La durabilité est une tendance particulièrement forte en Asie du Sud-Est. Tant sur le plan du développement de la législation que de la mise en œuvre de stratégies d’investissement durable, on se tourne de plus en plus vers l’Europe, leader en la matière.
En effet, les gestionnaires d’actifs européens sont au berceau de l’investissement durable, et la législation européenne récente, autrement dit le règlement Sustainable Finance Disclosure Regulation et la taxonomie européenne, semble consolider cette tendance et cette expertise.
C’est ce qui ressort d’un entretien avec Francis Heymans (photo), managing director de Syncicap, ancien associé chez Petercam et membre du comité de direction, composé de Xinghang Li, Jean-Marie Mercadal, Eric Mimoun et lui-même. DPAM et OFI AM ont créé une joint-venture à Hong Kong, Syncicap Asset Management Hong Kong Ltd. La société a récemment obtenu sa licence complète. DPAM entend établir une expertise de recherche locale destinée à soutenir les gestionnaires de portefeuille de DPAM ainsi que la distribution de l’expertise gérée activement et durable de DPAM et OFI.
« DPAM et OFI AM sont culturellement proches », explique Francis Heymans. « En tant qu’acteurs de niche, ils partagent également des valeurs similaires : ils sont axés sur la gestion active, la durabilité et la recherche. OFI AM détient 66 % et DPAM 34 %. Ce sont également deux entreprises qui n’interfèrent pas. DPAM a une plus longue histoire de distribution et de vente d’expertise à des investisseurs institutionnels en Europe et au-delà. OFI, par contre, gère principalement des mandats institutionnels pour des assureurs et souhaite promouvoir plus activement ses fonds. Les deux entreprises peuvent donc se soutenir mutuellement dans la poursuite de leurs développements. »
Durabilité
Syncicap souhaite avant tout s’adresser aux investisseurs professionnels locaux attachant une grande importance à la durabilité. Selon Heymans, les gestionnaires d’actifs locaux admirent énormément les gestionnaires d’actifs européens, qui sont déjà très avancés dans le domaine de la durabilité. « À Hong Kong et Singapour, une taxonomie de la durabilité, davantage axée sur l’aspect purement écologique et moins sur le bien-être social et la gouvernance, a également été mise en place.
Cependant, cette situation est en train d’évoluer. Nous pouvons nous y positionner sur la base de notre rôle de pionnier en matière de durabilité, qui remonte à 2001. »
Heymans ajoute également qu’en raison d’un manque de données fiables, il n’est actuellement pas facile d’intégrer les différentes taxonomies dans la gestion de portefeuille. Actuellement, on se base en effet sur des fournisseurs de données externes utilisant des modèles d’estimation, car les entreprises européennes ne seront pas soumises aux premières exigences d’information avant l’année prochaine. De même, les taxonomies asiatiques ne sont pas encore soumises à des obligations d’information. La taxonomie européenne reste le précurseur et est toujours considérée comme une des taxonomies les plus strictes du marché. Et c’est précisément pour cette raison que Syncicap tient à distribuer les fonds DPAM UCITS.
Sur la base de cette expertise, Syncicap approchera de grands investisseurs institutionnels tels que fonds publics et fonds de pension ainsi que des assureurs à Hong Kong et, après une analyse plus approfondie, dans d’autres pays de la région Asie-Pacifique. À court terme, l’accent est mis sur la distribution des fonds d’investissement chez les private wealth managers et les family officers. Nombre de ces gestionnaires d’actifs ont en outre des liens étroits avec l’Europe, où DPAM s’est déjà établie avec ses fonds.
« Pour l’avenir, le grand défi pourrait se situer en Chine. Là-bas, vous devez être capable de vous présenter, or instaurer la confiance prend du temps. Ce sera un travail de longue haleine, à moins que nous ne parvenions à conclure un partenariat avec un acteur institutionnel local recherchant notre expertise durable. La Greater Bay Area se trouve à 30 kilomètres de Hong Kong et les développements autour de Wealth Connect semblent prometteurs. »
COVID
En raison de la situation liée à la pandémie, il n’est pas facile de rencontrer des personnes en Asie, où l’accent est davantage mis sur les contacts en présentiel et où les appels vidéo sont peu significatifs. Cependant, le régulateur affiche une attitude de soutien. Ainsi, les managing directors ont eu la possibilité de passer les examens de Responsible Officer à l’étranger. Ceux-ci étaient en effet requis pour l’obtention de la licence auprès de la Securities and Futures Commission.
Activités
L’ambition de DPAM est de mettre en place une équipe d’analystes buy-side expérimentés localement dans les domaines des actions et des titres à revenu fixe. « DPAM veut être plus proche de ces marchés afin d’être crédible en tant que gestionnaire d’actifs pratiquant la gestion active et disposant d’une expertise relative aux marchés asiatiques et, surtout, à la Chine, lesquels prennent de plus en plus d’importance dans les indices mondiaux et donc, dans les portefeuilles des clients. Pour ce faire, DPAM met en place une équipe d’analystes locale afin de soutenir les gestionnaires de fonds en Belgique, qui sont formés à Bruxelles avant d’être transférés à Hong Kong. »
« C’est également une étape importante pour OFI, qui délègue désormais la gestion de ses portefeuilles d’actions chinoises et de ses fonds de marchés émergents à Syncicap afin d’être plus proche des marchés asiatiques. Le troisième volet, le plus difficile, est la distribution de l’expertise d’investissement de DPAM et d’OFI AM. Mais ce sera un travail de longue haleine », conclut Heymans.
À propos de Syncicap
- 15 collaborateurs à Hong Kong
- Les actionnaires de DPAM et OFI AM représentent 137 milliards de dollars d’actifs combinés sous gestion.