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Jan Van Hove, Group Chief Economist van KBC, dit que la locomotive allemande soit très importante.

Jan Van Hove à Investment Officer : ‘Les taux de croissance négatifs publiés en Allemagne pour le deuxième trimestre ont profondément marqué les marchés. Ils ravivent en effet la crainte qu’une récession allemande n’entraîne dans son sillage toute l’économie européenne. Même à l’échelle mondiale, cette perspective inquiète, comme en témoigne le fait que Jerome Powell ait explicitement cité le ralentissement de la croissance économique européenne parmi les facteurs de risque dans le discours qu’il a prononcé après l’abaissement des taux opéré par la Fed. La contraction observée en Allemagne est principalement à attribuer aux difficultés domestiques et internationales auxquelles l’industrie allemande est confrontée. Cependant, tout n’est pas négatif pour l’industrie allemande, loin de là. Penchons-nous un instant sur la révolution industrielle que traverse en ce moment le pays.’

Locomotive

Au cours de la décennie écoulée, l’industrie allemande s’est clairement érigée en locomotive de l’économie européenne. 
Van Hove : ‘La croissance était soutenue par des facteurs liés à l’offre et à la demande. L’émergence du marché chinois, mais aussi la proximité des marchés d’Europe de l’Est, ont offert de nouvelles opportunités aux exportateurs allemands. Une politique intérieure misant sur une augmentation modérée du coût du travail a renforcé la compétitivité allemande, tandis que la pénurie sur le marché de l’emploi a pu être contrée en déplaçant la production vers l’Est. L’innovation est devenue un aspect crucial, en particulier à travers des collaborations avec les universités allemandes. La plupart de ces facteurs clés de succès se retrouvent à présent sous pression.

La demande internationale est en perte de vitesse, notamment à cause du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, et la réserve de main-d’œuvre d’Europe de l’Est est désormais épuisée. L’innovation allemande mise dès lors résolument sur les technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre, comme la robotisation du processus de production, aussi appelée innovation de processus dans le jargon spécialisé. Fin 2018, 16% des entreprises allemandes recouraient à des robots dans le cadre de leur processus de production. Parmi les grandes entreprises (employant plus de 250 travailleurs), ce pourcentage atteint même 53%, ce qui fait de l’Allemagne un leader européen incontesté dans ce domaine.’

Plusieurs révolutions industrielles qui se manifestent à l’échelle internationale forcent à présent l’Allemagne à adopter une autre approche. La tendance à des modèles de voitures plus écologiques, notamment, requiert une autre sorte d’innovation et une mise en œuvre différente. Il s’agit en effet d’une innovation rapide des produits, et pas tant d’une innovation des processus. Cette transition technologique prend donc beaucoup plus de temps et explique la disruption que l’on observe en ce moment en Allemagne.

Révolution industrielle

Cette évolution devrait cependant selon les attentes déboucher sur une révolution industrielle réussie. L’économie allemande a consenti d’importants efforts budgétaires sur le plan des dépenses en faveur de la recherche et du développement (voir l’illustration). La rentabilité des plus grands groupes allemands leur permet de continuer à investir dans cette transition, et les pouvoirs publics allemands disposent des réserves financières nécessaires pour soutenir le marché si le besoin s’en fait sentir. Un tel soutien n’aura bien sûr rien d’un chèque en blanc, ne serait-ce que parce que les règles européennes interdisent les aides publiques aux entreprises. Toutefois, le grand sommet allemand consacré au climat qui se tiendra en septembre pourrait marquer le coup d’envoi d’un plan ambitieux de lutte contre les changements climatiques qui impliquerait de facto de soutenir l’industrie allemande dans sa transition en direction de techniques et produits plus écologiques. Nulle part d’autre qu’en Allemagne nous ne voyons en tout cas d’environnement aussi propice à cet égard.

Conclusion : la locomotive allemande a donc des ratés, mais cela ne sera que temporaire. La transition technologique tombe à un moment peu opportun vu les turbulences qui secouent la politique internationale. La locomotive est lourde et lente, mais une fois qu’elle aura le nez dans la bonne direction, l’Allemagne reprendra la tête de la relance industrielle en Europe. La patience est de mise, et il s’agit malheureusement d’une vertu qui se fait rare sur les marchés.

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