Les gestionnaires de patrimoine travaillent encore avec de nombreuses banques dépositaires différentes, mais est-ce vraiment nécessaire ? Selon les experts, la banque dépositaire parfaite n’existe pas. De plus, personne ne souhaite dépendre d’un seul acteur.
Lorsqu’on demande à un gestionnaire d’actifs ce que serait la banque dépositaire idéale, les réponses varient grandement. Pour Paul Balk, Managing Partner chez Capitael Vermogensbeheer, la banque dépositaire idéale est avant tout un bon partenaire. « En cas de problème, vous devez pouvoir changer de banque directement et ne pas vous heurter à un message d’absence. Tout commence par un bon service et un bon produit à un prix équitable », déclare-t-il.
Le gestionnaire de patrimoine, en plein essor, collabore avec quatre entités différentes. « Cela tient aux préférences personnelles de nos clients finaux pour certaines banques ou, au contraire, à leur aversion marquée pour d’autres acteurs. En ce sens, la banque dépositaire idéale n’existe pas. »
Investment Officer a reçu un écho similaire chez Today’s Group. Selon le gestionnaire de patrimoine basé à Hilversum, aucune entité ne peut proposer une solution complète. « Chez Interactive Brokers, il n’est pas possible d’acheter un fonds d’investissement et il faut alors se tourner vers Caceis ou Saxo Bank, par exemple, mais le courtier américain est en revanche excellent en termes de gestion des risques », explique Frits Vogel, le directeur. « Chez Caceis, la phase de due diligence est par contre beaucoup plus compliquée et il est impossible de négocier des options. Ce sont parfois de petites différences qui influencent grandement le choix d’une banque dépositaire. »
Selon Paul Balk, les aspects importants pour le client final sont les coûts, l’environnement numérique, le processus d’intégration et le fait que les clients disposent déjà d’un compte auprès d’une banque spécifique.
Paul Balk observe des différences notables entre les différentes institutions dépositaires aux Pays-Bas, notamment en termes de coûts. « Certaines proposent un tarif tout compris, tandis que d’autres facturent une commission de service plus des frais de transaction. »
Pas de banques dépositaires de qualité inférieure
Paul Balk relève également des différences de qualité dans les services fournis par les dépositaires, en particulier chez les institutions qui proposent des services connexes en plus des activités de conservation. Selon lui, aucune banque dépositaire n’offre des services de qualité inférieure. Il constate cependant que plusieurs entités ont réalisé d’importants progrès ces dernières années ; c’est notamment le cas d’ABN Amro. « Sa direction a mentionné que les activités de conservation sont devenues nettement plus importantes ces dernières années. ABN gagne des parts de marché, ce qui se traduit par une équipe élargie au sein du service conservation. Et c’est bénéfique pour la relation clientèle, car les clients sont désormais pris en charge plus rapidement qu’auparavant. »
Pour Paul Balk, « les banques dépositaires aux Pays-Bas sont en réalité assez performantes. »
Pendant un certain temps, les gestionnaires de patrimoine étaient insatisfaits des banques dépositaires. Chez InsingerGilissen, notamment, les gestionnaires étaient confrontés des délais d’attente de plusieurs mois ainsi qu’un échange incessant de questions-réponses lors de l’intégration de nouveaux clients.
Or, Paul Balk, de Capitael, se dit « agréablement surpris » par les processus d’intégration des banques dépositaires. « En tant que gestionnaire de patrimoine, si vous prenez ce processus au sérieux et savez ce que vous devez demander préalablement à votre client, vous pouvez intervenir rapidement grâce aux outils fournis par les banques dépositaires », déclare-t-il. « Les récits qui circulent sur le marché, selon lesquels l’ouverture d’un compte peut parfois prendre des semaines ou des mois, ne correspondent pas à ce que j’observe. »
Il souligne cependant que certains acteurs font désormais partie d’un groupe parent étranger, dont récemment BinckBank et précédemment InsingerGilissen. « Cela influence la perception des clients finaux. Certains trouvent cela moins agréable, parce qu’ils préfèrent détenir un compte auprès d’une banque néerlandaise. »
Redistribution des parts de marché
L’expert de Capitael ne peut s’empêcher de penser que la part de marché des banques dépositaires a beaucoup évolué, en partie à cause de l’arrivée de nouvelles institutions dépositaires, et cite notamment celle de Van Lanschot Kempen il y a quelques années. Lynx propose désormais également des services de conservation et Knox a pu prendre un nouveau départ sous l’égide d’AFS.
« Nous observons que des acteurs comme ABN et Van Lanschot Kempen connaissent une forte croissance, tant par rapport aux autres dépositaires que vis-à-vis de leurs propres activités bancaires ou de gestion de patrimoine. »
Pas une entité unique
Interrogé sur ce que serait pour lui la banque dépositaire idéale, Paul Balk répond : « C’est bien sûr une question à laquelle chacun doit répondre en son âme et conscience, mais pour moi, il ne s’agit pas d’une entité unique. Aucune institution dépositaire ne propose le package complet. Et si vous dépendez d’une seule institution dépositaire et qu’elle décide par la suite de mettre fin à certaines activités, vous vous compliquez inutilement la tâche. Dans ce contexte, nous choisissons délibérément de travailler avec plusieurs partenaires. » Et il ajoute en riant : « C’est peut-être aussi un peu néerlandais, cette aversion au risque ! »