La fin du cycle économique approche, mais les fondamentaux du marché sont encore assez solides pour une croissance future, déclare Phil Gronniger, Client Portfolio Manager chez Janus Henderson. « L’époque où la volatilité n’existait tout simplement pas est désormais vraiment révolue. Les investisseurs doivent s’armer pour faire face à des périodes plus difficiles. »
Gronniger se plaît à comparer la situation actuelle de l’économie avec le sport américain le plus populaire, le baseball. Les matchs de la Major League américaine se déroulent généralement en neuf manches. « Sur le plan économique, nous en sommes maintenant à la huitième manche », explique-t-il. « Mais, au cours de la Série mondiale, il peut y avoir jusqu’à 14 manches, ce qui est encore possible compte tenu de la situation actuelle du marché. »
La stratégie multi-actifs globale de la maison s’élève à environ 24 milliards de dollars US, tandis que la version européenne du fonds Janus Henderson Balanced compte plus de 1 milliard d’euros sous gestion. Le fonds a réalisé un rendement annualisé de 5,12 % au cours des trois dernières années. Sur 10 ans, le chiffre était de 7,63 %. Selon Gronniger, les 4 gestionnaires de portefeuille ont réussi à atteindre ce résultat avec environ la moitié de la volatilité par rapport au S&P.
Rendement conservateur
Selon le gestionnaire, la branche actions est plutôt conservatrice avec une approche valeur claire, mais le fonds repose sur une ‘bottom up research’ solide des valeurs fixes au sein de l’univers d’investissement. En d’autres termes, les multinationales prêtes à se réinventer régulièrement.
« La digitalisation divise actuellement l’économie entre ceux qui innovent et aspirent à la disruption et ceux qui cherchent à ajouter la technologie à leur modèle d’affaires actuel. Ces derniers sont le type d’entreprises sur lesquelles se concentre le fonds. En raison des risques moindres, nous croyons davantage en des entreprises bien établies, à même de mettre en œuvre les nouvelles technologies de la bonne façon, plutôt qu’en des start-ups disruptives qui n’ont pas encore consolidé leur succès. »
Le fabricant d’articles de sport Nike, l’avionneur Boeing et la chaîne de restauration rapide Mc Donalds sont des exemples d’entreprises qui utilisent la technologie pour accroître leur efficacité et réaliser ainsi des marges bénéficiaires plus élevées. Il estime en outre que les personnes seront toujours à la recherche d’expériences. Et qu’elles continueront à voyager et à bricoler, estime le manager.
« Quand je bricole chez moi, je veux cette vis ou ce clou maintenant, pas le lendemain. Dans ce cas, les sites Web comme Amazon ne peuvent apporter aucune valeur ajoutée. Mes filles préfèrent toujours monter dans de vraies montagnes russes plutôt que de vivre l’expérience à travers des lunettes de réalité virtuelle. Et Boeing, par exemple, continuera à bénéficier pendant des années encore de la classe moyenne chinoise grandissante qui veut voir le monde, tout en faisant simultanément la transition vers une consommation plus efficace du kérosène grâce à de nouvelles technologies. »
Risques géopolitiques
En période de croissance modérée et d’inflation léthargique, le Client Portfolio Manager est convaincu que les sociétés solides seront en mesure de récompenser adéquatement leurs actionnaires pendant un certain temps encore. Ce qui peut par contre perturber les marchés, ce sont les risques géopolitiques.
« Le passé récent a montré que même les grands événements ont relativement peu d’impact sur les marchés financiers. L’annonce du Brexit et l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en sont de bons exemples. Pourtant, ‘America First’ et le vote ‘leave’ britannique sont des signes d’une plus grande démondialisation, ce qui conduit en fin de compte à une plus grande volatilité. La prudence est donc de mise. »
Gronniger explique pourquoi les gestionnaires de fonds changent progressivement le cap du navire. La part des actions diminuera régulièrement par rapport à celle des obligations, qui représente encore 40 % du portefeuille actuellement.
« Dans le secteur des titres à revenu fixe, nous essayons de nous prémunir contre la volatilité en diversifiant entre les obligations d’État américaines, les prêts hypothécaires émis par l’État, les obligations d’entreprises, les valeurs mobilières et les titres investment grade et à haut rendement. Nous gérons la duration pour préserver le capital et recourons à la sélection individuelle de titres pour générer des opportunités dans la partie à revenu fixe du portefeuille. »