Les spécialistes de Pictet Wealth Management ont présenté les conclusions de leur dernière étude Horizon. Avec une inflation qui va devenir structurellement plus forte, les investisseurs vont devoir se tourner vers les actifs réels en vue de dynamiser leur épargne.
Pictet Wealth Management vient de publier la dixième édition de sa publication Horizon, qui passe en revue les trajectoires économiques des grandes économies ainsi que des classes d’actifs à privilégier dans le cadre de cette analyse. « Nous avons développé depuis quinze ans une méthodologie fondamentale top-down, qui nous permet de dégager des conclusions pour 53 classes d’actifs ainsi qu’une allocation stratégique pour les portefeuilles de nos clients », souligne Christophe Donay (Head of Asset Allocation & Macro Research).
Facteurs structurels
Concernant les grands facteurs stratégiques susceptibles d’impacter les prochaines décennies, Julien Holtz (Emerging Market Stratégist) met en avant le changement climatique, la montée des populismes, les changements démographiques et l’innovation technologique. « Dans cette édition, nous avons surtout voulu pointer le retour des gouvernements au centre de l’actualité économique, qui avait été dominée par les marchés financiers jusqu’à la fin des années 2010 ».
Il souligne qu’il y a désormais un besoin d’une intervention gouvernementale plus massive depuis la grande crise financière et l’épidémie de coronavirus. « Ils doivent aussi corriger les excès du capitalisme, notamment les inégalités dans la distribution des richesses ou les conséquences du changement climatique ». Enfin, un troisième domaine pointé par Julien Holtz est la montée des tensions géopolitiques qui a un impact sur les prix de l’énergie. « La direction d’une intervention publique massive est aujourd’hui claire, et doit être intégrée dans nos projections ».
Retour de l’inflation
Nadia Gharbi (Senior Economist) a ensuite mis en évidence les conséquences de cette analyse sur les attentes économiques pour les prochaines années. Elle souligne qu’il existe désormais trois principales sources d’inflation dans le monde (la fin de la globalisation, la montée en puissance des gouvernements, et le changement climatique) qui vont avoir un effet structurel sur les attentes d’inflation, et qui ne seront pas compensé par l’impact déflationniste de l’innovation technologique et du vieillissement de la population.
« Pour la période allant de 2022 à 2031, nous attendons désormais une inflation de 3% aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et de 2,2% dans la zone euro. La hausse des prix sera plus forte que nos attentes pour la croissance économique dans ces différents blocs économiques (attendue entre 1,5% pour la zone euro et 2% pour les Etats-Unis) ».
La conséquence de ce contexte va être une normalisation graduelle de la politique monétaire, avec des taux directeurs qui resteront inférieurs à l’inflation nominale afin de limiter la pression sur les finances publiques. « Nous attendons une poursuite de la hausse de l’endettement public afin de faire face aux défis qui se posent à nos sociétés (inégalités, changement climatique). Cette hausse de l’endettement sera toutefois une source d’instabilité financière pour le futur », conclut Nadia Gharbi.
Rendements réels
En termes réels, les classes d’actifs monétaires et les emprunts souverains à long terme vont continuer d’avoir des rendements annualisés qui vont être négatifs pour les dix prochaines années. « Si vous investissez sur ces classes d’actifs, vous ne serez probablement pas en mesure de compenser l’érosion provoquée par l’inflation. A l’inverse, la dette d’entreprise (notamment la dette privée), les emprunts émergents, le private equity et les actions seront les classes d’actifs qui devraient permettre de compenser l’impact de l’inflation », indique Jacques Henri (Team Leader – Cross Asset).
Il souligne toutefois que l’évolution des marges bénéficiaires pèsera sur la performance des marchés boursiers durant les prochaines années dans un contexte où les valorisations restent encore élevées, notamment aux Etats-Unis. « Nous attendons un rendement annualisé tournant autour de 6% pour les marchés développés. Cela reste attractif, mais ce niveau est néanmoins inférieur aux performances réalisées ces dernières années (autour de 9% par an) ».
Allocation
Enfin, Christophe Donay a tenu à tirer les conclussions qui s’imposent au niveau des allocations dans les portefeuilles des clients. « Notre conseillons aujourd’hui d’investir 35% sur les marchés boursiers, 35% sur les marchés obligataires, et 30% sur les classes d’actifs alternatives (or, immobilier, dette privée, private equity, hedge funds), en remplacement d’une stratégie 60% actions / 40% obligations qui était auparavant la norme ».
La partie obligataire doit être diversifiée au maximum (15% en obligations corporate / 5% en dette émergente), avec une position en obligations souveraines (15%) qui n’est destinée qu’à protéger la performance du portefeuille contre les mouvements trop extrêmes.
« Les 35% exposés sur les marchés boursiers doivent également être bien diversifiés au niveau global, avec une poche de 10% exposée sur la thématique de l’innovation ».
« Cette nouvelle forme d’allocation stratégique au niveau des portefeuilles devrait permettre de surperformer significativement les allocations classiques », indique encoure Christophe Donay, avec une performance annualisée attendue entre de 5,6% et 6,4% pour les 10 prochaines années contre seulement 4,3% pour une allocation 60/40.