Denize (Oddo BHF AM) souligne que les perspectives sont particulièrement troublées pour les prochains mois, avec une inflation qui n’a probablement pas encore atteint son sommet. Des opportunités d’investissement commencent toutefois à se faire jour.
« Nous avons cru à une stabilisation de l’inflation aux Etats-Unis, mais les chiffres les plus récents font encore peser un doute avec une inflation cœur qui continue de grimper fortement aux Etats-Unis », souligne Laurent Denize (Global CIO chez Oddo BHF Asset Management). Dans le même temps, il constate que la croissance est en train de ralentir fortement, avec encore un potentiel d’ajustement à la baisse en raison des politiques monétaires de plus en plus restrictives mises en place en Europe et aux Etats-Unis.
Sous tension
« Pour la Réserve Fédérale, il est aujourd’hui certain que la hausse des taux ne va s’arrêter que lorsque l’inflation aura été domptée, notamment parce qu’une inflation de second tour s’est mise en place au niveau des salaires. Elle espère un atterrissage en douceur, mais j’ai peur que ce soit juste un rêve. Huit fois sur onze, elle a provoqué une récession lorsqu’elle a essayé de casser l’inflation, et nous pensons qu’elle va refaire la même erreur en 2023. Elle a en tout cas clairement fait son choix entre la croissance et l’inflation ».
Pour l’Europe, la Banque Centrale Européenne dispose d’une marge de manœuvre qui va être beaucoup plus étroite si elle entend éviter des problèmes sur la dette des pays périphériques, au premier desquels nous retrouvons l’Italie. Laurent Denize constate que cette incertitude politique et monétaire a provoqué des sorties massives des actions européennes depuis 2021, et que ce mouvement n’est pas prêt de s’inverser en dépit des valorisations attractives qu’il est désormais possible d’observer.
Divergence
« En outre, je pense que les marchés vont encore tester la résolution de la BCE à défendre la zone euro durant les prochains mois. La cohésion entre les pays de la zone euro pourrait être mise à mal, avec des visions qui sont également très divergentes entre les pays exposés aux approvisionnements de gaz russe comme l’Allemagne, et ceux qui y sont moins sensibles comme l’Italie ou la France ».
Dans ce contexte, Laurent Denize estime que les bonnes nouvelles pourraient venir de Chine. La Banque Centrale chinoise possède une marge pour baisser ses taux, et la tenue du Congrès National du Parti Communiste Chinois devrait constituer une opportunité d’annoncer d’importantes mesures de relance dans un contexte où le chômage des jeunes est en train d’exploser vers des niveaux qui pourraient menacer la stabilité du pays.
Allocation
Au niveau de l’allocation d’actifs, cette analyse du contexte macroéconomique se traduit par un allègement des positions sur les actions américaines au profit des actions japonaises et chinoises. « Au vu de l’évolution des flux et du contexte économique, il est encore prématuré de revenir sur les actions européennes ».
Par contre, la baisse des valorisations sur plusieurs segments du marché est aujourd’hui une source d’opportunités. « Les décotes commencent à devenir très importantes sur certains secteurs. Nous avons des fonds value dans notre gamme dont les gestionnaires sont aujourd’hui en train d’acheter des valeurs du luxe ou des titres technologiques au vu des décotes importantes atteintes par les valorisations ».
Il souligne que des opportunités existent également sur des segments comme le luxe, l’énergie ou l’automobile. « Nous sommes également positifs sur les producteurs de matières premières dans le cadre du super-cycle haussier sur certaines matières premières (cuivre, lithium, etc), notamment celles dont la demande devrait être soutenue par la transition énergétique ».
Prudence
Dans l’ensemble, Laurent Denize souligne qu’il est encore prématuré de devenir trop agressif sur les marchés, notamment parce qu’il s’attend à une période de publication des résultats qui va être très difficile pour le deuxième trimestre. « Une fois ce cap passé, les conditions pourraient être davantage réunie pour avoir un rebond plus franc sur les marchés boursiers, si le passage du pic d’inflation se confirme et que des mesures de relance significatives sont annoncées en Chine ».