Selon de nombreux observateurs des marchés, Christine Lagarde n’a pas fait forte impression lors de la réunion de la BCE ce jeudi. Les marchés n’étaient absolument pas rassurés. Investment Officer s’est entretenu avec quelques allocateurs d’actifs expérimentés.
Edin Mujagic, économiste en chef chez OHV Asset Management, l’a formulé comme suit : « Lagarde est adéquate en tant que présidente de la BCE car elle a une grande expérience de la communication, même en temps de crise, et sait inciter les politiciens européens à l’action, déclaraient les partisans. Ces derniers jours, elle a montré que ces deux affirmations sont fortement exagérées, pour ne pas dire absurdes. »
Une journée rouge sang s’en est suivie, avec des pertes record pour tous les indices occidentaux. Investment Officer a recueilli les réactions de ces allocateurs d’actifs :
Ethenea
Michael Blümke d’Ethenea :
« Les baisses de cours des deux dernières semaines parlent d’elles-mêmes. Des corrections de plus de 20 % sur les marchés boursiers signifient que le marché passe du mode haussier au mode baissier. Nous pensons que de nouvelles baisses, et donc la transition vers une phase de marché baissier plus longue, sont tout à fait possibles. L’incertitude persistante concernant le coronavirus, mais surtout les mesures déjà prises pour freiner la propagation du COVID-19, ont déjà un impact considérable sur l’économie réelle et risquent de pousser la croissance économique mondiale déjà faible vers une récession. Cela prendra plus qu’un trimestre. Malgré les taux d’intérêt déjà bas, il y aura encore certainement davantage de soutien fiscal et monétaire. Il est encore trop tôt pour quantifier les pertes de revenus et de bénéfices. Toutefois, nous devons nous préparer à des mesures ultérieures, telles que licenciements, réductions de dividendes, mais aussi à une augmentation des défauts de paiement. Nous pensons que les actions vont continuer à baisser. La préservation du capital est depuis le début un élément important de la philosophie d’investissement d’ETHENEA. En conséquence, nous avons réduit le risque de notre portefeuille pour limiter les drawdowns dans l’environnement de marché difficile actuel. »
ING
Steven Vandepitte, de la banque ING : « J’entends un son étrangement creux dans la boîte à outils de la BCE. ‘More of the same’ (TLTRO, assouplissement quantitatif, etc.), sauf qu’elle ne peut plus réduire les taux d’intérêt sans augmenter le tiering pour les banques. La seule banque centrale qui puisse encore faire quelque chose ayant un impact tangible sur les marchés est la Fed, qui sera bientôt contrainte de fixer son taux directeur à 0 %. La bourse n’a évidemment pas été impressionnée ! »
Belfius
Jan Vergote, de la banque Belfius : « C’est un signal aux différents gouvernements : la balle est dans votre camp ! Les budgets fiscaux doivent être proposés de toute urgence. En abaissant les taux d’intérêt, l’octroi de crédits n’augmentera pas. En raison de l’augmentation de 20 à 30 milliards, il sera possible d’acheter un peu plus d’obligations (= limitation du préjudice). »