Ces dernières semaines, les gestionnaires de patrimoine ont été contraints de diffuser une communication de crise. « On ne peut pas laisser les clients attendre un rapport macro-économique pendant trois semaines », a déclaré Hugo Lasat, CEO de Degroof Petercam Asset Management (DPAM) à Investment Officer.
La vitesse de propagation du coronavirus à travers le monde a également entraîné une onde de choc parmi les marchés financiers. Pourtant, les 350 clients institutionnels et les 300 partenaires de distribution du gestionnaire patrimonial en ont grandement l’habitude.
« Comparés aux clients retail, les acteurs institutionnels ne se laissent pas guider par le moment. Ils ont un autre cadre de référence et peuvent placer les événements dans leur contexte. Les clients institutionnels ont de ce fait moins tendance à constamment changer de vitesse en fonction des fluctuations des marchés financiers. Mais les compagnies d’assurances, wealth offices, fondations ou fonds de pension ont naturellement des objectifs concrets à atteindre et des obligations contractuelles à respecter. De plus, tant le volet belge qu’international de nos activités créent une dimension supplémentaire, ce qui inflige un stress important à l’organisation », explique Hugo Lasat.
70 personnes
Le dirigeant se dit encore plus surpris de la vitesse de réaction des marchés financiers à la crise sanitaire. Hugo Lasat : « Cette crise a surgi sans crier gare et nous a atteints à une vitesse folle. De plus, les événements et les implications ne se limitent pas à une région spécifique ; il s’agit d’une donnée mondiale qui affecte également toutes les classes d’actifs et nous tire quelque peu de notre zone de confort. »
La crise financière de 2007 et 2008 nous a appris qu’une communication rapide est cruciale dans de telles circonstances. Hugo Lasat : « Nous n’avons encore jamais communiqué aussi intensément avec nos client. DPAM travaille avec 160 professionnels, dont plus de 70 internes (collaborateurs commerciaux, gestionnaires de portefeuille et cadres seniors) qui se sont livrés à une communication intense vers les clients, afin qu’ils puissent à leur tour rapporter à leur conseil d’administration, par exemple. Ils ont été soutenus par une équipe marketing performante. »
On a pour cela fait appel aux mailings, appels vidéo, podcasts et autres webinaires. Au cours des trois dernières semaines, les webinaires à eux seuls ont permis au gestionnaire patrimonial de communiquer avec plus de 1000 clients institutionnels et prospects. Un véritable exploit, estime Hugo Lasat. « Il n’est pas évident de continuer à fonctionner en tant qu’organisation tout en maintenant la même qualité quand chacun doit brusquement télé-travailler. Nous avons relevé le défi, et nous le devons assurément aussi au département IT de notre groupe. »
Stratégie d’investissement
Ces dernières semaines, l’évolution rapide de la situation a contraint les gestionnaires de fonds à mettre le turbo. Hugo Lasat : « La crise actuelle est aussi un énorme plaidoyer pour la gestion active. Au cours des dernières semaines, plusieurs changements de tactique ont été opérés dans de nombreux portefeuilles d’investissement mixtes, lorsque c’était contractuellement possible. Les positions dans l’immobilier coté en bourse ont par exemple été légèrement réduites pour augmenter les liquidités au sein des portefeuilles.
La stratégie de sous-pondération en obligations d’entreprises (tant en investment grade qu’en high yield) et de surpondération en obligations souveraines internationales qualitatives s’est avérée optimale pendant la crise. La position en or a été renforcée autant que possible, en supposant que la politique monétaire, qui est devenue moins efficiente, devra soutenir la politique budgétaire durant cette récession. Pour les actions, une légère sous-pondération reste de mise. « Ces différentes mesures nous ont permis de plutôt bien gérer cette crise jusqu’à présent », conclut Hugo Lasat.