
L’économie américaine a enregistré une croissance sans précédent au premier trimestre 2019 (2,9 %), ce qui a plus que compensé le net ralentissement de la croissance au deuxième trimestre 2018 (2,2 %). Mais, prévient Jan van Hove, économiste en chef du Groupe KBC, l’hirondelle ne fait pas le printemps.
Dans une vision du marché, il explique que les détails qui se cachent derrière les derniers chiffres de croissance sont moins roses. « L’accélération de la croissance est due à une augmentation des stocks ainsi qu’à un effet net positif des exportations. En revanche, la croissance de la consommation intérieure et des investissements s’est ralentie. Le ralentissement de la croissance de la consommation, qui a été pendant des années le moteur du cycle économique américain actuel, est particulièrement préoccupant. »
Malgré la forte augmentation du nombre d’emplois et la hausse des salaires, le consommateur américain devient plus prudent, déclare Van Hove. « La consommation de biens durables a même diminué de 5,3 %, ce qui indique une baisse de la confiance des consommateurs à long terme. La prudence du consommateur américain se manifeste également dans la baisse des importations américaines, qui a un effet positif sur la croissance à court terme, mais indique un ralentissement de la croissance à plus long terme. L’augmentation des stocks est aussi souvent le signe précurseur d’un ralentissement ultérieur de la croissance, l’augmentation des stocks pouvant finalement entraîner une baisse de la production. »
Points d’interrogation concernant la politique de la Fed
Van Hove affirme que les chiffres soulèvent des points d’interrogation concernant la politique de la Fed. En effet, comment la banque centrale américaine perçoit-elle les chiffres du premier trimestre ? Comme un rebond temporaire ou comme une normalisation ? Les marchés penchent pour la première option, estime l’économiste en chef de KBC. Au premier trimestre 2019 (1,3 %), l’indice des prix a en effet baissé par rapport au quatrième trimestre 2018 (1,8 %), ce qui indique un ralentissement de la croissance à plus long terme.
KBC ne considère pas que l’euphorie du Président Trump au sujet de la croissance soit de mise. Van Hove voit dans son analyse une croissance modérée de la consommation, une augmentation des stocks ainsi qu’une évolution plus faible des prix et donc, un (léger) ralentissement de la croissance au cours de cette année.
« C’est peut-être une bonne nouvelle pour l’économie mondiale, qui a désespérément besoin d’incitations positives. L’Europe en particulier - avec les exportateurs allemands en tête - peut profiter de la belle fin de l’été américain.