Aïssa Laroussi
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Enky, start-up bruxelloise spécialisée dans la location de mobilier de bureau, souhaite lever jusqu’à 2 millions d’euros par l’émission de nouvelles actions, qu’elle va placer elle‑même sur sa propre plateforme de financement participatif.

 Cet argent servira à financer le lancement d’une nouvelle activité, à savoir la rénovation et la location de meubles de seconde main. Enky souhaite ainsi profiter de la forte sensibilisation à la circularité et la réutilisation de mobilier de bureau. 

Location et financement de mobilier

Actuellement, Enky propose aux entreprises de toute l’Europe d’acheter de nouveaux meubles et de les installer dans leurs bureaux, hôtels ou autres bâtiments par le biais d’une formule d’abonnement : une sorte de leasing de mobilier de bureau, en quelque sorte. Les clients paient pour cela une somme mensuelle et peuvent, au bout d’une certaine durée, décider ou non d’acheter ces meubles, de les rendre ou de prolonger leur contrat.

Parallèlement, le groupe a lancé en avril 2024 une plateforme de financement alternatif sur laquelle des investisseurs particuliers peuvent souscrire à ces contrats (et financer l’achat de mobilier) en vue de bénéficier, pour une période donnée, d’un rendement annuel brut de 6 à 8,5 %.

« Nous avons 1 200 investisseurs qui ont déjà financé, par le biais de prêts, l’achat de meubles pour une valeur d’1 million d’euros, explique Aïssa Laroussi lors d’un entretien avec Investment Officer. Environ un tiers d’entre eux sont français, 10 à 20 % environ sont belges, et les autres sont répartis dans le reste de l’Europe. L’investissement moyen par investisseur et par prêt s’élève à 3000 euros.

« Le succès de ces prêts s’explique par le fait que les investisseurs en comprennent la valeur sous-jacente et voient qu’elle n’est pas corrélée au marché, . Ce modèle permet en outre de limiter nos besoins en capitaux propres car, aussitôt que nous concluons un contrat, nous le vendons sur notre plateforme et recevons l’argent dans la foulée. »

Il ajoute qu’Enky n’est pas une start-up typique qui doit commencer par dépenser des sommes astronomiques avant d’être gagnante. « Nous sommes déjà rentables, car nous sommes une petite équipe et avons en outre mis en place de nombreuses solutions technologiques. » 

Développer un nouveau marché

À présent, cependant, la start-up bruxelloise souhaite développer un nouveau marché : celui des meubles de seconde main pour les bureaux et hôtels. Ce segment de marché connaît actuellement une croissance plus rapide que celui des meubles neufs, et un nombre croissant de clients d’Enky demandent à acheter du mobilier d’occasion. 

« Chaque année, l’Europe produit 11 millions de tonnes de déchets mobiliers, et seuls 3 à 4 % des meubles sont recyclés. Nous souhaitons donc répondre à cette sensibilisation croissante des entreprises à la circularité et au développement durable en prolongeant la durée de vie du mobilier de bureau », poursuit le CEO. Pour 2025, il prévoit déjà de tripler les activités d’Enky, puis d’au moins les doubler chaque année suivante.

S’il tient à développer lui-même ce marché, cela implique de racheter des stocks et de faire les réparations soi-même dans des ateliers à établir en périphérie de quelques grandes villes, comme Paris et Londres. « Si nous voulons devenir leader du marché de la seconde main, nous devons être en mesure de proposer un large stock, directement disponible. Upway fait la même chose avec les vélos électriques d’occasion : elle les rachète, les répare dans ses ateliers et les remet en vente. »

Il présume qu’Enky pourra racheter du mobilier d’occasion à des prix très avantageux. « Lorsqu’une entreprise quitte ses bureaux, la vente des meubles doit généralement se faire rapidement pour ne pas avoir à les garder : le stockage coûte trop cher. Nous escomptons donc pouvoir réaliser d’importantes marges. Nous avons en outre acquis toute l’expérience nécessaire pour acheter les bons meubles. » 

Aïssa Laroussi souhaite également, à terme, ajouter ses meubles de seconde main à la formule d’abonnement existante et proposer ainsi un mélange de meubles neufs et d’occasion. S’il est si convaincu du bien-fondé de son idée, c’est parce qu’il voit partout émerger des systèmes d’abonnements as-a-service, et que cela sera, d’ici quelques années, la chose la plus normale qui soit. 

Financement participatif

Pour développer cette activité et préfinancer l’achat des stocks, le groupe compte lever, à compter du 6 novembre, 1 à 2 millions d’euros auprès de parties intéressées, via sa propre plateforme de financement participatif. La barre est placée plutôt bas pour les investisseurs privés, qui peuvent souscrire aux actions nouvellement émises à partir de 1000 euros. « Nous avons tout ce qu’il nous faut pour organiser les choses nous-mêmes et, pour faire bonne mesure, nous disposons déjà de notre propre réseau d’investisseurs. Par ailleurs, il est devenu assez facile, en Europe, d’avoir recours à l’épargne publique. Plutôt que de lever des fonds d’une manière plus traditionnelle, nous avions aussi envie d’innover à ce niveau. »

Comment compte-t-il assurer la liquidité de ces actions ? « Nous prévoyons d’organiser la liquidité via notre plateforme, lors de certains jours de négociation. L’idée est qu’à chaque fois que nous voudrons lever de nouveaux fonds, ce qui se reproduira dans un avenir proche, nous donnerons d’une part à de nouveaux investisseurs la possibilité d’investir et offrirons d’autre part aux investisseurs existants l’opportunité de vendre. » 

Le CEO voit en outre apparaître de nouvelles plateformes qui, à terme, pourront créer un marché secondaire pour l’action Enky. 
 

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