Les perspectives de l’économie mondiale sont assombries par le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, affirme Keith Wade, chef économiste chez Schroders. Keith Wade s’attend dès lors à une période de croissance inférieure à la moyenne.
Pour 2019, la prévision de croissance est maintenue à 2,8 %, mais pour 2020, Schroders a ramené sa prévision de croissance à 2,6 % (contre 2,7 % précédemment). La forte croissance du premier trimestre de cette année est due surtout à la constitution de stocks. Comme il s’agit d’un facteur temporaire, la croissance du trimestre en cours retombera donc. Et il y a encore d’autres signes de faiblesse. La faible croissance sous-jacente rend l’économie mondiale vulnérable aux chocs. Pour Keith Wade, les plus grandes menaces sont une éventuelle récession aux États-Unis en 2020 ou une nouvelle escalade dans la guerre commerciale.
La politique monétaire reste accommodante
Keith Wade pense que les taux d’intérêt américains ont atteint leur pic. Selon lui, la prochaine étape sera une baisse des taux d’intérêt en juin de l’année prochaine, en réaction au ralentissement de la croissance. Le Royaume-Uni et l’Europe devraient également connaître un recul des taux d’intérêt. Il pense que la BCE attendra la mi-2020 avant de mener une politique plus stricte. Le dollar devrait rester fort à court terme, mais s’affaiblira à mesure que le politique monétaire deviendra plus stricte au Royaume-Uni et dans la zone euro.
L’économie mondiale reste vulnérable
La question que Keith Wade se pose est de savoir si l’économie mondiale souffre d’une stagnation séculaire, caractérisée par une faiblesse endémique de la croissance économique et de l’inflation. La crise financière a provoqué un déficit de la demande dans l’économie mondiale parce que les ménages américains ont réduit leur endettement et que la Chine a commencé à s’attaquer au problème des créances irrécouvrables dans son système bancaire.
Cette opération a été masquée par les mesures de relance prises par la Chine fin 2016, puis par l’augmentation des dépenses publiques américaines en 2018, mais maintenant que celles-ci s’estompent, le taux de croissance sous-jacent reste relativement faible. De ce fait, l’économie mondiale est vulnérable aux chocs, comme les tensions commerciales qui menacent les exportations et les dépenses en capital en créant un climat d’incertitude accrue. Bien que Keith Wade soit optimiste par rapport aux signes timidement favorables qui se font jour dans la zone euro, l’Europe n’a pas la capacité d’être un moteur de croissance pour l’économie mondiale.
Insatisfaction politique
Un point positif est que l’emploi se maintient aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Japon. Mais le prix à payer est une faible croissance de la productivité et une faible croissance du revenu réel. Et ces éléments sont à leur tour une source de mécontentement politique.