Karel Baert
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Comment un banquier devient-il headhunter ? Pourquoi l’œuvre de Stijn Streuvels occupe-t-elle une place particulière dans son cœur ? Et pourquoi une base familiale saine constitue-t-elle la pierre angulaire d’une carrière réussie ? Karel Baert, CEO de la fédération sectorielle Febelfin, raconte son histoire dans Le Miroir, le podcast dans lequel des personnalités du monde financier parlent de leur carrière et de leur vie. 

 

Karel Baert est né à Louvain et s’est installé à Bruges à l’âge de sept ans. Sa mère était éditrice et son père, libraire. « J’ai grandi avec la mentalité du « client d’abord ». Cet état d’esprit m’a été inculqué dès mon plus jeune âge et je l’ai toujours conservé, que ce soit en tant que consultant, banquier ou aujourd’hui, au sein de la fédération sectorielle Febelfin. Être constamment au service de nos membres est essentiel pour moi. Le service et l’orientation sur les résultats constituent des valeurs importantes. »

Même si ses parents étaient entrepreneurs, on parlait peu de finances à la maison. C’est par l’intermédiaire de son grand-père qu’il est entré pour la première fois en contact avec la Bourse. « Mon grand-père vivait à Hasselt et était correspondant pour Het Belang van Limburg, où il tenait la chronique boursière. Quand j’étais petit, je ne devais faire aucun bruit à cinq heures de l’après-midi, car c’était le moment où les cours boursiers étaient annoncés à la radio. Mon grand-père devait tout noter soigneusement pour le publier ensuite dans le journal. »

Stijn Streuvels

Karel Baert est également le petit-fils de Stijn Streuvels, l’un des écrivains flamands les plus importants du siècle dernier. « J’avais neuf ans lorsqu’il est décédé, mais je garde un souvenir ému de lui et du Lijsternest, où il vivait. Bien que je n’aie pas lu tous ses livres, je m’intéresse à ses œuvres plus autobiographiques. En tant que membre de la famille, je les trouve bien sûr particulièrement intéressantes. Malgré mon environnement familial culturel et littéraire, j’ai suivi une autre voie. J’ai étudié le droit, ce qui a fait de moi l’exception de la famille. »

Karel Baert n’a travaillé comme avocat que pendant une courte période seulement. Grâce à ses études en Allemagne, il a eu l’occasion de rejoindre Deutsche Bank. « J’ai saisi cette opportunité avec enthousiasme. Ce qui m’attirait surtout, c’était la possibilité d’en apprendre davantage sur le monde économique. Je me suis dit qu’une ou deux années d’expérience dans une banque ne pourraient pas me faire de mal et me seraient même bénéfiques en guise de formation complémentaire, mais je dois reconnaître que le secteur m’a tellement passionné et que j’ai pris tellement de plaisir à y travailler que j’y ai pratiquement passé le reste de ma carrière. »

Allemagne

Karel Baert est finalement resté dix ans chez Deutsche Bank. Il est devenu responsable commercial pour le corporate banking en Flandre occidentale, avant de s’installer en Allemagne pour devenir directeur régional.

« Comme ma femme avait un cabinet de médecine générale florissant à Anvers, la décision n’a pas été facile. Finalement, nous avons tout de même décidé de nous installer ensemble en Allemagne. Nous étions convenus que mon épouse pourrait y poursuivre son activité ou créer un nouveau cabinet. Nous avons fait construire une maison en Allemagne avec un espace dédié à son cabinet, afin qu’elle puisse commencer à exercer en tant que médecin généraliste. Ce fut une période passionnante. »

Karel Baert a travaillé en Allemagne pendant cinq ans. Pendant les deux premières années, jusqu’à ce que la maison soit terminée, il se rendait seul en Allemagne pendant la semaine. « Rester trop longtemps absent fait de vous un étranger au sein de votre propre famille. Les décisions les plus importantes sont alors prises sans vous, ce qui est compréhensible. À un moment donné, j’ai compris que si je voulais vraiment continuer à faire partie de la famille, il fallait que je sois plus souvent à la maison. J’ai donc été très heureux que toute la famille ait déménagé avec moi et que nous ayons pu vivre cette aventure ensemble. »

La famille Baert est finalement retournée en Belgique. « À un moment donné, nous avons remarqué que les enfants commençaient à parler allemand entre eux. Ma femme et moi avons alors réalisé que si nous restions plus longtemps, ce serait pour le reste de notre carrière. » À cette époque, Karel Baert a également été approché pour codiriger la nouvelle bpost banque, ce qui a conduit la famille Baert à rentrer en Belgique.

Headhunter

Après six années passées chez bpost banque, Karel Baert a pris une décision de carrière notable : il est devenu headhunter chez Egon Zehnder, où il a passé les 20 années suivantes de sa carrière en tant qu’associé. Il recrutait principalement des personnes pour des postes de haut niveau dans les secteurs financier et public. L’évaluation de comités de direction et de conseils d’administration est également devenue une tâche importante. « Les 20 années pendant lesquelles j’ai travaillé en tant que chasseur de têtes m’ont énormément enrichi. J’ai beaucoup appris sur la nature humaine. »

Il a également beaucoup appris sur les motivations des dirigeants du secteur financier. « L’argent n’est pas une motivation plus forte pour travailler dans la finance que dans d’autres secteurs. Il est évidemment important de bien gagner sa vie, car cela montre à quel point une entreprise valorise ses employés et il ne faut pas sous-estimer cet aspect. Cependant, l’avidité n’est plus une force motrice dans le secteur. Surtout après la crise de 2008, le secteur financier est devenu l’un des secteurs les plus socialement responsables. Il serait vraiment erroné de penser que le secteur est uniquement guidé par la cupidité. La génération actuelle de banquiers est différente de celle d’il y a 20 ou 25 ans. »

Febelfin

En 2020, Karel Baert a succédé à Karel Van Eetvelt en tant que CEO de Febelfin, la fédération du secteur financier. « Je n’ai pas hésité un instant à relever ce défi. Je voulais à nouveau ressentir l’énergie d’être aux commandes. »

Il s’efforce d’être lui-même un leader crédible et défend le principe du leadership par l’exemple. « Il est important de montrer l’exemple. Ce que vous attendez de vos collaborateurs, vous devez aussi le faire vous-même. De plus, il est essentiel d’impliquer vos collaborateurs dans vos décisions et de ne pas oublier l’aspect humain, en tenant compte de leur situation familiale. »

Cependant, Karel Baert reconnaît qu’il a encore des points à améliorer. « Je suis souvent trop exigeant. Je dois tenir compte du fait que les nouveaux collègues ont besoin de temps pour s’adapter à l’organisation. Cependant, je sais qu’il est important de donner aux gens l’opportunité de se développer. »

Conseils aux enfants

Karel Baert a trois enfants, qui réussissent également très bien sur le plan professionnel. Son fils est psychologue et travaille dans un centre d’habitat accompagné. Sa fille Isabel est CEO du fabricant de pralines Neuhaus et sa fille Anneloes dirige son propre cabinet d’avocats. « Je leur conseille de veiller à bénéficier d’un soutien adéquat à la maison, sans quoi il devient difficile et stressant de développer une carrière. Ma femme et moi y avons toujours veillé. Lorsque nous rentrions à la maison, nous ne devions pas commencer par faire le ménage, mais pouvions vraiment passer du temps de qualité avec les enfants. »

En effet, Karel Baert accorde beaucoup plus d’importance à sa famille qu’à sa carrière. « En fin de compte, nous poursuivons tous le même objectif : être heureux dans la vie. Pour cela, la carrière n’est pas le plus important. Ce qui compte le plus, c’est une famille heureuse ou un environnement favorable pour s’y épanouir, ainsi que de bons amis. Je pense qu’une base familiale solide est essentielle pour bâtir une carrière réussie. »

« Si vous êtes malheureux dans votre vie privée, cela se répercute également sur le plan professionnel », déclare-t-il. « Et tôt ou tard, cela finit par mal tourner. Plus d’une fois, j’ai vu des hauts dirigeants tomber dans une spirale négative, et notamment sombrer dans l’alcool, parce que leur foyer n’était plus un nid chaleureux. »
 

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