À moyen terme, la transition verte pourrait encore accroître les risques inflationnistes. La hausse des prix de l’énergie pourrait obliger la BCE à faire davantage pour freiner les augmentations. Les portefeuilles doivent investir davantage dans les actifs réels.
Isabel Schnabel, membre du conseil d’administration de la BCE, a déclaré dans une interview accordée au FT le week-end dernier. Elle a déclaré qu’il existait deux scénarios dans lesquels la BCE pourrait être amenée à ajuster sa politique.
La première est que les prix élevés de l’énergie se répercutent sur d’autres secteurs de l’économie et commencent à affecter le comportement des prix dans ces secteurs. Toutefois, pour l’instant, nous ne voyons pas d’effets de second tour», a-t-elle déclaré.
Dans le second scénario, les prix de l’énergie, fortement influencés par les taxes sur le carbone et la transition verte, pousseraient l’inflation globale au-dessus de l’objectif de 2 %.
Philippe Gijsels (photo), stratège en chef de BNP Paribas Fortis, est d’accord avec les déclarations de M. Schnabel.
L’Allemagne a accepté pendant très longtemps des choses qui sont en fait très peu allemandes : une inflation élevée, un soutien à l’UE et des transferts aux pays d’Europe du Sud pour lutter contre la crise. La grande transition est utile, mais elle s’accompagne d’intérêts contradictoires. Nous évoluons, en quelque sorte, de l’âge de pierre à la modernité. Cependant, à un rythme rapide, vous allez créer des perturbations et provoquer une hausse des prix».
M. Gijsels est convaincu depuis un certain temps que l’inflation restera structurellement plus élevée. L’inflation, dit-il, arrive aussi par vagues de trente à quarante ans. Vous voyez beaucoup d’éléments inflationnistes, comme les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et la politique monétaire et fiscale, mais aussi la démondialisation et les conflits dans le monde. Nous vivons dans l’image miroir du début des années 1980, lorsque le monde s’est ouvert».
Récit environnemental
Le récit environnemental et la transition écologique renforcent ce constat. Gijsels mentionne que cette évolution peut déjà être observée sur les marchés boursiers. Selon lui, les actifs réels restent une bonne couverture tant que les taux d’intérêt réels restent bas. Les actifs réels sont le point d’ancrage de notre allocation et l’étaient avant la crise corona. Le problème est qu’ils sont devenus beaucoup plus chers et vulnérables à une hausse des taux d’intérêt. L’inflation, cependant, fera en sorte que les taux d’intérêt réels restent négatifs.
Les investisseurs étaient «dans un hamac», selon M. Gijsels, mais ils doivent maintenant utiliser un filet de sécurité si les choses tournent mal. La pression sur la Fed est plus forte aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2018. Ils n’ont pas d’autre choix que d’être bellicistes. La volatilité va indéniablement augmenter».