
Koen Maes est gestionnaire de portefeuille chez FinFactor et ancien CEO de Belfius Asset Management. Pourquoi a-t-il renoncé à son poste de direction quelques mois à peine après sa nomination ? Qu’a-t-il trouvé dans les espaces vides de la Patagonie qui lui manquait dans les salles de réunion de Bruxelles ? Et comment savoir quand il est temps de s’arrêter vraiment ?
Koen Maes a travaillé pendant 32 ans chez Candriam (l’ancien Dexia AM) et Belfius AM. Chez Candriam, il devient membre du conseil d’administration et est responsable de l’allocation d’actifs et des portefeuilles de clients privés. En 2022, on lui propose le poste de CEO de Belfius Asset Management. Il accepte le défi, mais démissionne de son poste la même année.
« J’attendais ça avec impatience. En tant que CEO, je me disais : je vais maintenant pouvoir faire bouger les choses moi-même, notamment en me concentrant sur les clients. Mais j’ai vite compris qu’au sein d’une structure aussi importante, les progrès ne sont pas aussi rapides que je l’espérais. C’est plus difficile de faire bouger les choses que chez Candriam, par exemple. Je ne le dis pas de manière positive ou négative, c’est simplement un constat », dit-il dans notre podcast, enregistré en exclusivité pendant le Portfolio Day d’Investment Officer à Bruxelles.
Le sens de l’impact manquait. « Quand on participe à des réunions avec 10 ou 15 personnes, qui ne servent en fait qu’à préparer une autre réunion… on perd sa motivation. Je viens du monde des marchés. Pour moi, s’il y a trop de réunions, la passion diminue. J’ai alors dit au président du conseil d’administration que je voulais réaliser un projet et que cela devait se faire maintenant. C’était la ligne rouge pour moi. Je voulais voir un impact. Mais quand on m’a dit : « on va le faire, mais plus tard », quelque chose s’est brisé en moi. »
Année sabbatique
M. Maes quitte alors Belfius AM pour se ressourcer. Avec sa compagne, il part en Patagonie. « Ce que j’ai surtout fait là-bas, c’est ralentir. Je n’imaginais pas à quel point on peut ralentir. J’avais l’habitude de me lever à 6 h 30 tous les jours et de commencer rapidement la première réunion. Et ce jusqu’à 19 ou 20 heures le soir. Toujours très discipliné. Et puis soudain : le calme. Le calme véritable. »
Le voyage est lui aussi différent. « L’idée n’était pas de faire le plus de choses possible en deux semaines et demie : nous partions pour plus de quatre semaines de voyage lent. Nous avons suivi un seul chemin – la seule route qui menait vers le sud – à 30 ou 40 kilomètres à l’heure. On s’arrêtait quand on voulait. Marcher, ressentir, regarder. Voyager lentement, revenir à moi, passer du temps avec Inge. J’ai énormément apprécié cela. »
C’est une expérience qu’il recommande à tous. « Je pense qu’un grand nombre de personnes gagneraient à se déconnecter de temps en temps. Faire ce choix et avoir confiance. C’est peut-être plus facile à faire quand on est un peu plus âgé : l’on dispose souvent d’une marge de manœuvre financière un peu plus grande et d’une plus grande confiance en soi. Quand on ne se sent plus à sa place, il faut oser se déconnecter. Prenez le temps de faire une pause. Puis recommencer – avec toute son énergie, en faisant quelque chose qui nous convient vraiment. »
FinFactor
Après son année sabbatique, M. Maes entame un nouveau chapitre. Il devient coach d’investisseurs privés et institutionnels par le biais de son propre cabinet de conseil, gestionnaire de PensioB (le fonds de pension du secteur de la construction) et gestionnaire de portefeuille chez FinFactor, un gestionnaire d’actifs indépendant à Anvers.
« J’ai décidé en toute connaissance de cause de ne plus occuper de poste de management. Je ne veux plus non plus d’un emploi à temps plein. Ce que je fais aujourd’hui, je le fais avec grand plaisir. J’ai aujourd’hui 58 ans et nous allons tous devoir travailler plus longtemps. Si j’étais resté à mon poste précédent, j’aurais compté les jours jusqu’à mon soixantième anniversaire. Ce que je fais maintenant ? Je me vois bien faire ça avec encore autant d’enthousiasme quand j’aurai soixante-dix ans. Je ne fais que ce que j’aime vraiment. Sans compromis. Avec un bon équilibre entre la satisfaction dans mon travail et le temps pour les personnes qui comptent vraiment pour moi. »
🎧 Écoutez l’intégralité du podcast Le Miroir avec Koen Maes (en néerlandais) et découvrez :
- Comment il a acheté ses premières actions à l’âge de 15 ans avec l’argent de son job de vacances
- Ce qui a déclenché son départ en tant que CEO de Belfius Asset Management
- Comment une année sabbatique l’a rendu plus posé et l’a rapproché de lui-même
- Pourquoi il ne veut plus faire de compromis dans son travail
- Comment il remplit son rôle au sein de FinFactor et du fonds de pension, sans responsabilité finale mais avec beaucoup d’impact
- Pourquoi il s’est excusé auprès de ses fils