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Pascal Blanqué, président de l’Institut Amundi et ancien directeur des investissements du gestionnaire d’actifs français Amundi, estime que l’élargissement des écarts entre les rendements des obligations d’État de la zone euro risque de devenir une prophétie auto-réalisatrice.

S’adressant aux journalistes lors du 2022 Amundi World Investment Forum à Paris, M. Blanqué (photo : extrême gauche) a déclaré jeudi qu’il craignait que la BCE ne fasse pas ce qu’il faut en matière de gestion des spreads. Les écarts de taux sont considérés comme une vulnérabilité dans la zone euro, car ils reflètent les différences dans la façon dont les États membres gèrent leurs budgets.

L’Italie, dont la dette publique représente environ 150 % du PIB, devrait être en mesure de supporter sa dette publique, a-t-il déclaré, mais il a fait remarquer que ce n’est pas l’avis des investisseurs lorsqu’ils commencent à négocier les écarts de taux. 

La BCE doit convaincre les investisseurs

Ce qui m’inquiète pour l’instant - c’est probablement ma plus grande préoccupation concernant la BCE - c’est que pour convaincre réellement les investisseurs que l’écart de taux restera faible, il faudra faire tout ce qu’il faut, ce qui est une phrase qui a déjà été utilisée par quelqu’un d’autre à la BCE, mais qui est très familière», a-t-il déclaré, faisant référence à la célèbre déclaration de l’ancien président de la BCE Mario Draghi en 2012. 

L’écart de rendement entre les obligations d’État à 10 ans de l’Allemagne et de l’Italie s’est creusé pour dépasser 200 points de base juste avant la réunion de la BCE de jeudi à Amsterdam et s’est encore creusé légèrement après que la BCE a annoncé sa décision sur les taux. Les écarts entre les Bunds et les obligations d’État grecques et espagnoles se sont également creusés ces derniers jours.

L’élargissement des écarts peut être un lourd fardeau pour la coopération au sein de l’Union européenne, car il impose aux pays les plus faibles des charges d’intérêt plus lourdes.

La BCE n’a aucun processus pour intervenir suffisamment sur le marché italien ou espagnol, par exemple. Éviter ces équilibres multiples qui se réalisent d’eux-mêmes sera, j’imagine, une question qui sera sur la table l’année prochaine».

Retard à venir

Olivier Blanchard (photo : extrême droite), économiste français et ancien chef économiste du FMI entre 2008 et 2015, a déclaré qu’il voyait deux scénarios pour l’économie européenne, qui prévoient tous deux un ralentissement.

Le premier scénario est que la BCE doit augmenter les taux d’intérêt, mais je m’attends à ce que la BCE augmente les taux beaucoup moins que la Fed», a-t-il déclaré. Et l’autre est que l’économie s’arrête, ou du moins ralentit sans que la BCE n’ait à intervenir, en raison de la grande incertitude que la guerre en Ukraine fait peser sur la consommation et les investissements. Et puis la perte de revenu réel, qui peut avoir un effet important sur la consommation. Donc, encore une fois, les deux scénarios que je vois en Europe ont tous deux un ralentissement».

Mme Blanchard a déclaré que le défi pour la Réserve fédérale est nettement plus important que celui de la BCE, car le marché du travail en Europe n’est pas aussi surchauffé qu’aux États-Unis.
 
Ce qui est très clair, c’est qu’on ne peut pas ralentir l’inflation aux États-Unis sans ralentir l’économie», a déclaré M. Blanchard. Idéalement, vous voulez ralentir l’économie de sorte que le taux de croissance reste positif, mais inférieur au taux nominal. Et si vous la jouez juste comme il faut, ça marche. Il est très difficile de le jouer juste comme il faut. Nous n’avons pas vraiment une bonne idée de l’efficacité de la politique dans l’environnement actuel».

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