Si un accord est atteint concernant le Fonds de relance européen pour faire face à la crise du coronavirus, celui-ci pourrait devenir un véritable ‘game changer’ pour l’Union européenne, déclare Vincent Juvyns (photo). Pour lui, c’est l’une des raisons d’être à nouveau un peu plus positif concernant les actions européennes.
Juvyns, Global Market Strategist chez JP Morgan Asset Management, a indiqué mardi dans les perspectives d’investissement de milieu d’année 2020 être très impressionné par l’approche européenne. Bien que l’accord final n’ait pas encore été atteint, le fait que l’Allemagne prenne l’initiative de créer un Fonds de relance européen pour faire face à la crise du coronavirus renforce sa confiance.
Et ce n’est pas tout, car même dans la lutte contre le chômage massif, l’approche européenne, qui est principalement axée sur le maintien de l’emploi, reste positive. « Aux États-Unis, en revanche, le choix a été fait d’augmenter les allocations de chômage. Cela a permis d’atténuer la baisse relative des revenus, ce qui est positif, mais ne dit rien sur le chômage généré par la crise », déclare Juvyns.
Enfin, il y a moins de turbulences politiques en Europe. « Les prochaines élections aux États-Unis génèrent de l’agitation, même si leur résultat n’aura que peu d’impact sur les relations géopolitiques entre les États-Unis et la Chine », estime-t-il.
Reprise prudente
Selon Juvyns, une reprise prudente des actions européennes peut également être observée sur les marchés financiers. « Si l’on compare le marché européen corrigé de l’inclinaison vers les services financiers avec le marché américain corrigé de l’inclinaison vers les entreprises technologiques, on obtient un tableau similaire. Le succès ou l’échec du fonds européen de relance peut faire toute la différence. »
Toutefois, pour l’Europe, cela ne conduira pas automatiquement à la reprise en V tant citée. D’après Juvyns, celle-ci n’est d’application qu’en Asie, et en particulier en Chine. Aux États-Unis et en Europe, la reprise se caractérise plutôt par une forme de ‘swoosh’, une virgule avec un début évoquant une reprise en forme de V, mais qui finit par s’aplatir. Juvyns s’attend à ce que cet aplatissement se stabilise à partir de 2021.
En raison de la faiblesse des taux d’intérêt, il reste toutefois positif à l’égard des marchés actions. « Nous constatons que les valorisations sont de nouveau en légère hausse, mais les bénéfices sous-jacents sont maintenant beaucoup plus réalistes qu’ils ne l’étaient avant la crise. Je ne m’attends pas à retrouver des valorisations comme celles de la fin 2019 avant la fin 2021. »
Juvyns ne s’inquiète pas d’une deuxième vague de contaminations par le COVID-19. « C’est principalement dû au fait que nos capacités de test se sont améliorées et étendues. De plus, nous nous sommes également habitués à la manière dont nous devons gérer ce virus. » Bien que ce ne soit pas conforme aux attentes, le risque d’une deuxième vague est à l’heure actuelle ce qui retient de ne pas être encore franchement haussier.
Juvyns revient sur les attentes pour 2020 qu’il avait formulées fin 2019. Les attentes en termes d’allocation sectorielle et régionale ont bien résisté jusqu’à présent. En décembre 2019, le gestionnaire d’actifs avait exprimé dans les perspectives une préférence pour les actions américaines et chinoises. Ni les unes ni les autres n’ont déçu jusqu’à présent.
La Chine favorite
La Chine reste également favorite pour la gamme de produits à revenu fixe. Selon Nicolas Deblauwe, Country Head Benelux & France, ce marché offre toujours de très bonnes perspectives malgré une croissance énorme ces dernières années. Et ce, en raison de son inclusion dans les indices de référence mondiaux, mais aussi parce que l’allocation des investisseurs dans les obligations chinoises est encore faible, alors qu’il existe un net avantage de diversification.
Outre ce thème, Deblauwe voit encore deux autres thèmes du premier semestre dont il attendait qu’ils dureraient au second semestre. Bien que les fonds aient subi des sorties de capitaux sur toute la ligne, ce n’était pas le cas pour les investissements ESG. Deblauwe parle d’un signe clair que la demande d’investissements plus durables reste forte. Il s’attend également à ce que la demande d’investissements thématiques augmente. C’est en période de forte volatilité que les gestionnaires actifs peuvent le mieux démontrer leur valeur ajoutée.