Les critères du label belge Towards Sustainability pour les produits d’investissement durables ont été renforcés pour la première fois. Ils ne sont plus réalisables pour tous les produits qui portaient le label jusqu’à présent.
Créé en 2019 à l’initiative de la fédération sectorielle Febelfin, le label Towards Sustainability a connu une croissance explosive au cours des deux dernières années. Dans l’intervalle, 646 produits, répartis sur près de 100 institutions financières et gestionnaires d’actifs actifs dans une douzaine de pays, arborent le label. « Le label s’est développé bien plus rapidement que nous n’aurions pu le prévoir, ce qui nous a obligés à nous adapter rapidement.
Par conséquent, nous évaluons maintenant activement notre structure afin de déterminer ce qui est nécessaire pour assurer une croissance qualitative et continue », déclare Tom Van den Berghe, Managing Director de la Central Label Agency, l’association sans but lucratif qui gère le label.
« Nous sommes probablement devenus le plus grand label d’Europe pour les fonds d’investissement durables. Cela montre qu’il existe un important besoin d’un label offrant une garantie minimale concernant la durabilité des produits financiers. »
Quels défis voyez-vous encore pour la Central Label Agency, qui analyse les produits financiers et attribue le label ?
« La Central Label Agency doit se transformer en une organisation indépendante multipartite, bien plus qu’elle ne l’est actuellement. Nous aimerions impliquer de manière structurelle encore plus de parties prenantes et de spécialistes externes. C’est également nécessaire car le label couvre un domaine très large. Cela exige une grande connaissance des produits et des marchés financiers, mais aussi de la législation européenne, qui est en constante évolution. Et en même temps, nous voulons aussi explorer les liens avec d’autres labels, afin de faciliter le cross-labelling d’un produit dans différents pays européens. »
Dans quelle mesure les critères minimaux de durabilité ont-ils déjà été renforcés pour le label ?
« Dès le début du label, l’intention était de revoir les critères tous les deux ans afin de placer la barre plus haut pour les produits durables. Nous avons resserré les critères pour la première fois au printemps dernier. Depuis le début de cette année, les nouvelles demandes doivent répondre à ces nouveaux critères, alors que les produits qui avaient déjà reçu le label auparavant ont jusqu’au 30 juin pour y répondre. Nous nous employons déjà activement à évaluer tous les labels existants. »
De nombreux produits risquent-ils de perdre le label à cause du resserrement ?
« Ce n’est certainement pas l’intention. Notre objectif est de créer un mouvement dans lequel les produits évoluent en même temps que le label. La plupart des institutions ont déjà indiqué qu’elles suivraient cette évolution, et nous pouvons nous attendre à ce que leurs produits répondent aux nouveaux critères d’ici l’été. En même temps, nous avons déjà reçu pour certains produits un signal indiquant que le gestionnaire d’actifs abandonne parce qu’il ne veut ou ne peut pas répondre aux critères stricts. Nous n’en verrons pas l’impact exact avant l’été.
Quelles sont les raisons invoquées par les gestionnaires d’actifs pour justifier leur abandon ?
D’une part, il y a généralement des raisons administratives, par exemple parce que les produits ne sont plus distribués ou parce qu’ils ne sont plus commercialisés comme durables. D’autre part, il existe également des raisons liées au contenu. En particulier, les critères stricts qui s’appliquent aux investissements dans les obligations d’État constituent un problème pour certains produits. Par conséquent, un grand nombre de pays émergents sont laissés de côté parce qu’ils ne répondent pas à nos critères minimaux en matière de corruption et de démocratie. Cela peut être un problème tant pour les produits axés sur les marchés émergents que sur les fonds obligataires mondiaux typiques. »
Un label belge a-t-il encore un sens à l’heure où les réglementations européennes évoluent également rapidement ?
« Dès qu’il y aura un label européen au moins aussi ambitieux et large que le nôtre, on pourra effectivement se demander quelle est l’utilité d’un label belge. Mais un label européen de ce type est encore loin de voir le jour. La taxonomie européenne n’est pas un label, même si elle en a parfois l’apparence car elle est à la base des fameux fonds article 8 et article 9.
Le Sustainable Finance Disclosure Regulation (règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité) est un règlement qui impose des exigences de transparence, mais ne dit rien sur la profondeur des allégations de durabilité. Ce sont certainement des questions importantes, mais notre label y ajoute encore de très nombreuses strates différentes, notamment des critères de contenu minimum, un contrôle indépendant et des informations compréhensibles.
Tant qu’il n’y a rien au niveau européen, notre label offre encore certainement une valeur ajoutée, notamment pour l’investisseur privé. Le label Towards Sustainability ne s’adresse pas en premier lieu aux experts, mais se veut un outil utile et compréhensible pour ceux qui recherchent plus de durabilité dans leurs investissements. »