Lee Spelman (J.P. Morgan AM) souligne les fondamentaux qui restent solides pour les actions américaines. En l’absence d’une récession, les investisseurs doivent continuer à préférer les actions faiblement endettées dans un contexte où la dispersion restera importante au sein d’un même secteur.
« En dépit de la forte performance boursière depuis le début de l’année, les investisseurs ne sont pas enthousiastes. Depuis cinq ans, de nombreux spécialistes nous prédisent une récession prochaine pour l’économie américaine. J’attends toujours que ces prévisions se réalisent », souligne Lee Spelman (Head of US Equities chez J.P. Morgan Asset Management). « L’impact des tensions commerciales s’est toutefois clairement intensifié depuis le début 2019 », notamment au niveau des dépenses d’investissement qui souffrent de la politique extérieure à géométrie très variable adoptée par la présidence américaine.
D’un autre côté, elle constate que les dépenses de consommation restent sur un rythme élevé, avec un taux de chômage sur des niveaux historiquement bas et des salaires en progression soutenue. « La bonne santé du consommateur américain devrait permettre d’éloigner encore un moment le spectre d’une récession ». Dans un contexte où l’économie américaine est quand même plus proche de la fin du cycle, elle estime néanmoins qu’il faut préférer les entreprises qui affichent un endettement sous contrôle.
Redressement
Lee Spelman rappelle également que la première règle en matière d’investissement est de ne jamais paniquer. « Les corrections se produisent à intervalles réguliers, et c’est un processus normal sur les marchés boursiers. Si vous étiez sortis du marché à la fin 2018, vous auriez loupé l’excellent premier trimestre de cette année ». Elle estime que sur le long terme, les actions américaines devraient continuer à surperformer les autres marchés. Premièrement, la valorisation n’est plus excessive, avec un rapport cours/bénéfice sur l’indice S&P500 qui tourne actuellement autour de 17. « D’un point de vue historique, nous pouvons dire qu’il s’agit d’un niveau normal pour le marché américain ».
Elle s’attend toutefois à ce que le consensus pour les actions américaines se corrige à la baisse pour retomber vers un niveau de 7 à 8% de croissance pour l’année prochaine, avec des programmes de rachat d’actions qui resteront très importants pour soutenir les perspectives bénéficiaires. « Le contexte actuel est idéal pour les sélectionneurs d’actions, car la dispersion est souvent très importante au sein d’un même secteur ». Elle met ainsi en avant le cas de Clorox, dont la valorisation est significativement plus élevée que celle de Google alors que les flux de liquidité sont en baisse et que la croissance bénéficiaire est à peine positive.
Rotation sectorielle
Au niveau de l’allocation sectorielle, Lee Spelman estime que les secteurs défensifs (immobilier,biens de consommation, etc) devraient continuer à bien se comporter, avec des entreprises génératrices de rendement resteront recherchées par les investisseurs. « Dans le contexte où les rendements sur les actions restent nettement plus élevés que les taux, il s’agit d’un arbitrage que de nombreux investisseurs obligataires continueront à faire ».