Unique, c’est ainsi que le stratège Lukas Daalder de BlackRock qualifie l’augmentation de 5 pour cent que l’on a récemment vue sur les bourses américaines. On ne peut néanmoins savoir s’il s’agit d’une réaction temporaire en vue de la troisième grande correction en dix-neuf ans ou d’un signe d’une amélioration prochaine de la situation. « La grande question est de savoir ce que va faire l’économie américaine. »
Lors du dernier jour de négociation de 2018, les bourses américaines ont, en une seule journée, grimpé de 5 pour cent ; s’est ensuivie, vendredi, une nouvelle augmentation de plus de 3 pour cent.
La hausse du 31 décembre va rester dans les annales, estime Lukas Daalder, Chief Investment Strategist chez BlackRock. Une telle flambée est rare, il le sait. Et si elle se produit, il ne peut pas s’agir d’autre chose que d’un déclin du marché.
« Une journée à plus 5 pour cent qui arrive juste comme ça ? Cela ne se produit jamais. Une journée à moins 5 pour cent, ça, c’est toujours possible. Ce n’est pas une courbe gaussienne, c’est clairement une exception : les grandes journées de hausse sont beaucoup plus rares que les journées de fortes baisses et, en plus, ces journées exceptionnelles ont presque toujours lieu pendant des périodes où le marché a connu une chute relativement importante. »
L’Amérique était dans une telle situation, analyse Daalder en regardant les chiffres. Il compte environ huit jours successifs de perte à Wall Street, exprimée en rendement : -11,3 pour cent. « Une forte correction est alors toujours possible, quoique 5 pour cent restent exceptionnels. C’est arrivé une ou deux fois. » Il avertit cependant qu’il ne s’agit généralement que d’une relance temporaire. « La plupart du temps, cela s’arrête en quelques jours. »
Selon le CIS, la grande question est à présent de savoir ce que va faire l’économie américaine. « Il y a deux mois, tout le monde était persuadé que les choses allaient rester comme elles étaient mais, entre-temps, le marché a commencé à envisager prudemment une première baisse du taux d’intérêt, tandis qu’Apple a émis un avertissement sur résultats, que les chiffres de l’industrie américaine déçoivent et que les administrations publiques y sont fermées depuis dix-sept jours. »
Le stratège de BlackRock lui-même pense qu’une grande partie du sentiment négatif actuel est imputable au government shutdown, aux incertitudes commerciales et à l’économie chinoise. « Imaginons que cette fermeture prenne fin, qu’un accord commercial soit trouvé et que l’économie chinoise, stimulée par le gouvernement, recommence à tourner au bout d’à peu près trois mois ; il me semble alors logique qu’à ce niveau, les bourses atteignent un plancher. Mais ces trois hypothèses ne sont pas prédictibles. Donc, si les choses se passent mal, une récession est tout à fait possible. »
Si les choses en arrivaient à une récession, on peut naturellement se demander jusqu’à quel point les bourses pourraient chuter. Daalder rappelle que la génération actuelle s’est un peu habituée aux énormes corrections d’une cinquantaine de pour cent. « Cela arrive à peu près une fois tous les quinze ans, nous en avons déjà eu deux depuis 2000. Si une troisième suit, le compteur en sera à trois grandes corrections en dix-neuf ans. Mais n’oubliez pas : la correction peut aussi s’en tenir à 25 ou 30 points, et une grande part des corrections s’est déjà produite. Si nous subissons encore 10 pour cent de perte en plus et qu’une reprise suit, cela ne m’empêchera pas de dormir. »