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À l’heure où nous rédigeons cet article, la mère de toutes les actions et de tous les indices, le S&P 500, a perdu plus de 4 % depuis son plafond de début avril. Cela est bien évidemment en partie dû à l’intensification des tensions au Moyen-Orient.

Et cela ne réjouit personne. Toutefois, il y a une autre raison majeure pour laquelle les cours sont sous pression. Les taux d’intérêt se dirigent à nouveau vers les 5%, la « zone interdite ».

Oups !

Après trois rapports d’inflation défavorables, les marchés ont perdu l’espoir de voir la Réserve fédérale américaine abaisser trois fois ses taux. Ajoutez à cela les nombreuses créations d’emplois et les ventes de détail meilleures que prévu, et vous comprendrez que les prévisions de taux à plus de 6 % commencent à se multiplier.

Bien sûr, sur les marchés financiers, il ne faut jamais exclure aucun scénario. Qui aurait pu croire que les prix du pétrole allaient clôturer autour de-38 dollars il y a près de quatre ans ? Pas moi. Mais qui dit taux de 6 % dit irrémédiablement récession. Nous avons eu quelques exemples récents qui suggèrent largement qu’à 5 %, tout commence à aller mal.

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En mars 2023, le taux américain sur 2 ans avait franchi les 5 % pour la première fois. La conséquence directe ? Une crise bancaire régionale, avec, certes, la faillite de cinq banques seulement, mais qui possédaient ensemble une quantité inégalée d’actifs (plus de 500 milliards de dollars). 

Recalée

En septembre 2022, Liz Truss, alors Première ministre britannique, et son ministre des Finances ont une idée « brillante » : ils annoncent réduire la taxation (pour les riches, par ailleurs) sans aucune autre forme de compensation au niveau du budget. Cette réduction d’impôt sans financement adéquat a fait bondir le taux britannique sur 2 ans, à près de 5 %. En fin de compte, la Banque d’Angleterre a dû réagir pour compenser l’amateurisme du gouvernement. Il aura fallu plusieurs solides programmes de rachat (car c’est ce que font aujourd’hui les banques centrales lorsque le taux est trop haut) pour que ce pic soit abandonné. Or, le secteur britannique des pensions et des assurances était déjà à l’agonie, incapable de gérer cette augmentation rapide du taux.

Il y a bien évidemment aussi l’Italie, où le taux est maintenu artificiellement bas depuis de nombreuses années par la BCE. Ce n’est pas un hasard si le taux à 10 ans italien était à 4,98 % en octobre dernier, soit son point le plus haut depuis 2012, lorsque l’Italie a échappé de justesse à une sortie de la zone euro.

Donner le temps

Il y a toutefois un facteur qui, à terme, devrait permettre aux économies de faire bon ménage avec ce taux de 5 % : le temps. Car le temps donne à toutes les parties la possibilité de s’habituer à la nouvelle donne. Mais au vu des gigantesques ratios d’endettement, il y a fort à parier que certaines parties ne tiennent pas le coup. 

On entend souvent dire que les États-Unis, par exemple, paient autant d’intérêt (en pourcentage du PIB) que dans les années 1990.

C’est juste, mais à l’époque, les dépenses pour les soins de santé, les services sociaux et d’autres dépenses obligatoires des autorités n’étaient pas aussi élevées. En outre, le comportement des banques centrales depuis la crise financière montre qu’elles n’ont pas vraiment envie d’être confrontées aux risques systémiques et de faillite. Et dans ce cas, la solution est, comme souvent, une baisse des taux.

Jeroen Blokland est le fondateur et gérant du Blokland Smart Multi-Asset Fund et de  True Insightsune plateforme qui fournit des recherches indépendantes permettant de composer des portefeuilles multi-actifs diversifiés. Il était précédemment Head of multi-assets chez Robeco. Son graphique de la semaine est publié chaque semaine sur Investment Officer.

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