Jamais on n’avait autant communiqué sur l’investissement durable. Pourtant, les investisseurs ne s’y retrouvent pas toujours dans cette énorme quantité d’informations. Même les labels et les scores de durabilité n’apportent pas toujours le soulagement escompté.
C’est ce que révèle l’étude Schroders Global Investor Study 2022.
« Les investisseurs sont inondés de communications concernant les fonds d’investissement durables, mais ne comprennent pas toujours tout ce que cela signifie », déclare Wim Nagler (photo) de Schroders lors d’un entretien avec Investment Officer. « Morningstar a un Sustainability Rating, MSCI et Sustainalytics attribuent chacun des scores, et toutes sortes de nouveaux labels sont venus s’ajouter dans l’intervalle. Les investisseurs ne s’y retrouvent plus, d’autant qu’un fonds qualifié de durable selon un score est parfois jugé tout à fait non durable selon un autre. »
Pourtant, l’intérêt pour les investissements durables ne manque pas, révèle l’enquête de Schroders. Ainsi, 93 % des investisseurs belges interrogés trouvent les fonds tenant compte de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance attrayants. Pourtant, on hésite encore à investir dans des fonds durables. Pour 52 %, cela est dû à un manque de transparence sur l’impact des investissements durables. « Les investisseurs préfèrent nettement les informations concrètes et tangibles. En tant que secteur financier, nous devons certainement y réfléchir. »
« Les labels et les scores de durabilité n’apportent pas toujours plus de clarté », déclare Nagler. « Parfois, il est beaucoup plus clair pour les investisseurs de savoir par exemple que les entreprises du fonds émettent en moyenne 200 tonnes de CO2, alors que le chiffre est de 500 tonnes pour le marché large. C’est tout de suite très concret. Les sociétés de fonds feraient bien de se concentrer sur les paramètres les plus importants et d’en sélectionner quelques-uns qui correspondent à l’univers des investisseurs. »
Les investisseurs belges considèrent d’ailleurs l’impact environnemental comme l’aspect le plus attrayant des fonds durables (48 %), suivi de l’impact social (41 %). Toutefois, la différence de préférence entre ces deux caractéristiques d’impact s’est réduite au cours des trois dernières années. Nagler : « Si la pandémie nous a appris quelque chose, c’est que les entreprises – tout comme les pouvoirs publics - doivent examiner de manière plus approfondie les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance d’une manière durable. Et contrairement à la croyance populaire, notre étude montre que les investisseurs plus âgés sont encore plus susceptibles que les plus jeunes d’aligner leurs investissements sur leurs convictions. »
Connaissances financières
Le baromètre de Schroders montre une fois de plus qu’il y a encore du chemin à parcourir en matière d’éducation financière dans notre pays. « En particulier les investisseurs qui déclarent eux-mêmes avoir une expérience moyenne surestiment leurs propres connaissances », déclare Nagler. Il s’agit d’un phénomène connu dans l’économie comportementale.
Le sondage de Schroders réalisé auprès des investisseurs particuliers demandait d’abord quel était leur niveau de connaissance, puis posait une question concrète sur l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur un portefeuille obligataire. Les investisseurs expérimentés étaient généralement capables de bien l’estimer, tandis que les investisseurs inexpérimentés savaient qu’il y avait une lacune dans leurs connaissances. C’étaient principalement les investisseurs ayant eux-mêmes indiqué avoir une expérience moyenne qui avaient associé la hausse des taux d’intérêt à une bonne nouvelle pour les obligations.
Cela montre d’emblée qu’ils avaient surestimé leur propre capacité de compréhension. « En tant que secteur financier, nous ne devrions donc pas supposer trop rapidement que les investisseurs maîtrisent même les concepts de base absolus de l’investissement.
Cela souligne la nécessité d’une meilleure éducation financière et le rôle que les institutions financières ont à jouer à cet égard », déclare Nagler. En outre, la moitié des investisseurs belges pensent que les sociétés d’investissement devraient être responsables de veiller à ce que les investisseurs disposent de connaissances suffisantes en matière de finances personnelles, et 35 % estiment que cela devrait être la responsabilité des conseillers financiers.
Capital-investissement
Autre constatation frappante : selon l’étude de Schroders, les investisseurs ont désormais davantage confiance dans des investissements qui étaient auparavant considérés comme hors de leur portée. Les actifs privés en sont un exemple particulier. Ainsi, 47 % des investisseurs belges pensent qu’ils devraient avoir accès aussi bien aux capital-investissement qu’aux actifs physiques.