, plus particulièrement en Europe », même s’il souligne également que l’explosion de cas de ces derniers mois s’explique en partie par un nombre de tests beaucoup plus élevé qu’avant l’été. 

Conséquences économiques

Certains secteurs vont donc rester sous pression, comme les restaurants, le tourisme ou les voyages, qui seront encore loin de revenir sur des niveaux d’activités normaux. « Il est toutefois aujourd’hui possible de cohabiter mieux avec le virus  en utilisant des masques et du gel hydro-alcoolique et en testant plus massivement la population. Plusieurs secteurs économiques devraient être en mesure de revenir à la normale durant les prochains mois. Selon les régions, l’Europe tourne aujourd’hui à 85 ou 90% de son potentiel, mais les derniers 10% seront toutefois difficiles à récupérer car impactés lourdement par l’épidémie ».  

Dans le même temps, les mesures prises par les gouvernements des pays développés devraient permettre de limiter l’impact de la crise. « Les derniers chiffres pointent vers un impact économique qui devrait être moins important qu’initialement attendu », estime Vincent Juvyns, « ce qui est à mettre au crédit des interventions sans précédent annoncées par les autorités depuis le mois de mars. Ce n’est donc probablement plus le scénario du pire qui devrait se produire, d’autant que plus personne ne parle aujourd’hui plus d’austérité ». 

Rebond économique

« Nous continuons de privilégier une exposition chinoise, car le pays est parvenu à bien maîtriser sa sortie de crise tout en évitant l’apparition d’une seconde vague d’infections. Pour ce pays, nous continuons de tabler sur une reprise en V, avec un PIB qui aura totalement effacé la crise du COVID-19 d’ici la fin de l’année ». En Europe et aux Etats-Unis, le retour sur un niveau pré-crise ne sera possible qu’au mieux pour la fin 2021. 

Les banques centrales vont donc continuer à maintenir les taux réels à des niveaux très bas pour accompagner un scénario de reprise et faire en sorte que la charge de la dette reste supportable. La mise en place d’un plan de relance au niveau européen a également permis un renforcement de l’euro face au dollar et un retour des investisseurs internationaux, avec des flux financiers qui ont augmenté sensiblement durant les derniers mois. « Dès le mois de juin, nous avons ainsi renforcé nos positions sur l’Europe dans nos portefeuilles ». 

Risques boursiers

Dans le contexte actuel, les principales orientations vont donc se porter sur les actifs chinois, sur les actions de croissance dans des thématiques bien identifiées, et sur la dette d’entreprise pour la partie obligataire. Sur les marchés boursiers, Vincent Juvyns souligne que les risques apparaissent aujourd’hui plus équilibrés avec des attentes bénéficiaires qui sont revenues sur des niveaux plus réalistes ce qui a soutenu les titres durant l’été. 

« Les secteurs qui ont été les plus touchés par la crise sanitaire ne représentent finalement pas un poids important au niveau boursier (moins de 6% des indices), ce qui explique que les marchés sont parvenus à se maintenir sur des niveaux élevés en dépit de la crise profonde traversée par certains pans de l’économie. Pour autant, les valorisations sont loin d’être attractives dans un scénario où nous n’aurions pas de vaccin à court terme ». 

Hausse

Par contre, si un vaccin devait être trouvé, les marchés pourraient s’envoler vers de nouveaux records. « Il faut aujourd’hui se ménager un positionnement sur le risque d’une issue favorable à la crise actuelle, raison pour laquelle nous maintenons un positionnement long  sur les marchés boursiers en privilégiant les thèmes qui sortiront renforcés par la crise avec un contexte qui restera favorable aux valeurs de croissance ». 

A l’inverse, il estime qu’il restera difficile de nager à contre-courant des achats des banques centrales sur les marchés obligataires. « L’âge glaciaire sur les taux souverains va persister encore un long moment », constate Vincent Juvyns, « et il faudra rester dans le sillage des autorités monétaires qui vont continuer de faire pression sur les rendements de la dette d’entreprise ». 
 

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