L’émergence des robots-conseillers gomme peu à peu la différence entre gestion discrétionnaire et conseil. Ils présentent un intérêt pour les banques privées traditionnelles proposant un niveau élevé de service.
Pour Ken van Eesbeek, responsable du développement de l’activité chez Gambit Financial Solutions, « les robots-conseillers ne relèvent aujourd’hui en principe pas du conseil, mais de la gestion discrétionnaire. Sur la base d’un questionnaire, ils définissent un profil de risque qui leur sert ensuite à établir un portefeuille standardisé, composé le plus souvent d’ETF. À l’avenir, je pense que les portefeuilles seront plus personnalisés et que le robot remplacera de plus en plus un conseiller en chair et en os. »
Gambit Financial Solutions, dont BNP Paribas Asset Management est actionnaire majoritaire depuis fin 2017, fournit aux banques et gérants de fortune les technologies nécessaires pour mettre en place des robots-conseillers.
Selon Ken van Eesbeek, nous nous dirigeons vers un modèle où le client disposera d’un réel pouvoir de décision : il ne bénéficiera donc que d’un conseil proprement dit. « Prenons par exemple le rééquilibrage d’un portefeuille en raison de certaines évolutions sur le marché. Les clients reçoivent une notification, mais ne peuvent agir eux-mêmes. Nous développons une fonctionnalité leur permettant de valider ces arbitrages. Il s’agira alors de conseil proprement dit. Or, aux termes de la directive Mifid, il devra faire l’objet d’une tarification distincte. »
De telles possibilités de personnalisation renforcent l’attrait des robots-conseillers pour les banques privées et les petits gérants de fortune, qui les utilisent encore très peu. Les principaux clients de Gambit sont en effet les grandes banques belges (Beobank et AXA Bank) et françaises (Groupe BPCE notamment). « Ces établissements utilisent nos technologies pour établir le profil de risque de leurs clients, analyser leur situation financière et leur donner des conseils adaptés sur cette base. »
Commissions de distribution
Les banques paient une licence annuelle à Gambit et en répercutent le coût aux clients. Ils peuvent le faire via une commission de gestion fixe ou via une commission de distribution, un modèle toujours privilégié par les banques belges et suisses. « Beobank, par exemple, ne facture pas directement les clients pour le conseil, mais inclut ces coûts dans les frais courants des fonds. »
Selon Ken van Eesbeek, l’interdiction de la rétrocession, déjà en vigueur aux Pays-Bas devrait en principe être favorable aux robots-conseillers. Car si les commissions de distribution disparaissent, les coûts du conseil devront être facturés directement au client. C’est déjà souvent le cas dans les autres pays d’Europe aujourd’hui. « Cela incitera les gérants de fortune à justifier les frais de conseil, et c’est donc un argument puissant en faveur de la numérisation. »
Gambit Financial Solutions : la science au service de la gestion de patrimoine
Gambit Financial Solutions a été fondé en 2007 par un groupe de scientifiques de l’université de Liège. L’entreprise conçoit des logiciels de gestion du risque et d’optimisation du portefeuille pour les établissements financiers. Depuis 2016, grâce au robot-conseiller Birdee, l’entreprise propose aussi ses services aux particuliers. En décembre 2017 Gambit, qui compte des clients en Belgique, au Luxembourg, en France et en Suisse, a été racheté par BNP Paribas Asset Management, mais garde son siège social à Liège.