Vanguard, BlackRock et StateStreet transforment l’industrie de l’investissement passif en oligopole. Le rôle dominant de ces Big Three réduit la concurrence, l’innovation et l’utilisation des indices MSCI et Barclays.
C’est du moins ce qu’écrivent dans un livre blanc Renaud de Planta (photo) et Supriya Menon, respectivement président et multistratège senior de Pictet Asset Management.
Ces “Trois Grands” – Vanguard, BlackRock et StateStreet – totalisent une participation de près de 18 pour cent dans les 100 plus grandes entreprises du S&P 500, contre 7,7 pour cent en 2007, constatent-ils.
Si cette tendance se poursuit, les conséquences risquent d’être graves, si l’on en croit De Planta et Menon : dans sept ans, ces trois acteurs représenteront alors la moitié des voix dans les entreprises du S&P 500.
Or, les fonds indiciels ont précisément tendance à moins bien contrôler les entreprises que les actionnaires actifs, estime-t-on chez Pictet. « L’une des conséquences est l’attribution de salaires trop élevés au top management. Par ailleurs, des entreprises concurrentes se retrouvent de plus en plus souvent entre les mains des mêmes actionnaires, ce qui engendre suivant les chercheurs une réduction de la concurrence et donc des hausses de prix et une baisse des innovations. »
La maison de fonds estime que si la position de force de Vanguard, BlackRock et StateStreet augmente encore, les changements ne se produiront pas qu’au sein des entreprises. Les constructeurs d’indices risquent d’être influencés également.
« Dans un souci d’économie, Vanguard et BlackRock ont déjà remplacé des indices composés par ces éditeurs par leurs propres alternatives. La puissance croissante des Big Three entraînera l’augmentation de leur influence sur les éditeurs d’indices. »