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Les stratèges de KBC sont sous-pondérés en actions comme en obligations. S’ils étaient même très fortement sous-pondérés en obligations, ils ont récemment commencé à construire leurs positions. « Les marchés n’anticipent pas encore une récession plus forte. » 

C’est ce qu’affirme Tom Mermuys (photo), stratège de marché chez KBC, qui présente toujours une sous-pondération en actions relativement forte. 
« Le fait que nous récupérions quelques obligations peut sembler un peu illogique à certains. Le taux d’intérêt n’est‑il toujours pas bien trop bas et ne doit-il pas nettement remonter ?

Tout ceci est vrai, et il est fort probable que le taux d’intérêt remonte d’ici un an. Il faut néanmoins savoir que le taux d’intérêt des obligations d’État sûres n’a fait que baisser, au cours des cinquante dernières années et sans exception, à chaque coup dur porté à l’économie. Les investisseurs s’emparent des valeurs refuges et font grimper les cours obligataires. À l’instar de la correction boursière, ce pic des cours n’est pas éternel et nous atteindrons ultérieurement des taux d’intérêt plus élevés, mais pour l’instant, les obligations d’État sûres jouent un rôle de tampon. » 

Mermuys et son équipe s’inquiètent des prévisions économiques combinées aux mesures des banques centrales. « Nous avons le sentiment d’être sur la corde raide, en tout cas en Europe où une récession est en approche, mais c’est aussi le cas en Amérique. Notre scénario de base prévoit un atterrissage ‘en douceur’, mais il existe bel et bien des risques que les choses empirent. »  

Il estime que l’inflation met trop longtemps à se résorber. Ceci vaut en particulier pour l’Europe selon Mermuys, car la crise énergétique s’y rapproche. « En ce qui nous concerne, une récession plus forte n’a pas encore été anticipée. » 

Allocation

Concernant les actions, l’équipe de KBC adopte une position plutôt défensive. « Nous croyons toujours fort en l’énergie et la pharmaceutique. Nous ne constatons pas de revirement immédiat dans les prix de l’énergie et les marges de raffinage, et les entreprises actives dans ces secteurs peuvent ainsi continuer à enregistrer de bons résultats. Le secteur pharmaceutique est le secteur défensif par excellence, avec de belles perspectives de profit et un impact moindre de l’inflation. »  

L’équipe réduit son exposition au cycle économique en diminuant le sous-secteur des biens d’équipement au sein du secteur industriel. La baisse des indices de confiance exerce en effet une pression sur ce sous-secteur et, selon Mermuys, une demande de produits réduite a pour conséquence une baisse des investissements en biens d’équipement.  

« Nous sommes plus positifs vis-à-vis des biens de consommation non cycliques. Dans ce secteur, notre préférence va aux produits alimentaires et aux producteurs de produits d’entretien. Nous sélectionnons des entreprises ayant suffisamment de pouvoir de fixation des prix pour répercuter sur leurs clients l’augmentation des coûts (matières premières, transport). » 

Une position défensive est également de mise pour ce qui concerne les obligations. « Le volet des obligations est traditionnellement composé d’obligations d’État et d’entreprise, mais nous sommes également devenus plus défensifs concernant ces dernières. Nous écartons ainsi ce qui ressemble à des titres subordonnés. Nous avons échangé une partie de nos obligations d’entreprise contre des obligations d’État de pays stratégiques, et avons ainsi laissé l’Italie de côté. »

Mermuys n’a actuellement aucune position dans le portefeuille concernant les obligations à haut rendement. « Nous en avions avant, mais en sommes progressivement sortis, et ce pour deux raisons : tout d’abord, elles sont relativement cycliques et, en cas de fort ralentissement de la croissance, les spreads augmentent. En outre, elles sont moins liquides, or c’est lorsqu’on n’a pas de liquidité qu’on en a justement besoin. Nous n’avons pas non plus de titres de dette de marchés émergents.

Cette classe d’actifs est en difficulté dans un climat incertain, avec un taux d’intérêt croissant aux États‑Unis. Il se peut cependant que nous finissions par reprendre des obligations de pays émergents, la croissance chinoise étant indépendante de celles des États‑Unis et de l’Europe et le problème de l’inflation y étant moins présent », affirme Mermuys.

Les résultats d’exploitation

Mermuys se montre enfin critique quant aux résultats d’exploitation aux États-Unis pendant le deuxième trimestre, pourtant meilleurs qu’escomptés jusqu’à présent. « La surprise vient beaucoup du secteur énergétique. Si on le retire de l’ensemble, les résultats sont nettement plus faibles. Le test décisif aura lieu aux troisième et quatrième trimestres, mais nous avons le sentiment qu’il s’agit là d’un sursis d’exécution. » 

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