Les marchés boursiers se heurtent à un plafond de verre et subiront une correction l’année prochaine, prévoit la société boursière Kepler Cheuvreux.
C’est la deuxième fois que la grande banque Belfius et la société boursière Kepler Cheuvreux s’associent pour produire des prévisions pour les marchés actions. En 2017, les deux institutions ont conclu un partenariat qui a permis à la banque d’élargir son offre de services d’equity à sa clientèle corporate. À la fin de l’année dernière, les analystes de Kepler Cheuvreux avaient prévu pour 2019 la disparition des ‘drogues monétaires’, des dettes plus coûteuses, un ralentissement de la croissance des bénéfices et une baisse des cours des actions de 25 à 32 % par rapport à leur pic de 2018. « C’est le contraire qui s’est produit. Malgré l’efficacité déclinante de leur politique monétaire, la BCE et la Fed ont totalement capitulé. Bien que nous assistions à une baisse continue des bénéfices attendus des entreprises, l’absence d’alternatives a entraîné une hausse du cours des actions », explique Hans Pluijgers, responsable Benelux Research chez Kepler Cheuvreux.
Disruption
Kepler Cheuvreux décrit 2020 comme ‘une année de disruption’. La société boursière y voit plusieurs raisons. Pluijgers : « Nous ne croyons pas à une reprise pure et simple de la croissance économique. La crainte d’une récession a peut-être virtuellement disparu, mais c’est totalement injustifié. » Le spécialiste des actions se réfère à la courbe de rendement américaine, indiquant que le taux d’intérêt des obligations d’État américaines à trois mois est tombé en dessous du taux d’intérêt des obligations d’État à dix ans. Dans le passé, cela annonçait invariablement une récession imminente, et Kepler Cheuvreux estime la probabilité d’une récession élevée à partir du deuxième trimestre 2020.
De même, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ne se terminera pas de sitôt. Pluijgers : « Il y aura bien un accord de phase 1, mais son importance est plutôt limitée. Il est peu probable que d’autres accords commerciaux ayant des conséquences de plus grande portée soient conclus. En effet, la Chine tient les États-Unis dans un étau et n’a aucune raison de faire des cadeaux au président Trump pour les élections présidentielles américaines. Les concessions de Trump constituent la seule issue, mais elles ne feront que renforcer la Chine dans sa conviction qu’elle doit se montrer inflexible. »
En outre, bien que la présidente de la BCE, Christine Lagarde, ait mis de nouvelles impulsions budgétaires à l’ordre du jour, la politique monétaire est en train de perdre de son efficacité. M. Pluijgers : « Cependant, la plupart des pays de l’UE ont peu de marge de manœuvre pour stimuler l’économie d’un point de vue budgétaire. »
Correction
Toutes ces forces disruptives renforcent Kepler Cheuvreux dans sa conviction que les cours des actions se heurtent à un plafond de verre. En effet, selon la société boursière, les bénéfices des entreprises ne s’accéléreront pas et les multiples de valorisation dans l’univers des actions sont également épuisés. Le plafond de verre ne sera brisé que lorsqu’une correction sera effectuée, et celle-ci ne se fera pas attendre longtemps. La société boursière voit déjà l’augmentation de la volatilité comme un prélude. « Toutefois, nous ne sommes pas entièrement négatifs pour 2020, car la reprise se manifestera de nouveau vers la fin de l’année.