L’univers des actions à fort taux de dividende subit des influences très contrastées. Certes, ces titres ont le vent en poupe en raison de la quête permanente de rendements, des dividendes records et de la demande toujours croissante de placements générant des revenus. Mais force est aussi de constater que les valorisations sont assez élevées, que le rendement du dividende joue un rôle moindre dans le rendement total en phase haussière et que les piliers traditionnels d’un portefeuille de titres à dividende (soit les valeurs pétrolières, les producteurs de tabac ou les banques, notamment) doivent faire face à des défis énormes, qui remettent en question leur modèle d’activité.
Cette semaine, Jeffrey Schumacher, analyste chez Morningstar, passe au crible les fonds d’actions internationales à dividende. Il a établi un top 5 sur la base du rendement des trois années précédentes (clôture au 31 janvier 2020).
Sur les trois années écoulées, les actions à fort taux de dividende ont eu peu d’occasions de montrer leur valeur ajoutée. Dans un marché résolument orienté à la hausse, les actions qui offrent un rendement de dividende élevé et fiable ne sont en effet pas particulièrement prisées. Le caractère généralement défensif que ces titres offrent n’est souvent apprécié que lorsque les marchés traversent des zones de turbulences.
Cela a notamment été le cas au quatrième trimestre 2018 : les actions de croissance ont fortement corrigé, tandis que celles à dividende prospéraient. Sur la période, l’indice MSCI World High Dividend Yield a su limiter ses pertes à 7,2 %, alors que le MSCI World Growth abandonnait deux fois plus de terrain (14 %) et que même le MSCI World cédait 12 %.
Des rendements en retrait
Mais sur trois ans, les actions à fort taux de dividende sont restées dans l’ombre du marché dans son ensemble. Le MSCI World a affiché, sur les trois années achevées fin janvier 2020, un rendement annualisé de 10,5 %, soit 2,5 % de plus que celui de l’indice MSCI World High Dividend Yield.
Le fait que les rendements soient en retrait par rapport au marché dans son ensemble s’explique par un certain nombre de facteurs, et en premier lieu les valorisations et les « pièges à rendement ». Car avec la quête de rendements, les valorisations des titres versant des dividendes solides sont devenues trop élevées pour de nombreux gérants de fonds à dividende. Un bon exemple est le secteur défensif des biens de consommation : la plupart des fonds à dividende axés sur la valeur estiment que les entreprises telles que Nestlé, Pepsi et Procter & Gamble sont trop onéreuses. Mais les options plus attrayantes au sein de l’industrie du tabac, par exemple, sont aussi plus risquées. La nette sous-pondération des actions américaines explique aussi les rendements moindres. Un fonds à dividende investissant dans des actions mondiales compte en moyenne 42 % d’actions américaines, soit 20 points de pourcentage de moins que le MSCI World.
Mais malgré ces rendements moins élevés, les fonds à dividende restent toujours prisés des investisseurs. Au cours de l’année écoulée, la catégorie a affiché une collecte de 680 millions d’euros. Sur 10 ans, les investisseurs ont placé près de 33 milliards d’euros dans des fonds à dividende internationaux. Les flux enregistrés en 2019 montrent toutefois que les fonds actifs ont connu une décollecte nette, alors que les fonds passifs prenaient de l’essor. La catégorie reste toutefois dominée par les fonds actifs, qui affichent une part de marché de 96 %.
Le top 5
Le top 5 des fonds à dividende mondiaux, sur la base de leur rendement sur les trois dernières années, est dominé par le fonds JP Morgan Global Dividend, avec un rendement annualisé de 9,96 %. Créé en octobre 2010, ce fonds est géré par Sam Witherow et Helge Skibelli.
La deuxième place revient au fonds Fidelity Global Dividend, avec un rendement annualisé sur la période de 9,53 %. Le fonds, assorti d’une notation Morningstar Analyst Rating Bronze, est géré depuis sa création, en 2012, par Dan Roberts. Ce dernier réalise une grande partie de ses analyses lui-même, mais s’appuie également sur le travail de ses collègues pour se former une opinion sur les fonds de dividende régionaux et puise dans les capacités de recherche extensives de l’équipe d’analystes actions de Fidelity. Son processus bien équilibré met aussi bien l’accent sur la qualité et sur les valorisations.
Des analyses bottom-up axées sur la génération de trésorerie ainsi que la solidité des modèles d’activité et des bilans lui permettent de composer un portefeuille incluant 50 à 60 positions. À 30 % par an, le taux de rotation du portefeuille témoigne de l’approche à long terme de Dan Roberts ; le bêta par rapport au MSCI World est structurellement inférieur à 1, ce qui souligne le caractère plutôt défensif du fonds.
Name |
Total Ret YTD (Mo-End) EUR |
Total Ret Annlzd 3 Yr (Mo-End) EUR |
Std Dev 3 Yr (Mo-End) EUR |
Morningstar Analyst Rating |
Morningstar Rating Overall |
ISIN |
JPM Global Dividend Fund |
2.17 |
9.96 |
10.28 |
|
**** |
LU0329202252 |
Fidelity Global Dividend Fund |
1.04 |
9.53 |
8.08 |
Bronze |
**** |
LU0772969993 |
BL-Equities Dividend |
1.43 |
9.40 |
8.29 |
|
*** |
LU0309191657 |
Investec GSF Global Quality Eq Inc Fd |
1.40 |
9.10 |
10.17 |
|
**** |
LU1228905037 |
BNY Mellon Global Equity Income Fund |
1.15 |
9.07 |
9.01 |
Neutral |
***** |
IE00B3SXRS86 |