La livre sterling a repris un peu de couleurs récemment, selon Mathias Van der Jeugt de KBC. Le cours EUR/GBP est passé sous un premier niveau de support de 0,91 et a pris la direction de 0,9050.
Lors de sa tournée européenne, le premier ministre britannique Boris Johnson a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron. Ces derniers ont entrouvert la porte à une révision de certaines parties de l’accord sur le Brexit, à condition de ne pas toucher au processus de paix irlandais (pas de frontière physique) et au marché intérieur européen. Détail piquant: Johnson a 30 jours pour réaliser l’exploit. L’horloge continue donc de tourner… Il ne faut par ailleurs pas oublier que la rentrée parlementaire n’aura en principe lieu qu’en début septembre. En outre, la donne pourrait encore être compliquée après les congrès de parti annuels.
May
La livre sterling était sous pression depuis la démission de Theresa May. Son probable remplacement par le controversé Boris Johnson avait fait passer le cours EUR/GBP de 0,85 à 0,93. Johnson est toujours déterminé à quitter l’UE le 31 octobre, même sans accord, avec toutes les conséquences que cela implique pour le Royaume-Uni. Un document de l’administration britannique ayant fuité dans la presse met en garde contre le risque de pénurie de carburants et de médicaments, le risque de chaos dans les ports et le risque ne pas pouvoir conclure rapidement de nouveaux accords commerciaux bilatéraux. Les événements d’hier dénotent une certaine volonté de compromis. Les amendements à l’accord initial négocié par May - rejeté trois fois par le parlement britannique - pourraient être «vendus» comme une victoire politique tant par les dirigeants européens que par le gouvernement britannique. L’UE aura su rester ferme et Boris Johnson sera parvenu à modifier l’accord de May comme il le souhaite via les amendements réalisés.
Dans l’hypothèse où des modifications sont effectivement apportées à l’accord sur le Brexit, celui-ci devra une nouvelle fois être soumis à l’approbation du parlement britannique. Si une majorité des députés donnent leur accord, le Royaume-Uni quittera l’UE le 31 octobre sur la base de ce nouveau texte. Si le parlement rejette cette nouvelle mouture, reste à voir s’il pourra/voudra bloquer le «no deal», comme il l’a déjà fait en début d’année. L’étape suivante sera alors de savoir si les Européens et les Britanniques sont prêts à reporter une nouvelle fois l’échéance. Si les parlementaires ne parviennent pas à s’entendre sur ce point, le Royaume-Uni larguera les amarres en fin octobre dans les pires conditions imaginables. En cas de report, nous serons de retour à la case départ. Toutes les options seront alors de nouveau sur la table, d’une motion de méfiance à l’encontre du gouvernement à de nouvelles élections, en passant par un nouveau référendum.
Le processus de décision décrit ci-dessus montre que toutes les pièces devront parfaitement s’emboîter pour que la livre sterling puisse respirer davantage. Si l’on se fie à la manière dont le dossier du Brexit a évolué jusqu’à présent, la suite des événements n’aura donc rien d’un long fleuve tranquille. Le prochain niveau de support de la paire EUR/GBP tourne autour de 0,90 (rebond de 38% par rapport à mai). Ce cap pourra difficilement être franchi sans réelle avancée.