« Cette période est le momentum par excellence pour investir en Chine », déclare Donald Amstad (photo) de chez Aberdeen Standard Investments. Selon lui, une raison importante à cela est que la Chine a l’ambition d’être complètement neutre en carbone d’ici 2060.
C’est ce qu’a déclaré le responsable des spécialistes de l’investissement lors d’un récent événement consacré aux perspectives de l’économie chinoise après les élections présidentielles américaines.
Si les tensions commerciales entre le président Xi Jinping et le président Trump ont eu un effet positif ces dernières années, c’est la prise de conscience du fait que la forte dépendance à l’égard des importations de pétrole et de semi-conducteurs rend l’économie chinoise vulnérable.
De plus, selon Amstad, la forte dépendance au pétrole est le principal moteur du développement du marché de l’énergie durable et de l’engagement de la Chine à suivre une voie plus verte, ce qui se traduit par des dépenses importantes pour le développement de cette industrie.
À l’heure actuelle, la Chine est déjà le principal acteur du marché en ce qui concerne la production d’équipements pour les batteries, l’énergie éolienne et solaire, ce qui leur offre la possibilité de rendre non seulement leur propre environnement, mais aussi le monde plus verts. Amstad prévoit donc que la Chine deviendra ‘l’Arabie Saoudite des énergies renouvelables’.
Afflux de capitaux étrangers
Selon Amstad, un certain nombre d’autres thèmes auront également un impact positif sur l’économie chinoise dans les années à venir. Tout d’abord, les capitaux étrangers continueront à trouver leur chemin vers les marchés des capitaux chinois. Une évolution qui, selon Amstad, ne fera que se renforcer.
« En raison du problème démographique que pose la diminution de la population active, il faudra affecter de plus en plus d’argent à des solutions en matière de pension, ce qui est intéressant pour les marchés des capitaux chinois, qui étaient jusqu’à présent principalement le domaine des investisseurs de détail. L’argent étranger est plus que bienvenu. Ajoutez à cela le fait que l’expertise chinoise dans le domaine de la valorisation des actifs financiers est encore sous-développée : les Chinois ne savent actuellement pas encore suffisamment comment reconnaître et évaluer la qualité. Toutefois, cet avantage ne durera pas très longtemps. »
En outre, selon Amstad, la crise du Covid-19 a été le point de départ d’un changement dans le regard porté sur les régimes non démocratiques. « Je constate un changement de mentalité : désormais, un gouvernement communiste n’est pas seulement mauvais. Le Covid-19 a été un test pour les gouvernements du monde entier et, jusqu’à présent, les gouvernements démocratiques ne s’en sont pas bien sortis. Contrairement à l’approche de la Chine. Bien que la fermeture hermétique d’une ville semble dramatique, elle s’est avérée efficace. Le reste du pays a été largement épargné par la crise. »
Selon Amstad, cela explique les perspectives de croissance, qui sont toujours bonnes pour l’économie chinoise. Il table sur une croissance des bénéfices de 17 à 19 % en 2021, avant d’ajouter que « la Chine est l’une des économies les plus normales du monde à l’heure actuelle ».
« La croissance chinoise est le moteur de l’économie mondiale »
Sébastien Galy, macro-stratège chez Nordea AM, s’attend également à ce que l’économie mondiale soit dirigée par la Chine l’année prochaine. « La Chine est la lueur d’espoir pour une économie qui continue à se redresser à un rythme soutenu. À mesure que le marché du travail diminue, la consommation devrait également s’améliorer régulièrement. La demande de la Chine soutient déjà la production en Allemagne, et le reste de la région Asie-Pacifique en bénéficiera également. »
À plus long terme, Galy anticipe cependant un risque potentiel : « La Chine est en passe de remplacer d’importantes subventions à l’importation dans des secteurs critiques à un moment où les troubles régionaux s’aggravent. Même si cela constitue un développement majeur au cours des cinq prochaines années, nous restons concentrés sur la reprise économique. »
Pour le plus long terme, la République populaire a récemment présenté son quatorzième plan quinquennal. Le gestionnaire de portefeuille Stephen Chang de chez Pimco conclut que les entreprises technologiques et internet ainsi que les constructeurs de voitures électriques seront les principaux bénéficiaires de ce plan quinquennal, qui constitue un modèle pour le développement économique du pays.
Focalisation sur l’autosuffisance
L’autosuffisance et la durabilité seront également les principaux thèmes du développement de l’économie chinoise à long terme. Selon Chang, l’accent mis par la Chine sur l’indépendance et l’autosuffisance profitera à des secteurs stratégiquement importants tels que la technologie, les infrastructures et les énergies renouvelables. Les secteurs des services tels que l’éducation, la recherche et le développement et les soins de santé pourraient également bénéficier de ces plans, estime-t-il.
L’objectif de la Chine d’être neutre en carbone d’ici 2060 va encore accélérer la croissance de la production, du transport et de la distribution des énergies renouvelables. Les fournisseurs des constructeurs de voitures électriques, tels que les sociétés minières qui fournissent des matières premières pour les batteries, bénéficieront également du nouveau plan quinquennal.
Malgré la focalisation à long terme sur le développement d’énergies renouvelables et la neutralité carbone, Chang s’attend à ce que le secteur énergétique traditionnel continue à jouer un rôle clé. « Comme la Chine est fortement dépendante des importations de pétrole et de gaz, nous prévoyons davantage d’investissements dans les activités et les technologies nationales d’exploration et de développement afin d’améliorer l’autosuffisance. »