La Chine vend massivement des obligations d’État américaines. Le début de la fin pour le dollar ?
Le graphique ci-dessous fait le buzz dans les médias financiers. Jamais la Chine n’avait vendu autant d’obligations d’État américaines qu’au cours du dernier trimestre, et ce, alors que le président en exercice Biden vient d’augmenter de 200 à 400 % les droits de douane sur un certain nombre de biens « stratégiques », dont les voitures électriques.
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Le graphique suivant montre clairement que la Chine a l’intention de s’éloigner du dollar américain et de revenir vers l’or. L’empire du Milieu n’est d’ailleurs pas le seul pays à le faire : la Pologne, la Turquie et la Russie, parmi d’autres, accumulent également de grandes quantités d’or. Veuillez d’ailleurs excuser la qualité de l’image : elle provient directement du site web du FMI, qui ne se préoccupe manifestement pas de la mise en page.
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C’est l’or qui brille
Mais regardez bien les axes : le dollar américain représente encore plus de 30 % des réserves de change chinoises, contre moins de 5 % pour l’or. Si l’on ajoute à cela le fait que la Chine effectue aujourd’hui davantage de transactions dans sa propre monnaie qu’en dollars, ce pourcentage n’est pas si surprenant. De nombreux pays, y compris des pays occidentaux, ne disposent pas vraiment d’un portefeuille de réserves de change bien réparti, et encore moins si l’on tient compte du fait que de nombreuses autres monnaies sont directement ou indirectement liées au dollar.
De plus, si vous souhaitez vraiment diversifier votre portefeuille, vous n’avez en réalité qu’un seul choix : l’or. Non seulement en raison de son histoire en tant que monnaie et réserve, mais aussi simplement en raison de son volume. Après le dernier rebond du métal jaune, la capitalisation boursière de l’or en temps réel est supérieure à 18 milliards de dollars, ce qui en fait la seule classe d’actifs la plus à même de faciliter un rééquilibrage des réserves de change sans trop influencer le marché – et donc le prix. Imaginez que l’on fasse la même chose avec le bitcoin…
Protection
Bien que je sois quasiment certain que le dollar continuera à perdre de sa puissance dans les années à venir, il n’est pas question d’une implosion imminente. Titrer « la chute du dollar » est accrocheur, mais n’oublions pas qu’une partie des ventes d’obligations chinoises s’explique par l’énorme pression sur la monnaie chinoise. La réduction partielle des anticipations de baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale, le malaise persistant sur le marché immobilier chinois et les faibles taux d’intérêt (le taux chinois à 10 ans est inférieur de plus d’un point de pourcentage au taux américain) exercent une pression à la baisse sur le yuan. La vente d’obligations libellées en dollars atténuera cette pression.
Milkshake ?
Et puis il y a ce que l’on appelle communément la « théorie du milkshake ». Pour que la montagne insoutenable de dettes reste « soutenable », il faut injecter de plus en plus de liquidités dans le système. En tant qu’émetteur de la monnaie de réserve mondiale et plus grand et plus profond marché obligataire, le marché américain « aspire » (comme on aspire un milkshake) toutes ces liquidités.
Le dollar devient ainsi « la chemise la plus propre dans le tas de linge sale ». Soyons honnêtes, quelle monnaie choisiriez-vous compte tenu du risque que cette montagne de dettes entraîne des problèmes et que vous deviez vous réfugier quelque part ? L’euro ? Le yuan ? Poser la question, c’est y répondre. Le dollar n’est pas sur le point d’imploser, mais cela ne signifie pas pour autant que vous devez en posséder.
Jeroen Blokland est le fondateur et gérant du Blokland Smart Multi-Asset Fund et de True Insights, une plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Il était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque semaine sur Investment Officer.